MISTER MAT n'a pas attendu les médias nationaux pour se faire un nom en France comme à l'international, tout d'abord comme moitié du duo MOUNTAIN MEN, puis comme artiste solo. Pourtant, c'est bien sa participation récente à l'émission de TF1 'The Voice' qui lui a permis de franchir un cap en termes de notoriété. Finaliste du concours, MISTER MAT a vu sa voix au papier de verre séduire le public et les membres du jury, et l'artiste tente comme ceux qui avant lui sont passés par cette émission (et qui, reconnaissons-le, sont le plus souvent assez rapidement retombés dans l'anonymat ou la notoriété locale) de capitaliser sur cette couverture médiatique nouvelle pour installer sa carrière déjà sur la pente ascendante en termes de pertinence artistique.

Quelques mois après la fin du concours, le chanteur décide donc de battre le fer tant qu'il est show et propose L'Aventure Continue..., un nouvel album dont le titre se pose en référence à cette formule horripilante répétée, après un suspense interminable et dix-sept coupures publicitaires, par l'animateur de ce genre d'émissions devant une poignée de jeunes artistes triés sur le volet et auxquels sont promis monts et merveille. Ce nouvel album, à notre grand regret, n'est pas constitué de compositions nouvelles, mais présente une sélection de morceaux issus des deux précédents albums du chanteur, auxquels s'ajoutent les titres repris par MISTER MAT durant ses passages dans l'émission 'The Voice'. Naturellement, l'intérêt réside dans ces cinq reprises variées qui permettent d'apprécier la large palette d'expression du chanteur. Si la relecture de "Non, je ne regrette rien", paraît de prime abord intimiste, presque timide, ce dénuement est volontaire et permet à cette version piano-voix du standard d'Edith PIAF de gagner en ampleur alors qu'une section rythmique et des sonorités électriques font leur apparition. Au détour du changement de ton, la voix de MISTER MAT s'affirme enfin, dans toute sa puissance et sa pudeur, taillée pour transfigurer les paroles de ce titre intemporel. Puisant dans des standards de la chanson française, le chanteur s'époumone ensuite sur "Marie," de Johnny HALLYDAY, qu'il adapte dans une version folk sombre et musclée. Une réussite. "Puisque tu pars", de GOLDMAN, est tout d'abord susurré, comme une ballade, et se fait plus imposant alors qu'une mandoline et une section d'instruments à cordes frottés apportent une saveur inédite au morceau. Et cette voix, toujours impériale, n'échoue pas au moment de provoquer d'intenses émotions. Un peu plus loin dans l'album, la reprise de "Je l'Aime à Mourir" se fait belle dans son minimalisme, tempéré par la présence d'une guitar-slide inventive. Dernière reprise inédite, "What a Wonderful World" de Louis ARMSTRONG, mêle blues et folk avec un groove et un feeling savoureux.

Le reste de l'album est ainsi connu de ceux qui suivent déjà la carrière de MISTER MAT. Entre reprises qui ont participé à sa réputation de crooner espiègle ("Girls Just Want To Have Fun"), ou compositions originales signées MICKEY 3D ("Au Western History"), Gaëtan ROUSSEL ("Désespérément optimiste") ou Alexandre POULIN ("Les jours de grands espaces"), tous portés par le très grand talent d'interprète du bonhomme, rien de neuf sous le soleil donc. En résulte un album sympathique, idéale porte d'entrée pour ceux qui ne connaitraient pas la discographie de MISTER MAT. Pour les autres, le résultat semble un peu frugal, et le peu de nouveautés à se mettre sous la dent pourra inciter à attendre que l'artiste nous propose un album de compositions nouvelles. Une carte de visite intéressante.