Le troisième album de Louis CAPART est enregistré dans les mêmes conditions que le précédent, avec un peu plus de musiciens additionnels. La pochette de celui qui a enfin un nom, Patience, est vraiment belle et influe, d'une certaine manière, la couleur de l'album.

Contrairement à Floraison, le cynisme n'a pas trop lieu ici, et si l'artiste ne peut se départir de certaines thématiques favorites souvent entremêlées, comme le temps qui passe et la façon dont on l'aborde, la vie résumée en moins de quatre minutes, entre appréhension du futur et urgence d'y goûter pleinement, c'est dit sans lourdeur ici. Même, le ton est optimiste, comme sur "Hauteurs et tourments" : "...Et pourtant, le temps passe, heureux, tout près de toi..."

Entre la complainte de "Patience", qui retrace le fil de chacun à travers l'existence, et le tendre "Portrait de femme à sa fenêtre", il n'y a qu'une différence : le deuxième est adressé a une femme au sens général, qui a la sensation d'avoir gâché sa vie, mais qui rêve encore de contes de fées, c'est tout ce qui lui reste. Une chanson magique, encore une. De même, "Douze ans déjà" considère l'avancée d'un jeune garçon à l'école, dans la vie...

Une seule chanson contestataire proposée, "Les gens pas fréquentables" (ceux d'en haut, bien sûr), se distingue des efforts précédents en la matière, grâce à une subtilité unique et prouvant combien l'écriture de CAPART s'est affinée en quelques années. Il y en a quand même une autre et qui en dit long, "Dernier cri", vue du regard de l'artiste sur les maisons de disques qui pensent pouvoir lui dicter son orientation musicale, mais dont il parvient à s'affranchir.

Les deux sont excellentes, avec une certaine liberté d'arrangements laissée à Christian Viaud, Laurent Bouillot et Alain Bréheret. On trouve même un effet médiéval aux "Gens pas fréquentables" ! Le son y est chaleureux, intime, contrairement à celui d'"Exil", à la forte réverbération, pas moins personnel toutefois car l'auteur y retrouve la Bretagne, ses souvenirs, le combat d'un peuple pour continuer d'exister.

Puisqu'on est dans les valses folk et le parfum d'un pays hors-normes, tandis que le Louis CAPART des "États d'âme d'un strapontin" fait preuve d'une écriture rythmique passionnante, en partant simplement des regrets d'un homme qui n'a pu convaincre une femme de l'aimer, la musique prend une tournure fort agréable. À la fois chanson d'enfant et de marin, on peut y entendre un bodhrán et un pas très celtique. Vrai petit bijou !

Et puisqu'on parlait d'enfants, Magali, la fille de Christian Viaud, chante les choeurs du dernier morceau, et "L'homme qui te ressemble", autre beau texte optimiste, voit sa légèreté augmentée par la présence de Marcel Azzola à l'accordéon. Entre une meilleure maîtrise de l'écriture, moins acerbe dans un domaine en particulier, un équilibre constant sur toutes les chansons en termes de qualité, de finesse dans les arrangements (guitares et claviers surtout), de beauté dans le chant et les mélodies, même s'il manque un final du niveau de "La Prière du Non-Marin", ce volume 3 est, pour l'heure, mon disque préféré de Louis CAPART.