Avec ce troisième album, le DAN REED NETWORK progresse encore dans sa recherche du "bon son".
Oublié les sonorités un peu connoté « années 80 » de leur premier album, dépassés les arrangements un peu grassouillets de Slam, la production de Bruce Fairbairn (déjà présent sur le premier disque de DRN) réussit à merveille à mettre en valeur le bouillonnement instrumental et le groove du groupe de Portland. Un réglage qui passe, entre autre, par la mise plus en avant de la voix de Dan REED, est bien plus en avant, notamment du fait d'une plus grande sobriété au niveau de l'usage des claviers et des chœurs, qui étaient un peu envahissants sur Slam.

L’entame du disque avec les très énergiques "Baby Now I" et "Blame It On The Moon" montre un groupe affuté et au mordant intact qui produit un Hard-Funk hyper entrainant et jouissif. Avec "Mix It Up", le DAN REED NETWORK démontre une fois de plus que les barrières n’ont pas leur place dans l’univers musical du groupe. Ce morceau, assez déconcertant, alterne les passages mélodiques avec des parties bien plus expérimentales, notamment au niveau du chant qui passe de parties sirupeuses à des moments bien plus agressifs en passant par des phases parlées. Avec "The Heat" nous sommes de retour dans l’efficacité la plus éclatante, à l’image de ce que BON JOVI pouvait faire à l’époque de Slippery When Wet (1986) et New Jersey (1988).

Alors que tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce disque le sacre de ce groupe exceptionnel : musiciens talentueux, production de qualité, personnalité artistique forte, sens du groove et de la mélodie, on doit malheureusement regretter que certaines compositions ne soient pas à la hauteur de nos attentes telles le convenu "Let It Go", le countrysant "Chill Out" ou bien le dispensable "Wake Up".
Cela donne un peu le sentiment que le groupe peine à suivre le rythme qui est le sien depuis la sortie de leur premier album, avec une intense succession de tournées et d'albums, et qu'il arrive un peu en bout de course.

Bien heureusement, il propose toujours une majorité de perles incontournables. "Life Is Sex" à la batterie atomique et au refrain dévastateur, "The Salt Of Joy" à l’ambiance épurée et pleine de charme, le classique "Take My Hand" ou bien "Thy Will Be Done" qui voit le groupe briller d’efficacité et de maturité en proposant un melting pot dans lequel on peut reconnaître des influences aussi diverses que du Rock, du Rap, de la Pop, du Funk ou bien du Hard Rock. La diversité est d’ailleurs un des axes forts de ce disque qui, s’il est moins « funkisant » que son prédécesseur, est bien plus varié que ce dernier. Ainsi, The Heat propose-t-il même une reprise de PINK FLOYD avec une version aussi surprenante que réussie de "Money" aux forts relents Funk (production de Nile Rodgers oblige).

Un disque aux sonorités légèrement moins funky que son prédécesseur, et qui souffre de la présence de deux à trois titres dispensables, mais qui recèle bon nombre de pépites, à l'image de "The Heat", "Blame It On The Moon" ou bien le puissant "Thy Will Be Done", ce qui le rend incontournable. Une fois de plus, il manque peut-être à ce disque ce minuscule petit plus qui a fait que DAN REED NETWORK n’a jamais réellement réussi à briller et à recevoir la consécration que son talent méritait. Il se dit que leur label avait du mal a promouvoir un groupe aussi singulier et que lorsque Dan Reed décide de couper ses cheveux à cette période, Mercury/Polygram a le sentiment que le DRN se prive de son argument marketing principal...

Et malgré trois albums majestueux, le groupe ne rencontrera pas le succès escompté ce qui provoquera sa mise en stand-by. L'excellent The Heat ne trouvant pas de successeur avant un quart de siècle.