Atlanta, la grande ville du Sud, a vu naître ce groupe, et soir après soir ils ont écumé les clubs dont le Tabernacle qui doit contenir à peine trois mille personnes. Quinze ans déjà, quinze longues années où le groupe a bâti sa notoriété, jouant avec les plus grands aux USA et en Europe, quinze ans de route, et au bout, tout au bout, un retour dans la salle de leurs débuts pour y jouer, pour y graver un live incendiaire, un de ceux qui marquent profondément les esprits. A l’heure où souvent ce genre d’albums devient un passage obligé, et où n’importe quel abruti se croit obligé de filmer avec un téléphone pourri, qui produit un son minable et une image sautillante, la bande à Charlie opère un retour salutaire aux sources, aux fondamentaux.

C’est le 23 novembre 2018 que le show est enregistré et filmé et, comme une évidence, on s’aperçoit que le groupe a largement dépassé son genre d’origine ce southern-rock où il est bien trop à l’étroit maintenant pour y faire infuser un mélange de country, de pop, de soul, de folk et de gospel. Et puis, le groupe, toujours "tiré" par la forte personnalité de Charlie, fait bloc, même si c’est toujours lui qui écrit la grande majorité du matériel, chante presque toutes les chansons et joue de la guitare solo. C’est le soir de Thanksgiving et ils jouent pour la famille, les copains, les fans qui tous reprennent de bon cœur "Ain't Got The Blues" qui est devenu leur hymne.

Dépassé le southern-rock avec une version de folie de "Sleeping Dogs" de presque un quart d’heure, intégrant carrément le "Come Together" des BEATLES, ou encore, plus étonnant, "Three Little Birds" de Bob MARLEY qui dérive peu à peu vers les grandes envolées électriques de l’ALLMANN BROTHERS BAND, sans parler d’une version qui deviendra à coup sûr légendaire de "Not Fade Away" où ils sont rejoints par Tyler Bryant & the Shakedown dans une ambiance qui ne déparerait pas dans un concert du GRATEFUL DEAD.

Les barrières tombent et c’est tant mieux (qui a encore envie d’entendre en 2020 LYNYRD SKYNYRD resasser ses vieux tubes des seventies à part quelques nostalgiques avec le drapeau confédéré collé sur leur pick-up ?), il est plus que temps de balancer un grand coup de botte dans les vieux clichés pour s’en libérer définitivement et offrir une autre musique, qui sans renier les influences s’ouvre dans des directions multiples. On remarque d’ailleurs que "Space Captain" de Joe COCKER termine le show, comme chez le TEDESCHI TRUCKS BAND, les deux orchestres ayant tourné ensemble cet été aux USA.

BLACKBERRY SMOKE, avec ce live fabuleux, de très loin son meilleur, démontre que cette musique reste vivante, qu’elle trouve toujours une place dans le spectre musical. Ce live est incontestablement un marqueur fort pour le groupe, il restera longtemps dans les mémoires !