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SORTILEGE - Apocalypso (2023)
Par NESTOR le 24 Janvier 2023          Consultée 2865 fois

La nostalgie est-elle soluble dans la modernité ? Le fantastique come-back de SATAN JOKERS depuis 2009 aurait tendance à me faire répondre par un franc et enthousiaste 'oui' !
Le dernier album de SORTILEGE me laisse un peu plus sceptique : si Phoenix, majoritairement composé de réinterprétations de leur anciens titres, m’avait totalement conquis, l’écoute de ce véritable nouvel album provoque en moi des sentiments mitigés, voire contradictoires.

Aux premières écoutes, j’ai en effet été surpris par le son trop massif à mon goût et ce côté un peu 'bourrin' de l’interprétation. Non que les musiciens ne soient pas excellents, mais la recherche d’un son 'dans l’air du temps' les a conduits à des choix qui éloignent un peu le groupe de ma vision de son ADN, de son histoire. C’est ainsi le cas de la batterie bourrine de "Posseidon" et de ses guitares rythmiques très épaisses.
A l’instar de "Vampire" ou de "Le scare du sorcier", plusieurs (très) bons morceaux subissent ce traitement qui les alourdit et leur fait un peu perdre d'identité de SORTILEGE. Ainsi, l’excellent "Vampire" se voit lesté par trop de pistes (chœurs, claviers, guitares…) qui nuisent à sa fluidité et à sa fraîcheur. Alors, certes, sa qualité intrinsèque fait que cela passe plutôt bien. Mais, on se met à rêver d’une production un peu moins 'rouleau compresseur', pour un tel petit bijou.
Il en va de même du très bon "Le scare du sorcier", une composition à l'énorme potentiel mais affublée d’une batterie bien trop balourde. Je ne parle pas là d’absence de technique, mais d’un choix artistique délibéré, qui se discute, de sonner moderne et de manière pesante.
Le couple batterie/guitares rythmiques de "Derrière les portes de Babylon", titre possédant de très bons passages, notamment du fait de l’intégration d’ambiances arabisantes du meilleur effet, se fait également bien trop lourd. Encore une fois, la batterie, en adoptant des sonorités modernes, semble se démarquer de l’ambiance générale du morceau.
De même, "Encore un jour", à l'ambiance si particulière, mélange de tristesse et de mélancolie, aurait mérité un traitement plus en finesse. Une fois de plus, la composition est de tout premier ordre mais sa restitution est un peu trop uniformisée et unidimensionnelle.
Ce choix n’a cependant pas que du 'mauvais'. Ainsi, à certains titres, je pense à "Attila" et au long et un peu épique "Apocalypso", la production massive apporte un réel avantage qui procure un sentiment de puissance seyant à merveille aux thèmes développés.
Rien à redire des paroles, le SORTILEGE 2023 s’inscrit dans la droite filiation de ce que le groupe proposait il y a près de quarante ans. Zouille nous gratifie toujours de ses textes majoritairement empreints de mythologie et extrêmement bien troussés. Même lorsqu’il sort de ses thèmes de prédilection, comme cela est le cas avec "Trahison", il sait se montrer tout aussi captivant.

Apocalypso est un album dans lequel il n’est pas aisé de rentrer du fait d’une homogénéité et d’une densité un peu trop fortes à mon goût. Mais c’est également un opus qui possède nombre de compositions très solides. Au regard de ce que le groupe nous a proposé par le passé, ce n’est peut-être pas un excellent album de SORTILEGE, mais c’est indéniablement un magnifique album de heavy metal qui se bonifie avec le temps et nécessite de nombreuses écoutes pour parvenir à en maitriser les différentes flagrances.
Pour le dire autrement ; SORTILEGE n’évolue pas totalement de la manière dont j’aurais aimé qu’il le fasse, ce qui ne fait absolument pas de ce bon album un échec. Cela prouve que le groupe a su se réinventer.
Je terminerai pas une dernière pensée : qui suis-je pour juger ce que doit être l’évolution d’un groupe ?
Seuls les musiciens qui s’impliquent dans celle-ci-ci et font l’effort de créer et d’interpréter ne devraient-ils pas être totalement libres de leurs choix artistiques ? Mais par ailleurs, lorsqu’on a suscité la passion, on se doit d’accepter de rentrer dans la vie de son auditoire et de lui être un peu redevable : L’enfer, c’est les autres.
Cet album qui me surprend et me fait cogiter n’a-t-il pas, de toute façon, atteint son but : créer des sentiments ?

Cela explique une aussi bonne note pour une chronique un tantinet acide.

3.5/5

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   NESTOR

 
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- Christian 'zouille' Augustin (chant)
- Bruno Ramos (guitare)
- Olivier Spitzer (guitare)
- Sébastien Bonnet (basse)
- Clément Rouxel (batterie)


1. Poseidon
2. Attila
3. Derrière Les Portes De Babylon
4. Le Sacre Du Sorcier
5. La Parade Des Centaures
6. Walkyrie
7. Encore Un Jour
8. Trahison
9. Vampire
10. Apocalypso



             



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