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ROCK N'ROLL  |  STUDIO

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- Style : Elvis Presley , Jerry Lee Lewis , Gene Vincent , Eddie Cochran , Buddy Holly , Little Richard, Ricky Nelson
- Membre : Lemmy, Slim Jim & Danny B., Brian Setzer
 

 Brian Setzer Official Website (1837)

STRAY CATS - Stray Cats (runaway Boys) (1981)
Par ERWIN le 1er Mars 2010          Consultée 8419 fois

Le Rock’n’roll est bien mal en point lorsque le jeune Brian Setzer se lance dans l’aventure transatlantique avec ses comparses matous Slim Jim Phantom et Lee Rocker. L’animal peroxydé, armé jusqu’aux dents et détenteur d’un son exceptionnel de guitare, refuse de jouer sur autre chose qu’une Gretsch 56, celle-là même qu’Eddie COCHRAN utilisait, et trimballe de salle en salle ses deux fender twin, les bichonne comme si sa vie en dépendait. Mais sa vie dépend aussi des performances scéniques des jeunes apprentis rockeurs. Devant la furia de leurs concerts, Londres va s’émouvoir et devenir leur patrie d’adoption. Slim Jim, bien qu’ayant réduit sa batterie à la plus simple expression, est un métronome fait homme. Il joue debout et scande chaque refrain avec l’intégralité de son corps, ponctue les phrases de Setzer par des exclamations « miaouw » du meilleur effet. Lee joue à Tarzan avec sa contrebasse, quand il ne l’enlace pas avec effusion, et délivre des backing vocals de grande qualité. Ils sont chanceux, ils croisent le père Noël : Dave Edmunds, un des grands parrains pionniers du son des 70’s, s’amourache de nos chats de gouttière. Il les drive en studio pour ce qui devient le plus grand album de Rockabilly jamais enregistré en dehors des années 50. Brian est une encyclopédie du Rock des 50’s : il ne cesse de faire référence à Elvis, Gene VINCENT, et Eddie COCHRAN lors des interviews qu’il donne et cette culture époustouflante pour un si jeune homme sert de base à leur album éponyme. Dès lors, les obscurs du Rock, les Johnny BURNETTE, Sleepy LABEEF ou Billy LEE RILEY seront aussi les grandes influences de cet album. Mais l’heure est au choix des classiques qu’il faut reprendre pour paraître légitime aux yeux d’une population avide de Rock’n’roll et blasée, voire frustrée, depuis plus de 20 ans.

« Jeannie Jeannie Jeannie » s’impose d’emblée comme le méga-classique qu’elle a fini par devenir après le décès du jeune Eddie COCHRAN en 1960. Setzer en garde le squelette, mais y ajoute une fabuleuse rythmique cristalline, rendant la chanson plus plaisante et plus légère. Le ton devient mordant et frais, le solo est à tomber par terre. Pour les vieux fans de Rock, cette reprise est forcément un must et prouve aux yeux de tous que nous tenons là un prodige. On peut donc écouter le reste. « Double Talkin Baby » est la reprise de Gene VINCENT, la plus belle voix du Rock selon Brian, décédé lui en 73, d’une vie d’excès en tout genres. Elle est conforme, mais améliore encore une fois l’originale : un morceau gai et insouciant, des licks de guitare incessants, et l’approche rigolarde de Brian. « Ubangi Stomp » est une joyeuse comptine où les roots des cats enflent au point d’en paraître exagérés : il y a du Bo DIDLEY, du VINCENT mais aussi du Motown là-dessous, comme nous le constaterons ensuite par la grâce d'un 45T avec « You Can't Hurry Love » en face B. Toutes ces influences sont digérées par le médiator d’une Gretsch et les baguettes de Slim Jim. Précisons que « Ubangi Stomp » figure sur le premier album de Jerry LEE LEWIS de 1958 dans une version rapide et beaucoup moins accrocheuse. Les Cats lui donnent ici une seconde vie infiniment plus flamboyante.
« My One Desire » est la surprenante reprise de Ricky NELSON, un "teenage Idol" bien loin des clichés des mauvais garçons. Avec « Wild Saxophone », c’est cependant la chanson la plus "faiblarde" de l’album, plus statique et moins festive que les autres.
Voilà pour les reprises.

Passons aux choses sérieuses.
Les compos de Brian sont le grand révélateur d’un talent précoce et dont l’insolence n’est pas la moindre qualité. « Rock This Down » va devenir le grand classique, la pierre angulaire des concerts de nos matous préférés : un lick irrésistible de guitare devance une section rythmique plombée, un refrain imparable, un solo d’enfer. Il l’a fait, le diablotin, un classique des 50’s au début des 80’s et le monde entier va craquer sur ce morceau, les jeunes, les vieux, les unijambistes et les révolutionnaires. L’unanimité faite chanson. A écouter 50 fois d’affilée, pour danser, pour rire, pour rêver. L’histoire est déjà belle. Nombreux sont les "one hit wonders" qui se seraient contentés d’un tel morceau, mais le matou blond les pond à une vitesse supersonique, et l’album est bourré jusqu’à la gueule d’une pléiade d’hymnes Rock et love songs uniques en leur genre : « Stray Cat Sut » redéfinit les standards de la chanson d’amour Rockabilly en trois refrains et quelques miaulements et des soli déchirants de sincérité. Les cats enfoncent les classiques. Comment faire mieux qu’en 57-58 ? Seul Brian Setzer a la réponse. En revanche, et c’est peut-être là que les STRAY CATS apportent leur pierre à l’édifice de la musique populaire, le titre éponyme « Runaway Boys » est une nouvelle forme de Rock’n’roll : entraînant, vif, presque shooté aux amphétamines, c’est aussi le cas de « Rumble in Brighton ». Des morceaux Setzeriens dans leur structure, uniques pour du Rock virevoltant, et finalement aux sujets sérieux, comme pour « Storm the Embassy » où le jeune félin s’emballe un poil sur des paroles qu’il regrettera par la suite. Mais là n’est pas le principal. L’intro à la fabuleuse reverb' distorsionnée, la rythmique punky et le solo exceptionnel de cette chanson en font un must absolu du point de vue musical. Puis les paroles, qu’est-ce qu’on en a à péter quand on est amateur de Rock’n’roll ? Absolument rien ma bonne dame, l’essentiel est dans la vibration, dans le cœur, et incontestablement, sur ces chapitres-là, les STRAY CATS sont des vainqueurs !

Comparons un bref instant les grands disques des 50’s et ce skeud à la pochette plus Punk qu’autre chose. Est-on si loin des méga-classiques des premiers ELVIS ou des COCHRAN ? Ah ah ! La réponse n’est pas évidente, mais nous allons ménager la modestie de Brian. Je crois toutefois que Brian aurait été l'un des pionniers du Rock à l’instar de ses glorieux ainés s’il avait vécu 20 ans plus tôt au lieu de naître en 59, un an avant le décès de son idole Eddie COCHRAN. Toujours est-il qu’il a su insuffler un souffle de vie à une musique décédée depuis 20 ans déjà.
Certains pourront stigmatiser le son : 28 ans nous séparent de cet opus. Admettons. Là encore l’essentiel est dans l’esprit, dans la fougue, dans la créativité, et Brian n’est jamais aussi bon que seul avec sa Gretsch, à enchaîner comme des perles les standards du Rock’n’Roll chers à son cœur. Vieille guitare, vieil ampli, vieilles chansons. Ouais, ouais… Tout est vieux mais putain que c’est bon ! Et puis admettons-le aussi, après une décennie des 70’s essentielle au niveau créatif, ainsi qu’au niveau social, un peu de musique légère ne peut qu’être bénéfique à une scène musicale qui se prépare à entrer dans l’ère New-Wave et Dance.

En conclusion, ne passez pas à côté.

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   ERWIN

 
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- Brian Setzer (guitare, chant)
- Lee Rocker (contrebasse)
- Slim Jim Phantom (batterie)
- Gary Barnacle (saxophones)


1. Runnaway Boys
2. Fishnet Stockings
3. Ubangi Stomp
4. Jeanie, Jeanie, Jeanie
5. Storm The Embassy
6. Rock This Down
7. Rumble In Brighton
8. Stray Cat Strut
9. Crawl Up And Die
10. Double Talkin Baby
11. My One Desire
12. Wild Saxophone



             



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