Cette troupe de joyeux lurons au nom étrange voit le jour suite à diverses réunions musicales regroupant des musiciens californiens au registre parfois différent. D’un coté on retrouve certains membres du DEAD (Jerry Garcia, Mickey Hart), de l’autre de jeunes loups issus du New Delhi River Band, un groupe fondé dès 1966 à Palo Alto comptant David Nelson et Dave Torbert. Si ces derniers n’ont jamais enregistré, ils connaissent un certain succès uniquement sur leur territoire de la South Bay.

Si les membres de GRATEFUL DEAD sont devenus des spécialistes des "acid test" et qu’ils sont à ranger dans ce qu’on nomme communément le mouvement hippie et le Summer of Love, ces jeunes gars aux cheveux longs aiment bien tâter de temps à autre la Country. En 1970, si le DEAD peut se targuer d’être passé au Festival de Woodstock et d’avoir gagné haut la main ses galons de groupe star, la formation est victime de dissensions artistiques et financières. Depuis l’arrêt de New Delhi River Band, David Nelson a servi de grouillot à BIG BROTHER & HOLDING COMPANY, le jeune gars a également participé à la session de disque de Aoxomoxoa par le biais de son pote Jerry Garcia.

A la fin des sixties, un nouveau mouvement fait son apparition dans le monde de la musique. Lassé par les errances de la Pop Music US et la main mise de Music City (Nashville) dans l’industrie Country, le Country Rock californien se développe avec les percées des BYRDS et du Submarine Band de Gram Parsons avec l’album Safe At Home qui ne connaîtra étrangement aucun succès mais allait contribuer néanmoins à lancer la tendance. En moins de deux ans, des groupes de Country Rock vont commencer à se faire un nom : COMMANDER CODY, POCO, PURE PRAIRIE LEAGUE, les Flyin’ Burrito Brothers, BUFFALO SPRINGFIELD, The Great Speckled Bird, le NITTY GRITTY DIRT BAND jusqu'au STONE CANYON BAND de Ricky NELSON.

En 1971, NEW RIDERS OF THE PURPLE SAGE attire l’attention de la Columbia. Si la formation est parfois considérée comme une annexe des Dead, la firme croit au talent de ce nouveau venu. Le succès des deux derniers disques de GRATEFUL DEAD plus orientés sur la Country se révèle un bon argument. Dans l’esprit des dirigeants de la Columbia, il n’y a plus qu’à baisser la manette de la machine à sous pour que trois beaux billets verts s’alignent côte à côte pour un éventuel jackpot. Très rapidement les membres du DEAD qui jouaient au sein du groupe ne peuvent plus assumer leurs doubles casquettes, n’ayant pas le don d’ubiquité. Seul Jerry Garcia va participer au premier disque. Le groupe, au nom étrange emprunté à un bouquin d’aventure de Zane Grey, voit l’arrivée de Spencer Dryden, l’ancien batteur de JEFFERSON AIRPLANE était sans groupe depuis février 70.

Enregistré au Wally Heider Recording, un studio d’enregistrement de San Francisco qui a vu défiler JEFFERSON AIRPLANE, QUICKSILVER MESSENGER SERVICE, CREEDENCE, Harry NILSSON, ce premier album éponyme est constitué de dix compositions de John Dawson. Si le sigle NRPS apparait déjà sur la pochette, le cactus oriente quelque peu l’auditeur sur le contenu, il ne manque qu’un cheval ou la dépouille d’une vache pourrissant sur un sol caillouteux pour diriger l’amateur au plus profond du territoire Country.

En ouverture "I Don’t Know You" nous met dans le bain. Le titre combine folk, country sans la moindre once de Psyché, l’accent étant placé sur l’acoustique et la ballade. Même topo pour "Whatcha Gonna Do" dont les paroles se révèlent plus existentielles et une guitare qui donne de légères touches Psyché. "Garden Of Eden" se situe en plein Southern Rock avec des effluves légèrement acidulées comme tout parfum Psy qui se respecte. Les ballades se partagent une grosse part du gâteau. Outre les deux premières pistes on retrouve "Portland Woman". "Dirty Business" se place résolument dans le cadre de la ballade Psyché avec une bonne dualité entre la pedal steel de Garcia et la guitare de Nelson. Le morceau long de presque 8 minutes aurait mérité d’être raccourci. Sur "All I Ever Wanted" on gomme les effets Acid Country qu’on remplace par des ingrédients Folk. Rien de bien renversant. Si vous aimez la pedal steel, "Last Lonely Eagle" devrait vous convenir. "Henry" vient booster l’ensemble avec une déclinaison entre quadrille et Country Rock, tandis que "Glendale Train" s’identifie comme un shuffle, le rythme prenant l’allure d’une vieille loco. Le disque s’achève sur "Louisiana Lady", un Country Rock gorgé du soleil de Californie et non de Louisiane pour un morceau revigorant.

Il manque peut-être une reprise ou une mélodie accrocheuse à ce premier disque. De plus, John "Marmaduke" Dawson n’est pas un chanteur à voix et bien que les textes sortent de l’ordinaire par rapport aux fadaises de Nashville, certains titres évoquent plus la mélancolie qu’une partie de rodéo. Un premier disque encourageant mais qui est encore loin de valoir un bon DEAD !

Cette chronique provient de l’écoute du pressage anglais. En 1975, Columbia Hollande a réédité le disque avec une pochette totalement différente. En 2003, Columbia a publié sous format CD une nouvelle édition avec trois titres bonus issus d’un Live. Note réelle entre 2 et 3.