Rendez-vous compte : les STRAY CATS existent depuis plus de quarante ans ! Une longue vie de félin pour sûr ! C'est la signification de ce 40, gageons qu'ils feront de même dans une dizaine d'années ! En tous cas, les espoirs sont là, on est en attente d'une flopée de titres à la bonne humeur communicative, ainsi que des licks et des soli dont le blondinet à le secret. Lee et Slim Jim sont là, armés de leur équipement minimaliste. Vais-je retrouver mes 13 ans à l'écoute de cet album ? Tout le pari est là ! Rappelons sans trop tarder que le plus grand album de Rock'n'roll de tous les temps est à mon avis leur premier né Runaway Boys, une avalanche de rock pour une overdose de plaisir ! Après une carrière solo pleine de hauts, revoilà donc Brian SETZER avec ses acolytes matous, quelle bonne nouvelle !

Nos chats de gouttière ont choisi un single pour précéder la sortie de leur opus. Il s'agit de "Cat fight". Un rock'n'roll rapide très sympa et sans prétentions, très loin d'émuler leurs grands classiques "Rock This Town" ou "Sexy And 17". On n'est pas là pour faire des comparaisons foireuses. Il est évident que ce genre de compositions doit tenir compte de l'âge. A soixante printemps, Brian ne peut plus composer des hymnes d'un tel niveau, cela semble logique. L'insouciance de la jeunesse fait tout ! Mais nous entrons de suite dans le vif du sujet. Bien évidemment, le blondin porte sur ses petites épaules la totalité des compositions.

Car patience ! L'opus contient de futurs classiques ! On est indéniablement moins rock'n'roll, presque americana sur la magnifique "Cry Danger". Il y a aussi un petit côté punky dans cette chanson. On reconnaît la montée en puissance à l'instar de celle de "Runaway Boys" sur le premier album, et c'est toujours aussi magnifique. Que c'est beau l'évolution ! Voyez donc cette ambiance de rock'n'roll moderne sur "I Attract Trouble" ou le matou en chef minaude comme lui seul sait le faire. L'immense guitar hero du rockab n'a rien perdu de son talent, c'est beau et ça transpire la classe. La gratte est juste nucléaire, c'est inespéré ! On sent qu'il a voulu se donner tous les moyens de retrouver l'esprit de ses vingt ans.

Les paroles sont bien dans l'esprit de l'histoire du groupe sur "When Nothing's Going Right", et vous ne serez pas sans remarquer que le petit Lee Rocker, avec son ton désabusé, a remplacé Brian au micro. On savait le contrebassiste excellent chanteur, voila une belle confirmation, cela rend magnifiquement et donne envie de danser. Et souvenez vous : "When nothing's going right... Go left" !! Sur "That's Messed Up", on retrouve une ambiance générale à la cool détendue du gland super chouette, et l'on ne peut qu'applaudir des quatre pattes lorsque vient l'intervention du soliste. Nous avons aussi une petite cavalcade mais oui ! En effet, "Devil Train" emploie tous les grands poncifs des matous pour créer une fusion qui emprunte à tous les genres roots, et cela nous donne un titre d'une originalité sans failles. Pas une seule personne au monde ne sait composer ce genre de choses comme notre Brian SETZER, c'est fort !

On repart sur le rock à la Gene VINCENT avec "Three Time's A Charm" dont les licks de guitare ne peuvent que rappeler les immenses Cliff Gallup et Johnny Meeks des Blue Caps. Et puisqu'on cause six cordes, quel plaisir d'avoir un instrumental à se mettre sous la main ! Brian se la pète un peu Hank Marvin sur le départ de "Desperado" - et non ce n'est pas une reprise de RIHANNA -, c'en est drôle tellement c'est réussi. Les derniers représentants du début des sixties encore en activité ne pourront que confirmer cela. Et je gage qu'il abat le boulot avec sa fameuse gretsch et non une strat. Que dire d'autre si ce n'est que c'est jouissif ? Il faut aussi admettre que le boulot descendu par le Brian des iles sur "Rock It Off" est tout simplement génial que se soit en solo, en rythmique ou sur ses petits coups de pattes si identifiables.

Sinon, du rockab/rock'n'roll à tous les étages ! On rejoint les rives d'un rockabilly plutôt roots qui sonne facile 57 sur "I've Got Love If You Want It", ne serait-ce que pour la distorsion – à la "Ubamgi Stomp" - qui émane de la gratte par instant. On reconnaît les CATS, même si on regrette un peu l'absence des interventions félines de Slim Jim, et qu'il y ait moins de folie dans les morceaux en général. On peut pardonner, difficile d'avoir le même rendement plus de 40 ans après les débuts. On repart sur les chapeaux de roue rockab avec "Mean Pickin' Mama". Bien sûr, c'est plus entendu, plus classique dans la créativité, mais ça reste super cool à écouter, tant le Brian sait y faire. Enfin si on doit parler de riff, écoutez donc "I'll Be Looking Out For You", enfin nanti des backing de Lee et de Slim à la sauce STRAY CATS. Il y a même un petit côté punky roots pour plaire au plus grand nombre !

Bref ! Passé ce petit sprint, on n'a qu'une seule envie : remettre le disque au point de départ. Bien sûr, certains titres sont légèrement en deçà, on n'est plus en 80', mais l'ambiance générale n'en pâtit nullement. Le pari est réussi, il faut l'assumer. Pas la moindre faute de goût dans cette livraison, et plusieurs compos absolument dantesques, tout ça fait avec trois bouts de ficelle et un grand carton ! Il n'y avait pas à s'inquiéter avec ces trois-là. Quel fun tout de même ! Bravo et merci, les chats de gouttière, vous êtes les meilleurs !