Ah le cas BLACKBERRY SMOKE, le fumet de la mure ! Un des rares groupes de southern rock a avoir su reprendre le flambeau des mains des grands anciens sans avoir l’air de s’auto-plagier toute la sainte journée. Et le groupe a du succès mais oui, ils vivent de leur musique, il me souvient d’une soirée très sympa passée en leur compagnie dans une vieille salle toute pourrie de Marseille en compagnie de valeureux warrior du métal locaux, vous vous en souvenez les gars ? Voilà donc le huitième opus des gars de Georgie, avec comme il se doit une jolie foto d’Atlanta en guise de couverture, une Atlanta fantasmée ou les arbres repoussent sur les buildings mais en plus positif que sur The Walking Dead !

"Dig A Hole" sent le houblon et les cigarettes qui font rire a cent lieux a la ronde, on se croirait backstage en compagnie d’Allen Collins et de Ronnie van Zant il y a plus de 47 ans ! On ne quitte pas une gaieté héritée des grand frérots de LYNYRD SKYNYRD sur "Don’t Mind If I Do", le chant de Charlie y est superbe d’aisance. Non mais quel pied de si bien savoir composer ! C’est la super classe, avec une guitare atomique de Charlie. On fait mieux que de se contenter d’émuler ou de marcher sur les traces des grands anciens ! On oscille entre slow et hymne sudiste sur "Hammer And The Nail", on sent l’influence des élèves du professeur Leonard, tout ceci rappelle furieusement "Call Me The breeze" mais nanti d’une évidente identité.

"Like It Was Yesterday" est un hymne joyeux de southern rock, au son assez light proche des seventies et avec une mélodie bien pop et mainstream sur un riff très cool. La voix de Charlie Starr passe toujours aussi bien et son jeu de slide fait merveille. Le son est light en diable, on croirait presque un groupe de pub rock sur "Other Side Of The Light" avec sa belle gratte folk en rythmique. Et comme à l’accoutumée le miracle fonctionne, le refrain vous arrachera des larmes de bonheur. Ce groupe est une vraie bénédiction. Nous avons un joyeux hard rock’n’roll lent avec la chouette "Little Bit Crazy", pour sur on ne refait pas la face du monde de la musique populaire mais que voila une bonne tranche d’éclatade sonique, on peut pas s’empêcher de taper du pied, c’est carrément jouissif, avec des choeurs soul sur la coda, jouissif je vous dis !

Avec la jolie ballade qu’est "Be So Lucky", nous sommes en pleine pop, et c’est fabuleusement efficace, voyez donc ce refrain a se damner ! Certes le son n’a plus rien de hard, mais le sens de l’esthétique est toujours aussi évident, les solos sont croquignolets, parfois simplistes, mais quel coeur, quelle âme ! Même si les grattes ne trompent personne, l’adjonction du hammond lui donne une identité americana , mais avec ce diable de groupe on a l’habitude de fouler toutes les terres de la musique ricaine ! Nous entrons en pleine vibration bluegrass sur la magnifique "Azalea", un mid slow aux instruments traditionnels qui défonce sa race comme BLACKFOOT savait si bien le faire il y a quarante ans sur "Spendin’ Cabage" Quel talent d’ainsi réussir a transmettre une telle sensation avec si peu de son, voila qui n’est pas facile a trouver, absolument adorable ! Pour moi voila le titre de l’album.

Une song sur la vie et les destins liés au sud, c’est "Whatcha Know Good", tout y passe, la pêche, la liberté, les thèmes classiques du genre, il ne manque que les flingues. Et puis et puis, comment ne pas adorer ce riff complètement déjanté, c’est vraiment du top bebop de l’espace ! On repart sur une identité plus country rock sur "Barefooot Angel", une chanson en forme de mid slow crépusculaire. Charlie y est superbe de réalisme, comme il se doit … mais comme il l’est toujours au final. Bien sur les chorus de guitare y sont monumentaux.

Il est tellement facile de se montrer dithyrambique avec un groupe d’une telle qualité. Rien de moyen, que du bon et de l’original, le talent de Charlie Starr et de ses sbires est bien la, intact après toutes ces années, dieu merci, la malédiction du southern rock n’a jamais touché le mignonnet groupe de la mure fumeuse ! On lui souhaite longue vie et de nombreux autres opus de cette qualité ; c’est donc un resplendissant quatre et une chaude recommandation pour tous les amateurs de musique !