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- Membre : Leningrad, Leonid Fiodorov

AUKTYON - Metchty (2020)
Par SASKATCHEWAN le 4 Août 2020          Consultée 902 fois

Il est arrivé comme ça, sans trop prévenir, comme révélé par la fonte des neiges. On l’a vu flotter un instant dans le caniveau de Saint-Petersbourg, insensible aux miasmes dont l’air était chargé en ce printemps 2020. Quelqu'un la ramassé. Il s’est dit : "Tiens ! Un nouvel album d’AUKTYON !". Les gens ont été un peu surpris. Personne ne l’attendait, la table n’était pas mise, les chachlyki tout juste au stade de la marinade, la platine vinyle encore en prêt chez Kostia (Kostia, rends-moi ma platine, espèce de brodskiste déviant). Même pas le droit de lui faire la bise, vous comprenez, avec tout ce qui traîne. Heureusement tout s’est arrangé grâce à l’Internet (c’est un ami, vous devez le connaître). Ils (je veux dire AUKTYON) ont mis leur nouvel album en ligne ; ils l’ont appelé Metchty, ce qui veut dire "rêves*1" en russe.

Je veux bien. Avec d’autres, je me serais méfié. Mais c’est AUKTYON, le plus grand groupe de rock russe, qui ne fait pas tellement du rock d’ailleurs, en tout cas pas dans le sens où on l’entend ici, dans l’hexagone des Lumières et du fromage romantique. Alors ils ont le droit d’enregistrer un album en trois coups de cuillères à pot en 2019 et de lâcher ça impromptus après l’hiver, je leur fais confiance. Il se sont forcés à revenir à la chanson.

[Victor HUGO, écrivain français (en fronçant les sourcils) : Vous allez laisser cette phrase comme ça : "Il se sont forcés à revenir à" ? Vous n’avez pas l’impression de me cracher au visage et de rouler ma dépouille panthéonesque dans la fange de votre français abâtardi par la lecture irréfléchie de la presse musicale technoïde ? SASKATCHEWAN, numismate : Ah bon ?! Et c’est qui qu’y a mis un bonnet rouge au dico, vieux sac à malices?]

Veuillez m’excuser pour cette interruption, il aurait déjà dû être parti, la campagne est déjà en train de blanchir. Il va falloir rattraper AUKTYON, qui surfe en toute innocence sur "Doganiaïa volny" ("En rattrapant les vagues"), un rock enlevé soutenu par une batterie d’une exquise finesse. Ecoutez la batterie sur cet album, mais aussi la basse. Grosse section rythmique. Fantastisch ! Chaveïnikov et Bondarik se sont surpassés : la basse sautillante sur "Metchty", la batterie toute en délicatesse de "Spassatelny Kroug" ("La bouée de sauvetage") : c’est eux ! Les cuivres en revanche, sont beaucoup plus discrets.

Il y a de belles chansons sur Mechty. Juste de belles chansons. "Ticha", par exemple, tranquille avec son synthé solennel et ses paroles hallucinées. Ou bien encore la pop solaire de "Kanikouly" ("Les vacances"), auquel je prédis un beau succès en concert. Et puis il y a des chansons trop longues. En règle générale, AUKTYON, plus c’est long, mieux c’est. Mais sur cet album en particulier, il y a des ponts instrumentaux que l’on aurait bien raccourcis d’une minute ou deux (sur "Mechta" surtout, mais aussi sur "Serdtse" et "Otchen belye glaza"). Il fallait oser le dépouillement, jusqu'au bout.

C’est pour ça que "Volny te" a du mal à passer. Plus de dix minutes de rock expérimental incantatoire ponctué d’éruptions bruitistes, oui, pourquoi pas, mais pas à la fin de cet album-là. C’est pourtant un plaisir de retrouver la contrebasse en folie de Volkov. Las, on finit par zapper systématiquement, au bénéfice de compositions plus ramassées comme "Zatais i jdi".

C’est de leur faute, ils nous ont gâtés. Alors un bon album comme "Metchty" semble « juste » un bon album. Il y a mieux dans leur discographie. Mais rien que pour des chansons comme "Doganiaïa volny", "Ticha" "Zatais i jdi" et surtout "Kanikouly", ce millésime 2020 mérite bien que l’on s’y enivre. Ne vous y trompez pas, ça reste de la belle musique qui pousse à flanc de coteau, caressée par les mains amoureuses d’instrumentistes talentueux. Un peu râpeuse, certes.


*1 Digression lexicale : il y a deux façons de dire "rêve" en russe. "Son" désigné le rêve que l’on fait dans son sommeil, d’ailleurs le deuxième sens de ce mot est "sommeil", comme si les deux concepts étaient inséparables. "Metchta", en revanche, désigne le rêve que l’on fait éveillé, en toute conscience, par exemple de voir le Stade rennais remporter le championnat de France, ce qui dans la langue russe, n’est absolument pas la même chose que ces drôles de fantaisies que votre cerveau produit quand il est au repos. J’ai toujours trouvé cette distinction fascinante.

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- Boris Chaveïnikov (batterie, percussions)
- Viktor Bondarik (basse)
- Iouri Parfionov (trompette)
- Nikolaï Roubanov (saxophone)
- Mikhaïl Kolovski (trompette)
- Dimitri Ozerski (claviers)
- Vladimir Volkov (contrebasse)
- Leonid Fiodorov (guitare, chant)
- Oleg Garkoucha (rêveries)


1. Dogoniaïa Volny
2. Serdtse
3. Metchty
4. Otchen Belye Glaza
5. Spasatelny Kroug
6. Zatais I Jdi
7. Kanikouly
8. Ticha
9. Volny Te



             



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