PLANXTY a bien failli ne pas durer plus de trois ans. Toutefois, même avec le départ de Christy Moore à l'automne 1974 et dont l'envie était de retourner à sa carrière solo, personne ne voulait que cela s'arrête, surtout pas les trois autres principaux concernés qui ont tourné pendant plus d'un an encore. Johnny Moynihan n'était là que pour un temps, de toute évidence, à l'instar de Paul Brady qui avait été envisagé pour combler le vide laissé par Moore.

Entretemps, Dónal Lunny intègre le BOTHY BAND dont l'existence demeure plus courte que celle de PLANXTY, proportionnellement inverse à son empreinte sur la musique irlandaise, gravée au fer rouge. Il y croise notamment un certain Matt Molloy, flûtiste spécialisé. Après cela, son rapprochement avec Christy Moore est à l'origine de la reformation de PLANXTY, juste à temps pour profiter davantage de ces années 70 si fastes. Quitte à ce que ce soit fait en hâte !

Quoique toujours distribué par Shanachie Records, en association cette fois avec Tara Music, le bien nommé After the Break est, pour clôturer une première période « londonienne », 100 % made in Ireland ; les deux albums suivants et ultimes iront dans le même sens. Aux tout fraîchement ouverts et futurs légendaires Windmill Studios de Dublin, ils sont les premiers à imposer leur savoir-faire, même si c'est pour un album mineur de leur carrière, produit en fin de tournée-réunion massive.

L'enjouée country irlandaise du "Good Ship Kangaroo", plus tranquille que franchement passionnante, est un de ces standards rarement repris, mais qui avait été immortalisée sur disque par l'acteur-chanteur vedette américain Burl IVES en 1958. On est certes heureux de retrouver la belle voix de Christy Moore aux côtés des arpèges combinés d'Andy Irvine et de Dónal Lunny (également seul producteur de l'album et qui joue ici de la blarge, un bouzouki enrichi spécialement local). La cornemuse de Liam O'Flynn fait un retour remarqué, mais rien de transcendant.

"You Rambling Boys of Pleasure", ballade délicate et dérivée du traditionnel bien connu "Down By the Sally Gardens", se laisse écouter pour les mêmes raisons, avec la vielle à roue d'Irvine en prime, mais huit minutes paraissent trop longues. Les instrumentaux rythmés ne se distinguent pas davantage durant cette première face, plaisante mais sans plus, à l'exception du dernier mouvement de "East at Glendart" aux couleurs printanières.

La seconde face du vinyle est un peu plus réussie dans son ensemble, même si le traditionnel "Smeceno Hero", avec ses rythmiques bulgares asymétriques et exigeantes, passant pour le morceau de bravoure, fiévreux, virtuose, se révèle aussi légèrement bancal. Andy Irvine a voulu ouvrir le répertoire irlandais à d'autres horizons, rien de mal en soi mais ce n'est pas pour autant une garantie solide !

Le seul titre convaincant reste "The Pursuit of Farmer Michael Hayes", aussi enlevé dans son pas de jig que profond dans son chant, avec un très bel effet crescendo dans le travail d'arrangement qui fait défaut à cet album, par rapport aux précédents. Autre souci : de très bonnes idées, tels le reel "Chattering Magpie" ou la superbe "The Bonny Light Horseman", chanson du début XIXème siècle où brillent O'Flynn ainsi que les polyphonies made in PLANXTY, ne sont apportées que par la version CD en 1992 ! Cette dernière est largement différente d'ailleurs dans la disposition des titres.

Invité sur deux titres, Matt Molloy s'en ira finalement très vite pour intégrer les CHIEFTAINS ad vitam. Un effort parenthèse, à écouter, comme tout album du groupe, mais moins souvent que les classiques.
2/5 pour le vinyle, 3/5 pour le CD.