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DELANEY & BONNIE - Home (1969)
Par LE KINGBEE le 7 Novembre 2022          Consultée 625 fois

Constitué d’un duo à la ville comme sur scène, DELANEY & BONNIE demeure parmi les premiers blancs (hors musiciens de session) à avoir enregistré pour la Stax, célèbre label de Memphis.

Natif du Mississippi, le guitariste Delaney Bramlett quitte sa région natale dès le début des sixties pour répondre, comme tant d’autres, à l’appel de la Californie. Il intègre The Shindogs, le groupe résident de l’émission télé 'Shinding' animée par Jimmy O’Neill. En 1967, Delaney convole en justes noces avec Bonnie Lynn O’Farrell, une belle blonde hippie détentrice d’un copieux curriculum, une semaine après leur première rencontre. En amour, c’est un peu comme en musique, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Bonnie a débuté très jeune aux côtés d’Albert KING, a été choriste pour Little Milton, Chuck BERRY et le jazzman Cannonball Adderley, enchaînant au sein de la Ike & Tina Turner Revue, devenant la première Ikette blanche. Après avoir écumé les studios californiens et les festivals, les époux forment leur formation sous le nom de DELANEY & BONNIE.

En 1968, le duo décroche un contrat avec la Stax. Si le label de Jim Stewart a connu une période fantastique depuis le début des sixties, le décès d’Otis REDDING dans un tragique crash d’avion marque la fin d’une époque bénie Avec la mort d’Otis, c’est tout un pan de l’édifice Stax qui va peu à peu s’effondrer. Seconde catastrophe, suite à un contrat mal ficelé, Jim Stewart perd une grosse partie de son catalogue au profit d’Atlantic, mais le pire est à venir avec l’assassinat de Martin Luther King à Memphis, le 4 avril. La ville est mise à sac, la Garde Nationale et les tanks sont mobilisés afin de ramener l’ordre dans les rues. Libéré de toute contrainte avec son ancien partenaire d’Atlantic, la Stax signe un contrat avec la filiale musicale de Gulf & Western en mai 68 ; pour l’occasion, le label change de série numérique et adopte un nouveau logo avec ce doigt qui claque sur fond jaune, un clin d’œil au poing levé du Black Power. Jim Stewart et Estelle Axton vont peu à peu s’effacer et laisser les commandes au charismatique Al Bell.

C’est dans ces conditions que le duo enregistre Home, un album capté à Memphis et à Hollywood en cinq sessions, de février à novembre 68. Des overdubs sont ajoutées sur cinq faces, la moitié de la galette, en juillet 69 juste avant la sortie du disque. Produit par Don Nix, ancien saxophoniste au sein des Mar-Keys, et Donald 'Duck' Dunn, bassiste légendaire au sein de BOOKER T & The MG’S, le disque laisse la plus grosse part du gâteau aux auteurs attitrés du label (Steve Cropper, Homer Banks, tandis que William Bell et le tandem Isaac Hayes/Porter contribuent eux aussi avec un morceau. Si Delaney est un honnête guitariste, c’est Madame qui porte le pantalon en matière d’écriture, Bonnie co-écrivant quatre titres contre un pour Delaney.

Co-écrit par le couple, "It's Been A Long Time Coming" ouvre les hostilités dans une ambiance oscillant entre Rock et Southern Soul dans laquelle les cuivres émergent de temps à autres. Une chose paraît indiscutable, Bonnie est bien meilleure au micro que son cher et tendre. Le titre sera repris sans plus de succès par The Bad Habits.
"A Right Now Love", titre de Bonnie et d’Homer Banks, se déguste comme un honnête titre de Southern Soul. Si l’intro cuivrée laisse entrevoir une écoute agréable, le morceau se délite au fil des secondes, les claviers prenant le pas sur la rythmique et la guitare musclant inutilement le tempo.
Co-écrit avec Carl Radle, "Hard To Say Goodbye" nous embarque dans une combinaison hybride de Rock Pop épicée de cuivres. Contrairement à son titre, une chanson qu’on oublie rapidement, l’exemple parfait d’un titre de remplissage. La collaboration entre Bonnie et Homer Banks marche à plein régime avec "Pour Your Love On Me", un morceau de Soul parfumé de Rock et d’un nappage cuivré qui semble parfois souffler la retraite. Encore une fois, c’est bien Bonnie Bramlett qui tient les rênes de l’attelage.

Compo de la paire Cropper/Eddie Floyd, "We Can Love" présente aujourd’hui un chant un brin daté, le timbre de Delaney Bramlett lorgnant dangereusement celui d’un crooner ou d’un vieux-beau. Créé par Isaac HAYES et David Porter, "My Baby Specializes" fait l’effet d’une refourgue, le titre avait été enregistré trois mois plus tôt par une autre paire, Judy Clay et William Bell, sans connaître le moindre succès. Stax tente une troisième tentative trois mois plus tard avec la version des Soul Children.
Seconde refourgue avec "Everybody Loves A Winner", une guimauve de William Bell concoctée ici sous forme d’une honnête Soul Sudiste. Si les trompettes et les sax n’avaient été mis autant en avant et si Bonnie avait pris le leadership au chant, le titre aurait pu être plus captivant. Rita COOLIDGE et Linda RONSTADT en délivrent postérieurement des interprétations supérieures.
Hit mineur d’Eddie FLOYD pour la Stax, "Things It Better" réhausse le décor, un titre rythmé entre R & B et Southern Soul à la rythmique implacable (Donald Dunn et Al Jackson) et aux cuivres en fusion. Dr FEELGOOD en mode Pub Rock et The ARTWOODS en version Garage le reprendront avec d’autres ingrédients.
Issu de l’imagination de Bettye Crutcher et de Steve Cropper, "Just Plain Beautiful" se révèle terriblement entraînant, lorgnant le pré-carré de SAM & DAVE. L’un des rares titres à avoir eu le privilège d’être édité en single.
Terminons ce panorama avec le meilleur morceau de l’album, l’intemporel "Piece of My Heart", hit du tandem Jerry Ragovoy/Bert Berns (alias Bert Russell) popularisé par BIG BROTHER & The HOLDING COMPANY et sa fameuse chanteuse rousse. Si Janis a mondialisé la chanson, il convient de ne pas oublier la première version d’Erma FRANKLIN ou celle plus tardive de Betty LAVETTE *, bien supérieures selon nous à celle de la rouquine. Là il faut reconnaître que Bonnie ne s’en tire pas trop mal, ne cherchant pas à rivaliser avec certaines de ses devancières. Une interprétation pleine de feeling qui relègue à des années lumière les daubes immangeables de Dusty SPRINGFIELD, Joss STONE ou de la country woman Faith Hill.

Au moment de faire les comptes, l’addition s’avère sacrément salée et bien pauvre, seule une petite moitié des titres tient encore la route. Le chant de Delaney se révèle souvent inconsistant, voire falot ; certains arrangements ne collent pas suffisamment à la trame de l’album ; enfin on retrouve sur certaines pistes une production quelque peu bouffie qui ne sait jamais trop sur quel pied danser, celui de la Soul ou celui du Rock. Si la pochette, qui en a intrigué plus d’un (l’homme de droite est le grand-père de Delaney) et sent bon la campagne (photo de la ferme familiale), elle ne permet pas au duo de bouleverser les charts, la Stax mettant fin à leur contrat après la sortie du disque.

Le couple Bramlett allait rebondir en participant à la tournée de BLIND FAITH puis en formant Delaney & Bonnie And Friends, un ensemble comptant dans ses rangs Bobby Whitlock, Leon Russell, Jim Keltner et Rita COOLIDGE. Anciens partenaires de CLAPTON, Bonnie et Delaney demeurent les heureux propriétaires d’une gloire éphémère, le couple divorçant en 1972 après l’enregistrement de "Move ‘Em Out", un single prémonitoire. A l’instar des contes de notre enfance, le couple a fait de beaux enfants dont une petite Bekka, future membre de FLEETWOOD… mais c’est là une autre histoire.

En 2006, le disque fait l’objet d’une réédition au format CD avec 6 bonus dans un ordre anachronique. Cette chronique provient du pressage hollandais en stéréo. Pour une meilleure cohérence, ce disque est rangé dans le tiroir de la Soul, mais celui du Rock lui convient aussi bien.


*En 1971, Betty LaVette n’avait pas encore agrémenté son prénom d’un E (Bettye)

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- Delaney Bramlett (chant, guitare)
- Bonnie Bramlett (chant)
- Steve Cropper (guitare)
- Donald 'duck' Dunn (basse 2-3-4-6-7-9)
- Carl Raddle (basse 1-5-8-10)
- Al Jackson Jr. (batterie)
- Jimmy Karstein (percussions 1-5-8-10)
- Booker T. Jones (claviers 2-3-4-6-7-9)
- Leon Russell (claviers 1-5-8-10)
- Isaac Hayes (claviers 4-7, chœurs)
- Andrew Love (saxophone 2-3-4-6-7-9)
- Joe Arnold (saxophone 2-3-4-6-7-9)
- Ed Logan (saxophone 1-5-8-10)
- Jim Terry (saxophone 1-5-8-10)
- Wayne Jackson (trompette 2-3-4-6-7-9)
- Ben Cauley (trompette 2-3-4-6-7-9)
- Dick Steff (trompette 1-5-8-10)
- Jay Pruitt (trompette 1-5-8-10)
- John Davis (trompette 1-5-8-10)
- William Bell (choeurs 2-3-6)
- Phil Forrest (choeurs 1-5-8-10)


1. It's Been A Long Time Coming
2. A Right Now Love
3. We Can Love
4. My Baby Specializes
5. Everybody Loves A Winner
6. Things Get Better
7. Just Plain Beautiful
8. Hard To Say Goodbye
9. Pour Your Love On Me
10. Piece Of My Heart



             



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