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Murray HEAD - Pipe Dreams (1995)
Par MARCO STIVELL le 19 Juillet 2015          Consultée 2622 fois

Il est réellement dommage que les années 90 de Murray HEAD ne soient pas mieux reconnues, y compris des amateurs et fidèles. Certes, d'un point de vue créatif, elles sont assez limitées : deux albums seulement, la suite n'étant constituée que d'albums de reprises, réenregistrements... L'artiste reviendra également petit à petit à sa carrière d'acteur, deviendra chanteur intermittent. En réalité, jusqu'à la fin des années 2000, Pipe Dreams sera sa dernière oeuvre exclusivement originale.

HEAD apporte un soin particulier à ce disque. Le livret est superbement illustré, il y a des notes explicatives, une traduction en français pour chaque chanson... On apprécie encore cette pochette aux tons vifs, éloquente avec des enfants de différentes civilisations, européenne, noire, inuit etc, tous en train de siroter des "rêves en toc", traduction littérale de "pipe dreams", même si le mot "chimères" suffit amplement.

Avec un regard observateur du monde socio-politique bien plus marqué que sur Wave (1992), le chanteur affiche en premier lieu sa méfiance à l'égard d'une Communauté Européenne mensongère via Schengen et Maastricht. C'est la trame de la chanson "Only a Pipe Dream", décrivant une ambiance à la 1984 d'Orwell pour les moins favorisés. Par ailleurs, HEAD s'investit beaucoup dans la sauvegarde de cultures anciennes et traditionnelles...

Certaines chansons sont empreintes de cet engagement, remontant le temps avec un souci d'histoire. "When They Found Eldorado" mentionne évidemment l'arrivée des conquistadores en Amérique latine et la disparition des civilisations pré-colombiennes, tandis qu'"Over the Hill" porte un regard sur la fierté écossaise face à l'Angleterre durant des siècles. Il s'agit en quelque sorte d'un disque ouvert au monde autant que personnel, contraste intéressant pour une réalisation singulière.

Pipe Dreams est avant tout le fruit d'une collaboration rapprochée entre Murray HEAD et Ian Maidman, multi-instrumentiste qui l'accompagne depuis 1984 et qui l'avait rejoint pour Wave. Steve Fletcher, autre sommité de ce dernier album, est ici bien plus en retrait, mais sa compagne Jo participe à quelques choeurs. On retrouve également la musicienne Annie Whitehead, pour des choeurs ou alors un trombone rutilant, sur la grande majorité des titres du disque.

La chaleur du son et quelques couleurs "world" font encore la particularité de cet ensemble, tout comme une diversité mieux marquée que jamais (c'est l'exemple le plus probant dans sa carrière). Le choix de Maidman à officier pour la plupart des instruments, y compris la batterie, influe naturellement et particulièrement sur le tempo, lent ou moyen, jamais rapide. Ajoutons cette caractéristique à la longueur de l'album : plus d'une heure et dix minutes.

De quoi compliquer l'accès pour l'auditeur habitué à un certain dynamisme -encore présent sur l'album précédent- et, à défaut de tubes, de l'efficacité. Plus "trad" que jamais, malgré quelques programmations électro-dance sur les excellents "Dancing Flamenco Alone" et "Only a Pipe Dream", le style de Murray HEAD requiert de l'attention et du temps, de l'immersion. Blues, jazz, reggae, instruments pop et effets ethniques cohabitent avec un certain bonheur tout le long.

La refonte de "Who Loves You", standard disco des FOUR SEASONS, lui fait gagner une voix féminine, le groove léger de "Is That All There Is" et "Prison Wall Blues" nous saisissent, de même que le très dense "Shadows of the Truth", ballade désespérée dont HEAD a le secret (quelle voix !). Sans oublier les éléments folk voire celtiques chers à l'artiste sur "Over the Hill", "Sedentary Nomad" et la reprise enchanteresse du traditionnel "Fair and Tender Ladies", avec harpe et cornemuse.

Ces couleurs chaudes et feutrées participent grandement au caractère riche et organique de Pipe Dreams. Au final seuls les titres en français alourdissent quelque peu une réalisation déjà copieuse : "Ca N'était Que Ca", version traduite de "Is That All There Is" ainsi que "India Song", grand classique popularisé par Jeanne Moreau. L'intérêt de l'Anglais pour la langue et la culture française demeure hautement louable et on peut retenir sa jolie version africaine du célèbre poème de Rudyard Kipling.

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   MARCO STIVELL

 
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- Murray Head (chant)
- Ian Maidman (basse, guitares, batterie, claviers, programmation)
- Annie Whitehead (trombone, choeurs)
- Steve Fletcher (piano, choeurs, accordéon sur 3)
- Geoffrey Richardson (alto, guitare slide sur 11)
- Phil Palmer (guitare sur 9)
- Paul Higgs (cornemuse de northumbrian sur 10)
- Mitt Gamon (harmonica sur 7 et 11)
- Jo Fletcher (choeurs)
- Simon Jeffries (choeurs sur 1)
- Phil Saatchi (choeurs sur 1)
- Pinise Saul (chant africain sur 4)
- Caroline Cochaux (choeurs sur 4)


1. Who Loves You
2. Only A Pipe Dream
3. Prison Wall Blues
4. Si Tu Veux être Un Homme
5. Shadows Of The Truth
6. Dancing Flamenco Alone
7. When They Found Eldorado
8. Is That All There Is?
9. Over The Hill
10. Fair And Tender Ladies
11. Hesitation Blues
12. India Song
13. Sedentary Nomad
14. Ca N'était Que ça



             



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