Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  COMPILATION

L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

1969 Home
Accept No Substitute
1970 To Bonnie From Delaney
1972 D & B Together

COMPILATIONS

1971 Genesis

DELANEY & BONNIE - Genesis (1971)
Par LE KINGBEE le 10 Avril 2023          Consultée 477 fois

De tout temps, l’industrie du disque a vu fleurir ce genre d’album destiné à remplir les poches d’une maison de disques au détriment des acheteurs et des fans. S’il n’y a pas mort d’homme dans cette pratique consistant à publier des disques qui ne sont en fait que des compilations dont le répertoire est pioché sur d’anciennes démos ou des morceaux rejetés soit par le label soit par son auteur ou son producteur, avouons que la pratique demeure discutable.

En 1971, le label GNP Crescendo, exploitant le filon du couple Bramlett, édite cette compilation de douze titres sous l’intitulé Genesis. Si, dans un premier temps, cet indépendant éditait des enregistrements de Jazz captés au Crescendo, boîte de nuit de Gene Norman, le propriétaire des lieux vend son club au début des sixties pour se concentrer sur son label qui s’élargit sur le Rock et la Pop sans ligne directrice affinée. En clair, faire du fric avec peu de moyens et du tout-venant.

Gene Norman sent très bien que DELANEY & BONNIE est au bord de l’implosion dès le début des seventies. Capitalisant sur le succès que connaît encore le duo grâce à sa tournée avec CLAPTON, GNP Crescendo publie à moindre frais Genesis, un magma de douze démos produites par la chanteuse Jackie DeShannon et Leon Russell. Jackie, belle blonde qui en 64 servit de première partie aux BEATLES, est aussi connue pour quelques apparitions dans des nanars hollywoodiens et son don pour la compo (Brenda LEE, The BYRDS, Randy NEWMAN). A l’orée des sixties, De Shannon et Delaney Bramlett participaient ensemble à l’émission télé de variétés Shindig sur la chaine ABC.
Mais le meilleur est à venir : cette petite mascarade sera revendue sous licence à plusieurs labels européens ayant pignon sur rue (London Records, Sonet et Vogue), ces diverses publications offrant différentes pochettes.

Parmi cet assemblage discordant, on retrouve six faces parues en singles entre 1964 et 65 éditées par Vocalion Pop et sa maison mère Crescendo Records. Grosse déception avec "Heartbreak Hotel", l’un des premiers titres d’Elvis PRESLEY pour la RCA. La faiblesse du chant et des chœurs intempestifs plombent assurément ce standard. "Without Your Love", une modeste ballade d’à peine 100 secondes, ne parvient pas à attirer l’attention une seule seconde ; on croirait entendre un mélange de Pop Folk entre les BEE GEES et les HERMAN’S HERMITS de Peter Noone. Impression similaire avec "Better Man Than Me" qui dénote de fortes influences en provenance de la Mersey. Ballade Folk du chanteur romancier et activiste irlandais Dominic Behan, "Liverpool Lou", une histoire d’amour compliqué, perd ici son âme et sa saveur via la production Pop de Jackie DeShannon. Comment transformer une belle ballade irlandaise en une soupe insipide pleine de grumeaux ? Autre piste insignifiante, "You Never Looked Sweeter", une ballade de Clyde Pitts plombée par une surproduction. Jackie De Shannon parvient à refourguer une de ses compos avec "You Have No Choice", un mid-tempo d’influence BEATLES dont la mélodie se révèle plus accrocheuse, mais qui ne restera toutefois pas dans les annales.


Outre ces refourgues apparues en singles souvent sans succès, ouverture du bal avec "What The World Needs Now", compo du tandem Bacharach/David popularisée en 65 par Jackie DeShannon et repris plus de 350 fois. Arrangements et orchestration pompeuses pour l’un des trois vrais duos du disque. Pour un peu, cette reprise pourrait faire penser à une émanation anglophone de Stone et Charden. Une version loin de valoir l’originale ou celles des STAPLE SINGERS, des SWEET INSPIRATIONS ou Fontella Bass. Pour les amateurs d’anecdotes, cette chanson fut refusée au départ par Dionne WARWICK et Gene Pitney, inutile de dire qu’ils s’en mordirent les doigts. Presque tout aussi usé jusqu’à la corde, "You‘ve Lost That Lovin‘ Feelin", une guimauve de la paire Cynthia Weil/Barry Mann (Phil Spector est parfois accrédité), ne parvient pas à retenir l’attention malgré une intro de cuivre pétaradante. Repris entre autres par ELVIS, Gene Pitney et le duo Roberta FLACK/Donny HATHAWAY, on peut se demander si Eddy MITCHELL n’en donnera pas la meilleure version avec "J’ai perdu mon amour".
Rendons à César ce qui lui appartient, "Tomorrow Never Comes" est une ballade Country d’Ernest Tubb des années 40 et non pas un titre de la paire Hall/Howard. Si le titre a été repris au fil des ans par Loretta LYNN, ELVIS ou le folkman B.J. Thomas, là les tremolos et les effets de gorge de Delaney sont presque insurmontables. Pour un peu, certains auditeurs risquent même de lui préférer la version de George Jones. Delaney délivre enfin une compo avec "I Can‘t Take It Much Longer", titre que le duo reprendra en mieux dans l’album Accept No Substitute ; la différence entre les deux interprétations permet d’entrevoir les progrès du guitariste. Changement total de registre, "Lonely Me", un rock' n' roll gentillet, lorgne plus sur le british rock de The Beat Brothers ou Gerry & The Pacemakers, autre groupe de Liverpool. Inspiré d’un gospel de Bob King (membre des Southern Tones), "I’ve Got A Woman", l’un des premiers gros cartons de Ray CHARLES, aura les honneurs d’être repris à la fois par ELVIS, The BEATLES, Rick NELSON et THEM. Mais avec son intro de piano, une voix hésitante, cette reprise évoque plus le style vacillant de Johnny Rivers, un voyage sonore entre pop et un rock mal fagoté.

Editée en 1971, cette genèse de Delaney & Bonnie n’est en fait qu’un assemblage de trois singles enregistrés entre 1964 et 1965 et de trois démos de 1967. Seuls trois titres du couple figurent dans cette compilation. Si le chant laisse percevoir certaines faiblesses bientôt compensées par l’arrivée de Bonnie Bramlett, la moitié des faces se révèle inconstante, creuse et sans saveur. Mais l’orchestration et une production bouffie et sans âme demeurent des écueils difficilement franchissables. Autre bémol, certaines reprises de standards souffrent cruellement d’un manque d’imagination par rapport aux originaux. A moins d’être un fan invétéré ou de la famille, on ne peut pas conseiller cet opus au contenu trompeur.

A lire aussi en POP par LE KINGBEE :


Tanita TIKARAM
Ancient Heart (1988)
Pop folk eighties intemporelle




GERRY RAFFERTY
City To City (1978)
Il n'y a pas que Sherlock Holmes qui y danse !


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Delaney Bramlett (chant, guitare)
- Bonnie Bramlett (chant 1-2-5)
- Leon Russell (piano, guitare 1-2-5)


1. What The World Needs Now
2. You‘ve Lost That Lovin‘ Feelin
3. Heartbreak Hotel
4. Tomorrow Never Comes
5. I Can‘t Take It Much Longer
6. I‘ve Got A Woman
7. Lonely Me
8. Without Your Love
9. Better Man Than Me
10. Liverpool Lou
11. You Never Looked Sweeter
12. You Have No Choice



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod