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1981 Firefly
1982 Take Two
1984 Transitions
1985 Catwalk
1988 East Of Wes
1990 This Is Me
 

- Style + Membre : Coryell & Remler

Emily REMLER - Firefly (1981)
Par ERWIN le 13 Décembre 2019          Consultée 1754 fois

Les destins tragiques, vous connaissez ? Achille devant Troie, Saint Just devant la convention ou Jean Moulin devant ses bourreaux... Pas vraiment marrant, je vous l'accorde. Mais quelle gloire à la simple mention de ces patronymes légendaires ! Alors certes, en musique, nous avons le mythique club des 27 dont sont scandaleusement exclus tous les destins sacrifiés hors ce chiffre magique. Il est aujourd'hui temps de raconter l'un de ces destins, celui d'une jeune femme au talent étincelant, guitariste de son état, qui dut s'imposer à force de volonté dans le milieu le plus machiste qui soit, celui des instrumentistes de jazz.

Emily REMLER est née en 57 à New York, dans une famille ouverte et sympa avec un frère musicien. Elle "emprunte" sa ES330 et pratique très vite à son tour et intègre la prestigieuse Berklee school of music où elle se nourrit du son de Wes MONTGOMERY et des grands jazzmen. Puis s'installe dans la "Big Easy" New-Orleans avec son boyfriend guitariste Steve Masakowski. Pendant des années, c'est gig sur gig et progression constante de son jeu. Mais les hommes, collègues comme spectateurs, la regardent tous avec suspicion avant et pendant les shows. "Il fallait que je sois deux fois meilleure que les hommes" dit-elle alors. Complexée mais déterminée, la jeune femme ne s'en laisse pas compter et impressionne l'immense Herb ELLIS alors que ce dernier lui propose de lui jouer "quelque chose" lors de leur première rencontre !

Cette rencontre essentielle lui ouvre les portes de ses premiers grands concerts dont le "guitar explosion" à Los Angeles avec ELLIS, et nous la retrouvons un an plus tard installée à New York. L'aventure débute pour de bon, elle est signée par Concord et met en place autour d'elle un quartet ne comportant que des pointures illustrissimes du jazz : le pianiste Hank Jones(Ella FITZGERALD, Benny GOODMAN, Wes MONTGOMMERY ? Scusez du peu) de près de quarante ans son aîné – on parle du mec qui tenait le piano lors du "happy Bday" de Marylin MONROE au président Kennedy -, et la section rythmique d'une solidité à toute épreuve avec Jake Hanna et Bob Maize. Ceci nous mène a son premier né, ce Firefly.

Elle se fait tout d'abord smoothy sur le "Strollin" d'Horace SILVER, le son typique de la gibson claque avec une belle insolence malgré ses seulement 24 printemps. Un premier contact où on la voit partager les solo avec Mister Jones, mais la belle ne s'en laisse pas compter par les vieux briscards et s'impose malgré tout avec une belle maestria. Elle sonne en outre déjà un peu Bossa, ce qui se confirme juste ensuite avec la reprise de Tom JOBIM "Look At The Sky", loin d'être un standard alors que la jeune fille a déjà accompagné Astrud GILBERTO. Elle y est magnifique d'aisance et impose sa griffe féminine si originale. Toucher velouté et précision des notes sont déjà ses grands trademarks. En parlant de toucher, la voici aux prises avec son maître à penser sur une version endiablée du "Movin Along" de Wes MONTGOMERY, dont elle n'a pas à rougir la moindre seconde. Comme elle aimait à le dire, elle est bien "un vieux jazzman prisonnier dans le corps d'une jeune juive de 20 ans ! ". Presque enthousiasmante, elle émule l'immense classique et le fait sien avec une rare aisance, Hank donnant aussi son coup de patte magique pour pousser Emily dans ses retranchements.

La courte "A Taste Of Honey" permet à tout un chacun de l'admirer sur des atours plus pop, toujours avec la même classe, elle y est très "clean" - tout l'inverse de sa vie personnelle qui la voit abuser des substances les plus dangereuses et d'une "Night life" plus qu'extrème. Elle est très volubile mais laisse à nouveau beaucoup de place à Hank Jones sur le plus convenu "Inception" de MCCOY. C'est toutefois sur le "In A Sentimental Mood" de Duke ELLIGTON qu'Emily impose sa marque avec le talent le plus absolu. On plonge dans un rêve en quête d'absolu avec cette merveilleuse version. La Gibson virevolte, papillonne mais jamais ne s'égare, et toujours ce son si chaud, si entier, à la fois clair et plein, magnifique de maturité.

Elle inclut tout de même deux compositions originales sur ce premier opus à la gloire de ses premières amours : sur "Perk's Blues", elle monte et descend les gammes dans un esprit Hard bop avec l'expérience d'un requin de soixante ans. Les années de galère en club sont loin derrière elle, même si les hommes continuent de douter de ses capacités. Enfin, l'éponyme "Firefly" lui permet de laisser libre court à sa technique déjà exemplaire. On la sent sevrée de l'influence d'HELLIS et de KESSEL sur ce titre où, telle une possédée, elle se livre sans retenue et gagne là encore le respect de ses pairs, de quelques-uns en tout cas ! A l'image du reste de ce premier opus, on sent le quartette très soudé autour de sa jeune leader et les vieux jazzmen s'éclatent en sa compagnie comme ils le firent avec les plus grands noms !

Un premier album d'une grande richesse, même s'il est un peu court. Le son si chaud aisément identifiable de la jeune femme et la richesse de ses influences, la candeur de son personnage en font déjà un ovni dans la scène jazz de ce début de décennie. J'en veux pour preuve cette photo de couverture où on voit la toute jeune Emily, guitare en main, une expression presque résignée sur son visage fermé, comme si elle avait déjà conscience de son funeste destin. A découvrir absolument, pour les amateurs de guitare... Et à ceux qui n'ont pas peur de voir une femme faire la nique aux hommes dans un domaine qui leur est quasi réservé. Un 4 admiratif !

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- Emily Remler (guitare)
- Hank Jones (piano)
- Bob Maize (basse)
- Jake Hanna (batterie)


1. Strollin
2. Look To The Sky
3. Perk's Blues
4. The Firefly
5. Movin' Along
6. A Taste Of Honey
7. Inception
8. In A Sentimental Mood



             



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