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SORTILEGE - Phoenix (2021)
Par NESTOR le 5 Septembre 2021          Consultée 4150 fois

J’ai entrepris la chronique de cet album avec le même état d’esprit négatif et malveillant que pour Dans le même sang (2018) de TRUST. Par pour les mêmes raisons, mais avec probablement encore plus d’aigreur et de rancœur, tant SORTILEGE est un groupe majeur pour moi. Cet à priori négatif avait deux raisons. La première tient à l’histoire récente du groupe. Après une première, et éphémère, reformation en octobre 1992 à La Locomotive, SORTILEGE est réapparu de manière un peu plus sérieuse en avril 2019, notamment sur la péniche Le Petit Bain, avec quatre de ses membres originaux. Lors de ce concert le groupe a laissé entrevoir la possibilité d’un futur consistant pour le groupe. Espoir qui s’amplifie lorsqu’à la fin du printemps 2019 le retour au bercail de Stephane Dumont, le dernier élément manquant, est annoncé, en même temps qu’un probable album à venir.

Mais à partir de ce moment le rêve vire au vinaigre et rapidement le groupe se déchire en deux camps. Les frères Dumont et Didier Demajean d’un côté, Christian Augustin et Daniel Lapp. Les deux parties revendiquant leurs droits sur le nom du groupe. A l’image d’ENTOMBED et ENTOMBED AD, on frôle alors le ridicule. Et ce qui devait être un retour aussi inespéré que porteur d’espoir sombre soudainement dans le glauque et l’absurde. Et le fait que Zouille passe en si peu de temps du statut d’invité exceptionnel d’un projet de reformation dont il ne semble pas l’instigateur à celui de leader réclamant sa paternité sur le groupe laisse un goût amer.

Le second à priori tient lui à l’écoute du premier extrait de Phoenix sur Youtube qui m’a déçu. Le son, trop massif, me semblait manquer de finesse et de précision, notamment au niveau des guitares. Je ne retrouvais pas la singularité de ce groupe magique qui enchanta la première partie des années 80. Mais après une dizaine d’écoute de Phoenix dans de bonnes conditions, force est de constater que, tout comme TRUST, SORTILEGE m’a retourné comme une vulgaire crêpe. Et que je ne peux que m’incliner humblement et piteusement devant la qualité de cet excellent disque. Phoenix n’est pourtant pas à proprement un nouvel album. Il s’agit en effet majoritairement d’une relecture de titres se trouvant sur les trois premiers albums du groupe, sortis entre 1983 et 1985. Auxquels s’ajoutent 2 nouveaux morceaux : "Toujours plus haut" et "Phoenix".

Christian « Zouille » Augustin est désormais le seul membre fondateur du groupe à participer à l’album. Il est épaulé dans ce projet par Bruno Ramos (guitariste de MANIGANCE), Olivier Spitzer (guitariste de STATORS, SHAKIN’ STREET, et qui a déjà participé au projet Zouille et Hantson), Sébastien Bonnet (basse) et Clément Rouxel (batterie). Du fait de sa voix très caractéristique, puissante et aigue, il incarne bien l’identité artistique de SORTILEGE. Une identité que le groupe ne souhaite visiblement pas trop chahuter car les versions proposées ici sont relativement fidèles à leurs modèles. Certains titres sont même reproduits de manière quasi identique à leur version originale, à l’image de "D’ailleurs".

Cependant, en plusieurs occasions, le groupe s’est autorisé à changer l’ambiance de certain morceaux, comme cela est le cas avec "Délire d’un fou" dans lequel la voix de Zouille se fait plus trainante et émouvante. Une proposition très heureuse qui enrichit la version historique, pourtant déjà excellente. Il en va de même avec "Civilisations perdues" qui bénéficie d’arrangements nouveaux, notamment au niveau des guitares. On pourrait croire que pour cette raison le titre n’a pas été orthographié comme en 1984. "Civilisation perdue" passant au pluriel pour devenir "Civilisations perdues". Mais il s’agit en fait d’une boulette sur l’album Métamorphoses (1984) sur lequel ce titre est écrit différemment sur le dos de la pochette et dans les notes intérieures.

"Quand un aveugle rêve" est également considérablement modifié. La version originale, dépouillée et très claire, laisse place à une interprétation bien plus orchestrée et massive. Le titre y perd un peu de sa singularité sans que l’on puisse pour autant jeter le discrédit sur cette nouvelle approche tout aussi réussie. Le groupe assure sans souci, porté par un son puissant et moderne qui se révèle au final bien plus agréable que ce que je redoutais. Il n’y a guère que la batterie qui perd peut-être un peu de la fraicheur et de la clarté que lui apportait Bob Snake dans les années 80. Globalement, le côté très aigue de SORTILEGE qui était assez caractéristique du Hard Rock français des années 80 a été légèrement gommé au profit de sons plus massifs et graves.

Il faut noter la bonne idée consistant à intégrer trois des cinq titres de leur premier EP sorti en 1983, qui était difficile à dénicher et qui ne bénéficiait pas d’un son très clair. "Gladiateur", "Progéniture destructrice" et "Sortilège" sont ici présentés dans des versions bien plus accessibles et qui leurs rendent hommage. Le changement est tel que nous pouvons découvrir certaines de leurs paroles qui étaient restées assez obscure du fait de la piètre qualité de la production originale. C’est notamment le cas de ce dernier morceau qui gagne fortement en efficacité.

La présence de deux titres inédits augmente également fortement l’intérêt de Phoenix, d’autant plus que ceux-ci sont de très belle qualité et s’inscrivent sans souci dans l’œuvre de SORTILEGE. Ils sont le fruit du travail du triumvirat qui officie désormais à la destinée de SORTILEGE, Zouille, Ramos et Spitzer qui assure également l’enregistrement et la production du disque. Il s’agit dans un premier temps de "Phoenix", un morceau au tempo lourd, doté d’un refrain assez imparable. Puis de "Toujours plus haut", un morceau tout en puissance et en mélodie. Dans les deux cas les textes sont assez habiles : ils flirtent avec les thèmes habituels de SORTILEGE : la mythologie et des domaines proches de l’Heroïc fantasy, sans pour autant sombrer dans le ridicule, ce qui était un énorme risque. Il aurait en effet été du plus haut ridicule de conter des histoires de princesses, de cyclopes ou de dragons en 2021.

Par l’utilisation d’allégories et de métaphores qui puisent dans les thèmes traditionnels du groupe, Zouille parvient à évoquer en filigrane des sujets plus sérieux et plus stimulants. Il utilise en cela la recette qui avait prévalue pour "La hargne des tordus" (Larmes de héros, 1985). Avec "Phoenix", c’est sans surprise la renaissance du groupe qui semble être évoquée. Avec le plus intéressant et riche, "Toujours plus haut", on peut aisément imaginer un parallèle avec le monde du handicap. Toujours est-il que le groupe a très habilement géré le respect de son héritage, tout en évitant de sombrer dans le ridicule et l’autoparodie.

Pour tous ces éléments je ne peux que m’incliner devant ce très bon album qui m’aura rappelé que les "à priori" sont très mauvais conseillers et qu’avant de porter un jugement, on ne doit pas oublier que la musique appartient à ceux qui ont eu le courage de la créer et non pas à ceux qui ont la faiblesse de l’adorer. Le résultat est au-delà des espérance que nous étions en droit d’avoir, et nettement plus convaincant que l’album Zouille et Hantson qui faisait également le pari de reprises de SORTILEGE, mais qui proposait des versions (essentiellement live) plus brutes.

Cette compilation de luxe est sensée n’être qu’un album annonciateur du véritable retour de ce SORTILEGE, en studio, puisqu’un nouvel album est d’ores et déjà annoncé pour 2022, et qui devrait s’intituler Apocalypso. Il y a donc lieu de se réjouir, surtout si les autres membres fondateurs de SORTILEGE nous font également le plaisir de proposer leur version de ce groupe mythique. Sachant que Stéphane Dumont en était le compositeur principal, je me réjouis par avance d’écouter leur proposition. L’intégration du chanteur de HURLEMENT, Alexis Roy-Petit, qui a déjà épaulé le groupe de bien belle manière, serait une option très intéressante. Mais pour l’instant, réjouissons nous de cette bien belle première résurrection.

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   NESTOR

 
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- Christian 'zouille' Augustin (chant)
- Bruno Ramos (guitare)
- Olivier Spitzer (guitare)
- Sébastien Bonnet (basse)
- Clément Rouxel (batterie)


1. D’ailleurs
2. Progéniture Destructrice
3. Délire D’un Fou
4. Messager
5. Phoenix
6. Majesté
7. Mourir Pour Une Princesse
8. Civilisations Perdues
9. Gladiateur
10. Quand Un Aveugle Rêve
11. Marchand D’hommes
12. Chasse Le Dragon
13. Sortilège



             



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