Deuxième album pour Renaud DETRESSAN, un an après le succès de la chanson "On est comme on est", et rempilage au studio CBE, avec sensiblement la même équipe.

L'auteur-compositeur-interprète compte toujours sur son image et son inspiration premières, avec des textes qui parlent directement au sexe féminin et dans lesquels certains hommes sensibles peuvent se retrouver. Cependant, la formule marche moins au sens critique et commercial : un unique single est publié, "Italienne". D'aucuns s'en souviennent encore !...

La chanson est belle, avec une mélodie simple mais prenante, un texte charmeur sur ces femmes qui vivent de l'autre côté des Alpes, les plus belles du monde selon notre cher collègue patron chroniqueur provençal-germano-islandais (Erwin), "difficiles à séduire" selon notre ami Renaud DETRESSAN, débordant de spleen.

Le spleen, par contre, il sait bien le dire ! Une nouvelle fois, la majeure partie des chansons est concernée. "Je t'écris", "Dimanche soir", "Même si je l'aime", "Bien trop belle"... Que ce soit sur un mode country pour cette dernière, slow avec cordes et emphase des refrains ou encore reggae pour les autres, on se laisse à nouveau prendre par une écriture à la fois simple et efficace.

Pour la voix, c'est autre chose... Le timbre geignard et éraillé, souvent "gamin" adopté par DETRESSAN est plus ou moins soutenable selon les moments : sur "Même si je l'aime" par exemple, il est pleinement maîtrisé. Sur "G.I. Stand By" en revanche, morceau de caractère qui se détache par son discours épique et déchirant, centré sur le malheur d'un soldat en guerre, cela devient plus compliqué sur la longueur. Chose marrante, sur le final déjanté de "Y'aura toujours quelqu'un", titre le plus rock de l'ensemble, cela lui permet de sonner comme Axl Rose (de GUNS'N'ROSES) avant l'heure !

Comme on avait fait un parallèle avec le premier album de Jean-Jacques GOLDMAN en 1981, on peut se le permettre ici aussi et entre seconds de 1982, puisque parmi les musiciens, Guy Delacroix et Patrice Tison se font aisément remarquer de nouveau, aux côtés de Guy Matteoni et Emmanuel Roche, déjà présents un an plus tôt. Il y a un autre percussionniste de renom, Marc Chantereau, que GOLDMAN emploie à l'époque.

La musique proposée se partage un peu plus entre le rock années 70 "démodé", comme sur le premier disque, et les sons des années 80, avec des guitares réverbérées et des claviers beaucoup plus présents. Autres points communs avec le deuxième effort de GOLDMAN : le titre rock se trouve placé en avant-dernière position, et le saxophone fait son apparition, pas qu'une seule fois. Alors que Jean-Jacques a tendance à en mettre trop et même quand ce n'est pas utile, Renaud DETRESSAN reste plus mesuré. On reconnaît bien la patte forte d'un Patrick Bourgoin, d'un Michel Gaucher ou d'un Philippe Delacroix-Herpin (alias Prof Pinpin) sur "Italienne", "Même si je l'aime" et le dense "G.I. Stand By". Impossible de savoir vraiment de qui il s'agit car le musicien attitré est absent des credits !

Un bien bon disque. Le blues/honky-tonk de "Série B", la country excellente du "Temps qui passe", le propos symphonique aux claviers de "G.I. Stand By", les choeurs féminins de "Y'aura toujours quelqu'un", les arpèges délicats de "Italienne" et "Dimanche soir" sont autant d'habits taillés avec soin pour la verve et la voix d'un artiste attachant, même si l'on peut toujours trouver à redire !