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- Style : Marianne Faithfull , Bob Dylan

Lucinda WILLIAMS - Stories From A Rock N Roll Heart (2023)
Par LE KINGBEE le 8 Août 2023          Consultée 1350 fois

Victime d’un accident vasculaire cérébral en novembre 2020 qui l’a laissé handicapée, Lucinda WILLIAMS n’en est pas moins restée inactive. La chanteuse a pris le taureau par les cornes en venant à bout d’un maudit caillot de sang qui a altéré la motricité de son corps côté gauche. Lucinda s’est offert un vrai parcours du combattant pour venir à bout de la maladie, il lui aura fallu réapprendre les bases élémentaires du quotidien : marcher, parler et écrire. Ses efforts ont fini par payer, en juillet 2021, elle revenait sur scène ; la native de Lake Charles a depuis publié Lu’s Jukebox, une série en six volets, sortes de Tributes tour à tour dédiés Tom PETTY, Southern Soul, Bob DYLAN, la Country Christmas et enfin The ROLLING STONES. Les volumes 3 et 4 sont chroniqués sur le site.

Cette fois la revoilà avec Stories From A Rock N Roll, son 15ème album studio. Depuis son regrettable accident, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, Lucinda ne peut plus jouer de guitare. Ceci n’a l’air de rien mais a changé son approche de la composition. Elle qui avait pour habitude d’aligner les paroles et de les apposer ensuite sur une mélodie interprétée à la guitare a dû changé de procédé, raison pour laquelle avec son mari Tom Overby, le couple s’est offert les services de Travis Stephens, un auteur-compositeur de Nashville et de Jesse Malin, un excellent conteur d’histoires, dont le couple avait produit un album d’avant pandémie.

Enregistré à Nashville par Ray Kennedy (également présent à la guitare et au tambourin), Lucinda peut s’appuyer sur quelques fidèles accompagnateurs : le bassiste Steve Mackey * (ex Delbert McClinton, Anson Funderburgh), les guitaristes Stuart Mathis (ex Chris ISAAK, Sara BAREILLES) et Doug Pettibone (ex Joan BAEZ, Jewell, Michelle Shocked) le batteur Fred Eltringham (ex Sheryl CROW, Miranda LAMBERT, Jake Bugg). Mais aussi plusieurs sidemen de renom sont venus lui prêter main forte : l’organiste Reese WYNANS (ex CAPTAIN BEYOND, Stevie Ray VAUGHAN, Buddy GUY), le batteur Steve Ferrone (ex Chaka KHAN, Eric CLAPTON, Tom PETTY) sans oublier Patti Scialfa (Madame Springsteen à la ville) et Bruce SPRINGSTEEN dans des rôles de choristes de luxe sur deux titres.

En guise de mise en bouche, "Let’s Get The Band Back Together" une petite pépite entre Rock N Roll et Americana met le feu aux poudres. Les guitares tissent une atmosphère pleine de dureté tandis que la rythmique s’emploie à créer un décor digne d’un parfait métronome sur une voix qui pose les jalons du répertoire. Une chose parait évidente derrière les paroles, la chanteuse n’entend pas s’en laisser compter et dresse les louanges de l’amitié et porte un toast aux disparus : "Some are missing and some still here - Let's sing a song for the disappeared - Let's raise a glass to the best of friends". Un titre qui se termine comme un Live sur une ambiance festive. Second coup de canon avec "New York Comeback", un Rock désenchanté dans lequel on reconnait aussitôt la voix du Boss SPRINGSTEEN. Là, la chanteuse nous fait part de son refus de se plier aux pressions quelles qu’elles soient et au rejet de sa maladie. "This Is Not My Town" se révèle plus véhément, Lucinda ne reconnait plus sa ville, se plaint d’une société évoluant sans âme tels des moutons. Un pamphlet contre la désinformation. "Rock N Roll Heart" qui donne son nom à l’album pourrait s’inscrire entre Tom PETTY et The BOSS du tout début eighties. Une ode au Rock N Roll registre sincère qui en aura sauvé plus d’un.

Mais tout n’est pas rose bonbon dans l’univers de Williams. Plus mélancolique avec la steel guitar de Pettibone, "Last Call For The Trut"» se déguste comme une ode au temps qui passe et à la jeunesse qu’on ne retrouve plus. "Jukebox" se range lui aussi dans la catégorie des ballades pleines de spleen avec pour thématique principale une solitude dont notre conteuse parvient plus ou moins à échapper par le biais d’un jukebox trônant dans un bouge à deux pas de chez elle, endroit où elle peut écouter Patsy CLINE et Muddy WATERS, deux de ses idoles de jeunesse. Une chanson qui évoque par moment "Good Time Charlie’s Got The Blues", ballade Folk de Danny O’Keefe. Si la mélodie de "Stolen Moments" ne dresse pas un climat de grisaille, la chanson évoque sans le nommer la disparition de Tom PETTY, grand ami de la chanteuse qui se rappelle des bons moments passés. Autre histoire de deuil avec "Hum’s Liquor" une ballade hommage à Bob Stinson, guitariste des REPLACEMENTS, décédé des suites à une addiction à l’alcool. La chanson prend de l’ampleur avec le chant et la participation de l’orgue Vox de Kennedy alors que les chœurs sont assurés par Tommy Stinson, bassiste et cadet de Bob.

Comme cela lui arrive parfois, Lucinda parvient à assembler une étrange toile chargée d’ambivalences et de mysticisme comme en atteste "Where The Song Will Find Me" une recherche ou une course vers une improbable notoriété, sous forme de ballade désenchantée. Sur une mélodie encore chargée de morosité, "Never Gonna Fade Away" aborde les problèmes de la créativité, qualité parfois ardue à mettre en place.

Après avoir vu sa maison détruite par une tornade, reçu de plein fouet les effets de la pandémie l’empêchant de se produire sur scène, à l’image de tous les musiciens, et enfin être victime d’un AVC combattu avec courage, Lucinda Williams nous revient dans une forme étincelante à 70 printemps. Formidable conteuse oscillant entre Rock N Roll, une Country alternative parfumée de Blues en droite ligne avec l’Americana, remarquablement secondée par une solide équipe, elle nous délivre encore une fois un album qui mérite le détour. Malgré les séquelles de sa maladie bien invalidante, on a l’impression que la voix et les mots sont devenus plus puissants et intenses. Lors d’une récente interview, Lucinda déclarait qu’elle n’avait pas perdu tout espoir de rejouer de la guitare. Une tournée européenne est prévue début 2024 ; si les publics anglais et allemands se taillent les plus grosses parts du gâteau avec quatre concerts, Lucinda se produira le 9 mars à la Cigale.

Vu son titre, ce disque est classé dans le rayon du Rock, mais celui de la Country Alternative aurait pu lui aller comme un gant.


*Homonyme avec le bassiste de PULP décédé en mars 2023.

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- Lucinda Williams (chant)
- Stuart Mathis (guitare 1-2-3-4-5-6-7-9-10)
- Doug Pettibone (guitare 1-2-5-6-8, steel guitar 3-4)
- Joshua Grange (guitare 9-10)
- Ray Kennedy (guitare 8, orgue 8, tambourin 2-5-6)
- Travis Stephen (guitare 4)
- Derek Cruz (guitare 6)
- Jim Oblon (guitare 7)
- Steve Mackey (basse)
- Steve Ferrone (batterie 1-2-3-4-5-6-8)
- Fred Eltringham (batterie 9-10)
- Will Sayles (batterie 7)
- Reese Wynans (orgue 1-2-3-5-6-7-10, piano 1)
- Rob Clare (piano 1)
- Lawrence Rothman (violoncelle 9, saxophone 9)
- Margo Price (tambourin 1, chœurs 7)
- Siobhan Maher Kennedy (chœurs 1-3-5-10)
- Patti Scialfa (chœurs 2-6)
- Bruce Springsteen (chœurs 2-6)
- Buddy Miller (chœurs 1)
- Sophie Gault (chœurs 1)
- Jeremy Ivey (chœurs 1)
- Angel Olsen (chœurs 4)
- Tommy Stinson (choeurs 8)


1. Let’s Get The Band Back Together
2. New York Comeback
3. Last Call For Truth
4. Jukebox
5. Stolen Moments
6. Rock N Roll Heart
7. This Is Not My Town
8. Hum’s Liquor
9. Where The Song Will Find Me
10. Never Gonna Fade Away



             



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