Nous sommes immédiatement pris à la gorge par cette pochette remarquable, complètement immanquable pour peu que les Amérindiens ne vous soient pas désagréables. Cette image en noir et blanc a aussi le mérite de positionner définitivement le groupe anglais comme un défenseur de la cause des natifs américains. Ian Astbury y revient un album sur deux ou presque. Logiquement, vu le sujet, les sessions d’enregistrement sous la houlette de Bob Rock se déroulent en Californie et même dans le désert la jouxtant. Lâché par Roadrunner, le CULT se retrouve avec un label indépendant Cooking Vinyl. Nous en sommes au neuvième album des Anglais.

D’emblée, les diverses incarnations du CULT nous frappent violemment à la tronche : les harmonies vocales sont belles, Ian tient son monde, et la mélodie est plus pop tu meurs avec un son très métallisé mais un esprit toujours aussi proche de l’alternatif, parfois du glam. "Honey From a Knife" déchire fort bien et avec beaucoup d’originalité embraye cette livraison. La très Rock’n’roll "For The Animals" oscille entre Punk et Hard. Toujours est-il que la piano nous pond une rythmique à la Jerry Lee LEWIS alors que le refrain pop vient mettre tout le monde d’accord, avec une gratte quasi nucléaire que Billy branche sur la wah-wah pour un solo incendiaire.

On replonge aussi dans les ambiances chères à Billy Duffy, immédiatement identifiable par ses arpèges de guitare toujours simples mais aussi diablement judicieux et efficaces. "Elemental Light" pourrait sortir des sessions de Sonic Temple, les digressions soniques nous happent rapidement pour ne plus nous làcher. Il y a longtemps que nous n’avions entendu le groupe à ce niveau. "Amensia" qui retrouve certains gimmicks du passé n’en sonne pas moins très sympa, avec une gratte toujours aussi intenable. La guitare est limpide sur "Wilderness Now", le titre est quasi dronesque, mais nanti d’un refrain de haute volée, la vibe est cristalline, on aime.

Alors bien sûr, le sujet des chansons tourne souvent autour de la culture amérindienne chère à Ian, responsable des paroles. "The Wolf" propose une guitare intenable qui jongle entre ses diverses identités et qui sur le bridge en devient carrément angoissante. De la fort belle ouvrage qui honore ses créateurs.
Personne au final ne sonne comme The CULT. Une fois les influences digérées, et dieu seul sait si elles le sont, il ne reste plus que le talent du duo infernal. Des couplets statiques où Ian s’impose avec puissance, "Pale Horse" débouche sur un refrain de belle tenue, pas un instant de tranquillité sur cet opus ! "This Night In The City Forever" s’annonce comme un titre crépusculaire sur la destinée des nations natives, comme c’est souvent le cas lorsqu’on traite de la culture amérindienne. Le lick de gratte répétitif et hypnotique soutient sans cesse la mélodie. Verdict : on a envie de la réécouter avidement.

On remarque le piano et la basse très belle de Chris Wyse sur la lancinante "LifeDeath", qui se présente comme un morceau digne des plus grandes heures de David BOWIE, la créativité à son zénith pour Ian et Billy qui, en cet instant, ne connaissent guère d’égaux dans leur style si particulier. Pour moi, le titre de cet opus, ce qui n’est pas peu dire. Enfin, le sequencer de "Lucifer" embraye sur une rythmique bien hard-rock des familles. Chaînon manquant entre LED ZEPPELIN et AC/DC, le refrain arrache bien la tête et nous voici en train de gueuler avec les membres du groupe sur cet ode au porteur de lumière.

Eh bien, mes aïeux ! Nous voici en aussi bonne compagnie qu'avec le grand chef-d’oeuvre du duo infernal des frères ennemis. Il y a moins de morceaux classiques que sur le fameux Sonic Temple. Mais l’unité de cet album est vraiment exemplaire : pas un seul titre ne dépareille, le chant de Ian est parfait, la guitare de Billy rugit des notes incendiaires en permanence. Voilà un opus qui mérite la note maximale, c’est dit et assumé !