Mac MILLER se fait appeler Easy Mac. L'époque est prête à recevoir de nouvelles pépites dans le monde du hip-hop, quand le jeune natif de Pittsburgh saisit sa chance alors qu'il n'a que 15 piges. Il décide de sortir ses premières rimes dès son époque lycée, en pleine découverte des petits plaisirs qu'offrent la vie avec son compagnon de classe Wiz KHALIFA. A l'époque sans aucun label, il fait cavalier seul, entouré de quelques potes producteurs et rappeurs, pour nous sortir un premier jet.

Cette mixtape, travail d'un môme qui n'a même pas encore l'âge de conduire des voitures, est le fruit rendu d'un petit bout de génie. En effet, But My Mackin' Aint Easy révèle la précocité évidente du rappeur, qui paraît prêt à déverser toutes les vérités du monde malgré sa courte expérience de vie. Le projet est de prouver qu'il possède une grande palette, aussi bien en termes d'écriture que d'interprétation. Sur l'instrumentale très boom-bap proposée par "Barz 4 Dayz", Mac MILLER propose le flow qui va faire son succès, à savoir une attitude lancinante mais maîtrisée sur le bout des doigts, un refrain plus moelleux avec moins d'agressivité pour un rendu équilibré à la perfection. A tel point que son pote Wiz KHALIFA vient le soutenir en fin de morceau, en lui donnant la force dont il a besoin.

Etant dans la recherche d'une véritable identité, Mac MILLER n'hésite pas à poser ses textes sur à peu près n'importe quelle instrumentale qui passe en studio et qui fait mouche à ses oreilles. Pour preuve, le second titre "Come Around" est à milles lieues du premier, beaucoup plus doux et jazzy. Il partage le micro avec B DUBB, rappeur totalement méconnu sur notre continent mais qui a le mérite de placer un excellent texte parlant de l'underground, de la rue. Sur "Take Me To Paradise", notre artiste emprunte la voix de la méconnue Teressa LAGAMBA pour donner de la douceur au morceau qui, même s'il se montre un peu en retrait en termes de production par rapport au reste de la mixtape, n'est pas en reste. Ceci principalement grâce à des paroles pleines de positivisme rêveur qui font plaisir à entendre de la part d'un rappeur ayant tendance à voir le verre plutôt vide que plein.
La facilité avec laquelle il enchaîne les rimes de "Cruisin" sur l'instrumentation jazzy dosée à la perfection prouve que Mac MILLER est voué à un grand avenir. D'accord, c'est un peu facile à annoncer maintenant qu'on a une vue d'ensemble sur sa carrière, mais avouez que l'indécence avec laquelle il balance ses couplets sur ce morceau relève des plus grands. Rendant hommage à sa ville Pittsburgh, il fait également l'éloge de ses consommations douces et de son entrée dans le monde du hip-hop. Le beat sur "Get Mines" est surprenant, aux touches pop, sur lesquelles le rappeur va parler de thunes avant tout et de la manière dont il a décidé de gagner sa vie.

L'excellent "Js on my feet" fait l'éloge des basket Jordan qui, au-delà d'un phénomène de mode longue durée, prouve que les porteurs ont les moyens financiers qui permettent l'achat. Il est donc question de l'aisance dans laquelle Mac MILLER évolue, le morceau est ici à classer dans la catégorie bling-bling et égo-trip que notre rappeur affectionne beaucoup. La production est soignée et signée par le rappeur lui-même. Le thème va être repris sur "My Biography", plus introspectif et mélancolique.
L'ambiance redevient plus joviale avec "Smoke Signals", titre révélateur de la prise de drogue très précoce de notre artiste. Il partage le micro avec John RECORD, qui visiblement est l'un des grands potes de fume de Mac MILLER. La mixtape se termine sur "I'm in love with this bud", titre déroutant pour une mixtape underground, car il assume totalement sa production pop. Quoiqu'il en soit, l'invité Yung BRODY vient donner un couplet lancinant pour laisser la part belle à un Mac MILLER qui, on le ressent, a le sourire aux lèvres en interprétant ce couplet.

Mac MILLER propose ses premières bafouilles via cette mixtape pleine de bonnes idées. Les thèmes varient entre la drogue et le besoin de thunes, mais ce n'est pas étonnant pour un gamin de 15 piges. La maturité viendra avec le temps. Pour ce qui est des productions et des textes, on peut remarquer qu'il est clairement en avance sur son âge. Le meilleur reste à venir.