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DELANEY & BONNIE - Accept No Substitute (1969)
Par LE KINGBEE le 10 Janvier 2023          Consultée 763 fois

L’aventure entre la Stax et le couple BRAMLETT s’arrête brutalement après le premier disque produit par Donald Dunn et Don Nix. Le duo DELANEY & BONNIE rebondit en ouvrant pour BLIND FAITH, groupe anglais dans lequel s’illustrent Eric CLAPTON et Steve WINWOOD. Suite à la dissolution de BLIND FAITH, le couple désormais parents de deux petites filles (Suzanne et Rebekka ●) enchaîne en collaborant à Layla and Other Assorted Love Songs, double-album de DEREK And The DOMINOS apparaissant dans les bacs en novembre 70.

Entre-temps, DELANEY & BONNIE s’appuyant sur un répertoire mêlant Southern Rock et Country Soul draine dans son sillage une cohorte d’accompagnateurs, une troupe qui se fait remarquer dans les plus grands festivals américains. Cet engouement attire l’attention du label Elektra qui décide d’envoyer le duo en studio. Le label confie le duo à Barry Feinstein, photographe réputé pour certaines couvrantes : Pearl (Janis JOPLIN), Beggars Banquet (STONES), Harvest (Neil YOUNG). Cette première galette estampillée de la bannière Elektra reste marquée par une incompréhension et de forts désaccords entre Jac Holzman, patron dudit label et Delaney Bramlett.
La pochette illustre un premier malentendu, le duo étant typographié The ORIGINAL DELANEY & BONNIE au lieu de Delaney & Bonnie. Rien d’insurmontable surtout, d’autant que le duo se fera bientôt appeler DELANEY & BONNIE & FRIENDS. Mais le malaise est plus grand et se résume, comme bien souvent, à une histoire de fric et d’ego. Si le visuel nous dévoile un Delaney Bramlett affublé d’un classique costume du dimanche, l’artiste est victime de son addiction à la coke, maladie le rendant irascible et violent. Dans son quotidien, Delaney est souvent à côté de la plaque, il refuse par jalousie que Bonnie soit choriste lors de l’enregistrement du "Gimme Shelter" des STONES *; autre incident, le guitariste proche de George HARRISON voulait que le disque soit publié par Apple Records, le label fondé par les BEATLES, alors qu’il venait de signer un contrat avec Elektra. Delaney en visite chez son père dans le Mississippi s’aperçoit que le disque n’est pas disponible chez les disquaires locaux, faute d’une distribution nationale, notre Américain aurait menacé Holzman de venir le tuer à Londres si le producteur ne réagissait pas, petit désaccord qui poussera Jac Holzman à mettre fin au contrat d’un chanteur perturbé.
Placé sous la houlette de David Anderle, ancien producteur des BEACH BOYS, le couple nous offre un album plus personnel que le précédent avec huit originaux, Bonnie étant la principale pourvoyeuse avec cinq titres. Si le duo influe une atmosphère plus proche du Southern Rock tout en privilégiant un décor Country Soul, la cohésion et la trame du disque s’avèrent plus conséquentes que dans le premier disque. Les présences de Leon Russell et de Carl Radle (déjà là dans l’opus précédent) et du claviériste Bobby Whitlock, membre de DEREK & THE DOMINOS, avec lequel le groupe a beaucoup tourné, permettent de souder l’ensemble. L’orchestration et les arrangements prennent du grain et de l’ampleur, tandis que la voix de Bonnie prend d’entrée de jeu la mesure sur celle de Delaney.
Bonnie prend d’emblée les rennes de l'attelage avec "Get Ourselves Together", une composition de la chanteuse remontant à son séjour chez la Stax. Le titre préalablement enregistré par les STAPLES SINGERS conférait une ambiance religieuse, les paroles ambigües pouvant se rapporter au Seigneur. L’interprétation du duo laisse planer un doute sur l’orientation spirituelle et céleste du morceau. Là, ce sont clairement les problèmes conflictuels du couple que dépeignent les paroles : We've got to get ourselves together - Try to understand each other - The time has come it's now or never. Alors que Mavis Staples vantait les louanges au Seigneur, Bonnie fait référence à l’usure du temps et à l’incompréhension dont peuvent souffrir certains couples. Un texte prémonitoire qui n’aura aucune incidence heureuse sur le destin du couple. Repris sous une forme larmoyante par Johnny Tillotson puis par le duo jamaïcain Bob & Marcia sous une forme caraïbéenne, le titre connaît une seconde jeunesse via la regrettée Phoebe Snow.
Le ton se durcit d’un cran avec "Someday", la basse plus agressive et les jeux de guitares nous renvoient aux confins d’un Rock Sudiste plein de nuances et nappé de cuivres. Des cuivres, on en retrouve dès l’intro de "Dirty Old Man", un pur titre de Southern Soul qui pourrait s’inscrire entre Bettye LAVETTE, Candi STATON et Janis JOPLIN pour la puissance du timbre.

La face B débute par "Love Me A Little Longer", un Country Rock pâtiné de Soul dans lequel le couple distille une complicité pour un chant pas si éloigné de la close harmony. Composé par Delaney, "I Can’t Take It Much Longer" pourrait figurer parmi les honnêtes prototypes du Country Rock du moment, le morceau se démarquant cependant par l’apport de percussions parfumant le morceau d’une coloration latine.
Changement de tournure avec "Soldiers of The Cross" dont la ferveur monte crescendo à l’image de certains gospels. Bonnie y semble habitée par une foi insubmersible renforcée par la présence de Rita COOLIDGE en choriste de luxe. Un véritable Gospel Rock.
On peut s’étonner que la galette s’achève sur "The Gift of Love", une compo de Delaney tanguant entre Country Rock et Gospel à tel point que, malgré l’exaltation des chants et la qualité du jeu de guitare, le titre perd paradoxalement toute consistance.

Trois pistes se détachent de l’ensemble : "Ghetto" **, une création de Bonnie, Homer Banks et Bettye Crutcher datant de la période Stax. Préalablement enregistrée par les STAPLE SINGERS, la chanson bénéficie de la collaboration de l’arrangeur Jimmie Haskell, les cordes permettant de déboucher sur une atmosphère quasi céleste. Repris par Joan BAEZ et plus récemment par Ruthie Foster, le titre a également été gravé par Esther MARROW pour un grand moment de Deep Soul avec intro d’harmonica, une version vivement conseillée.
L’intense "The Battle Is Over", un inusité de Dr. JOHN, diffuse un grand moment de Soul, tous les instruments sont en symbiose et on peut subjectivement se demander si Bonnie Bramlett ne figurait pas à ce moment parmi les trois meilleures chanteuses blanches américaines. Le titre sera repris par Aretha FRANKLIN quelques semaines plus tard avec le concours de Duane ALLMAN à la guitare.
Seconde et dernière reprise, "Do Right Woman - Do Right Man" est une ballade de Chips Moman et Dan Penn enregistrée pour la première fois par Aretha FRANKLIN. La contribution d’un orchestre constitué de violons, violoncelles, guitares et harpes impulse à la fois une atmosphère Country mais aussi crépusculaire. Le timbre de Bonnie oscille encore une fois entre un répertoire dédié au Céleste et son contraire avec une tranche s’ancrant résolument vers la musique du Diable, en l’occurrence de la Soul Sudiste pur jus. Une version pouvant amplement rivaliser avec celles d’Etta JAMES, Aretha FRANKLIN ou Otis Clay.

Au moment de dresser un constat, la question majeure reste de savoir où ranger cette croustillante galette. Faut-il la ranger sur l’étagère de la Soul, de la Country Soul ou du Southern Rock ? Comme disait Alfred de Musset : Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! La place de cet album demeure indiscutablement la planche sur laquelle se dressent les bons disques, peu importe au final l’étiquette que certains se complaisent à leur coller.
La production de David Anderle apporte un surplus de groove et de gros son tandis que Gerry Mc Gee (ex-MONKEES, VENTURES) attise sa science du rythme, attirant dans son sillage les jeux de guitare de Leon Russell et Delaney Bramlett. Mais ne nous trompons pas, l’atout majeur du disque demeure Bonnie Bramlett, une chanteuse puissante, pleine de ferveur mais capable de nous faire traverser d’impalpables nuances. Ce disque contrairement au précédent sera classé dans l’armoire du Rock, sur l’étagère du Southern Rock.

Note réelle 3,5.


*Bonnie sera remplacée par Merry Clayton.
●Rebekka se fera connaître sous le nom de Bekka Bramlett au sein de FLEETWOOD MAC, future choriste réputée (Joe COCKER, Billy Joel, Rita COOLIDGE, Robert PLANT, Faith Hill).
**Titre homonyme à celui de Donny Hathaway.

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   LE KINGBEE

 
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- Bonnie Bramlett (chant)
- Delaney Bramlett (chant, guitare)
- Gerry Mcgee (guitare)
- Leon Russell (guitare, piano)
- Carl Radle (basse)
- Jim Keltner (batterie, percussions)
- Bobby Whitlock (orgue, chœurs)
- Bobby Keys (saxophone)
- Jim Price (trombone, trompette, cor)
- Rita Coolidge (chœurs)


1. Get Ourselves Together
2. Someday
3. Ghetto
4. When The Battle Is Over
5. Dirty Old Man
6. Love Me A Little Bit Longer
7. I Can't Take It Much Longer
8. Do Right Woman
9. Soldiers Of The Cross
10. Gift Of Love



             



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