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DELANEY & BONNIE - To Bonnie From Delaney (1970)
Par LE KINGBEE le 27 Janvier 2023          Consultée 648 fois

Le monde de l’industrie du disque est parfois sujet à de curieux concours de circonstances. Nous sommes en 1970, de notoriété publique le couple Bramlett bat de l’aile et se retrouve encore une fois le bec dans l’eau suite à la fin de leur contrat chez Elektra. DELANEY & BONNIE viennent d’enregistrer On Tour avec Eric CLAPTON et rencontrent une gloire éphémère grâce au succès du titre "Coming Home". Si les deux artistes se sont produits en mars en Angleterre avec Joe COCKER lors de la tournée Mad Dogs And Englishmen, le couple ne s’inscrit nullement dans une démarche music busines et ne tire aucun plan sur la comète. De retour aux USA, le duo parvient à décrocher un contrat avec Atco Records, filiale d’Atlantic qui vient d’englober Elektra, poursuivant ainsi l’aventure entamée avec On Tour.

Cette fois encore, le nom du duo se retrouve affublé de la mention & Friends comme dans le disque précédent, une multitude de musiciens venant se greffer à la formation. Au niveau de la pochette, le photographe Tom Wilkes, auteur du visuel de Flowers des STONES et du Safe As Milk de CAPTAIN BEEFHEART, ne s’est pas trop cassé le bonichon. Il installe Delaney dans un fauteuil, tandis que Bonnie doit se contenter d’une position inconfortable assise sur un accoudoir. Les mauvaises langues pourront faire un parallèle avec le visuel du Pearl de Janis JOPLIN, il ne s’agit pas du même fauteuil. Le visuel dorsal, s’il ne casse pas des briques, a le mérite de paraître plus naturel et spontané, Bonnie se payant une bonne tranche de rire.

Deux écoutes suffisent pour s’apercevoir qu’on a le droit à une production peu soignée, à vrai dire c’est une vraie foire d’empoigne qu’on entend ici, rien d’étonnant quand on sait que Jerry Wexler, Tom Dowd et Delaney Bramlett se sont partagés la prod au petit bonheur la chance, sans se soucier véritablement du travail des partenaires. Autre bémol, la partie arrangement semble être passée à la trappe, procédé des plus curieux quand on voit le nombre de belligérants qui se sont précipités pour venir tailler un bout de gras, à croire que Delaney proposait Open Bar.

Delaney Bramlett demeure le principal pourvoyeur en matière d’écriture avec trois compos et deux coécritures. D’entrée avec "Hard Luck And Troubles" on se dit que si le titre offre du dynamisme à revendre, il aurait fallu canaliser toute cette énergie, les instruments ayant tendance à partir dans tous les sens. La seconde piste laisse dans un premier temps une impression mitigée, comme si elle était passée à la lessiveuse. En fait "Good Only Knows I Love You" est une ancienne compo de Delaney et Mac Davis, un auteur tournant dans le giron de Nancy SINATRA, qui avait elle-même massacré la chanson sous la conduite de Billy Strange. Buddy Knox, l’auteur du hit "Party Doll" ne fera guère mieux, tout comme Solomon BURKE, chanteur d’une version en papier-mâché. La guitare de Charlie Freeman impulse une atmosphère country soul tirée du meilleur fût. Pour les amateurs d’anecdotes, Bekka Bramlett, fille du couple, reprendra la chanson épaulée par Billy Burnette. Le disque prend de la voilure avec "They Call It Rock & Roll Music", une mixture de southern rock laissant transpirer une énergie magnifiée par le sax de King Curtis et la guitare de Duane ALLMAN. Un titre qui ferme en beauté la face A, mais dont on se demande pourquoi il figure en dernière plage. Coécrit avec Bobby Whitlock, fidèle complice, "Alone Together" partait dans la bonne direction avec son intro de gratte typique du rock sudiste seventies, avant de se perdre sur la route du succès que jamais il ne trouvera. Impression similaire avec "Living On The Open Road" qui, malgré son quota de vitamines, ne parvient guère à retenir l’attention, un titre comme on en entend à la pelle, ne se démarquant à aucun moment.

Les reprises se caractérisent par l’apport d’inusités. "Lay Down My Burden" est le parfait prototype de country soul, le titre monte crescendo à l’instar de la voix éraillée de Bonnie Bramlett renforcée par une bordée de cuivres en goguette. Compo obscure du tandem George Soulé/Terry Woodford, "Let Be Be Your Man" surfe dangereusement entre deep soul et country soul. Quel dommage que le chant de Delaney manque tant de nuances et qu’il ne puisse s’empêcher de pousser sa voix inutilement, comme s’il avait quelque chose à prouver.
Bonnie parvient à donner un brin de voilure à "The Love Of Man", une balade deep soul d’Ed Townsend chantée par Theola Kilgore et popularisée par Etta JAMES. L’orgue churchy de Jim Gordon dessine le contour d’une ambiance d’église tandis que les cuivres de la Memphis Horn sonnent comme s’ils voulaient faire tomber les murailles de Jéricho. On a parfois l’impression que chaque corps de métier joue sa propre partition sur "Soul Shake", hit mineur du duo Peggy Scott/ Jo Jo Benson. Si c’est encore Bonnie qui impulse le plus de peps, les différents sidemen ne sont jamais sur la même longueur d’onde, ce qui est souvent problématique en matière de musique. Si l’interprétation relègue à des années-lumière la soupe d’un autre duo célèbre Loretta LYNN/Conway Twitty, elle se situe selon nous un cran en dessous par rapport à celles d’Angela STREHLI ou Tommy Castro. Delaney se prend pour LITTLE RICHARD sur "Miss Ann", mais avouons que si le Sieur Penniman officie bel et bien au piano, le trentenaire hippie est loin du compte. Une reprise qui n’arrive pas à la cheville de celle de Johnny WINTER. On peut penser que le steel guitariste Pete Kleinow, accompagnateur de Barbara Keith sur la version originale, a suggéré de reprendre "Free The People". Contrairement au folk d’origine assez dépouillé, cette reprise hésite entre une procession religieuse et patriotique, fanfare de style brass band et hymne hippie utopique. Une version qui nous semble cependant plus captivante que celles de Barbra STREISAND ou Olivia Newton John.
Terminons ce panorama avec un medley étrangement construit. En guise de fondation, Delaney et Cie reprennent le "Come On On My Kitchen", standard de Robert JOHNSON immortalisé en novembre 36. Ancré sur un jeu en finderpicking et la dualité des voix, le couple nous délivre un bon passage. Un morceau toujours très tendance, le duo Larkin Poe et Barbara Blue en ont fait leur cheval de bataille. Si "Mama He Treats Your Daughter Mean" a longtemps fait figure de pur R&B fifties, Bonnie transforme le titre entre Mississippi blues et holly blues. Un titre plein d’ironie au vue des rapport conflictuels que connaissait le couple et qui fait ici office de mur porteur. Enfin dans le rôle de la charpente Delaney et Bonnie reprennent "Going Down The Road Feeling Bad", un vieux folk appalachien connu sous le titre de "Lonesome Road Blues" enregistré pour la première fois par le guitariste Henry Whitter dans les années vingt. Le titre tombera dans la besace du folk avant d’atterrir dans l’escarcelle du bluegrass. Bonnie et Delaney nous en offre un folk évocateur de certaines protest songs.

La moitié de cet album s’oublie très vite, la faute à une production manquant de rigueur et d’attention. La multitude d’intervenants nuit à la cohésion de l’ensemble. En fin de compte seuls cinq pistes parviennent aujourd’hui encore à attirer l’oreille, ce qui fait trop peu pour atteindre la moyenne. Le meilleur atout du disque demeure encore la voix de Bonnie. Bien que le nom du groupe soit affublé de la locutions Friends, cette galette sera rangée sous le patronyme de Delaney & Bonnie.

Note réelle :2,5.

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   LE KINGBEE

 
  N/A



- Bonnie Bramlett (chant)
- Delaney Bramlett (guitare, chant)
- Duane Allman (guitare)
- Ben Benay (guitare)
- Charlie Freeman (guitare)
- Pete 'sneaky' Kleinow (steel guitare)
- Jerry Scheff (basse)
- Tommy Mcclure (basse)
- Kenny Gradney (basse)
- Ron Tutt (batterie)
- Sam Clayton (congas)
- Alan Estes (congas, percussions)
- Sammy Creason (batterie)
- Bobby Whitlock (piano)
- Jim Dickinson (piano)
- Mike Utley (piano)
- Little Richard (piano)
- Jim Gordon (orgue)
- King Curtis (saxophone)
- Andrew Love (saxophone)
- Ed Logan (saxophone)
- Frank Mayes (saxophone)
- Floyd Newman (saxophone)
- Jerry Jumonville (saxophone)
- Darrell Leonard (trompette, trombone)
- Jack Hale (trompette, trombone)
- Wayne Jackson (trompette)


1. Hard Luck And Troubles
2. God Knows I Love You
3. Lay Down My Burden
4. Medley:come On In My Kitchen/mama, He Treats Your
5. The Love Of My Man
6. They Call It Rock & Roll Music
7. Soul Shake
8. Miss Ann
9. Alone Together
10. Living On The Open Road
11. Let Me Be Your Man
12. Free The People



             



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