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PLANXTY - The Woman I Loved So Well (1980)
Par MARCO STIVELL le 6 Septembre 2023          Consultée 1006 fois

Si PLANXTY revient à la toute fin des années 70 avec un album pépère, trop pour être mémorable, en 1980 avec The Woman I Loved So Well, le groupe est non seulement à contrecourant avec un âge d'or de la folk-music en perte fulgurante, mais en plus, il entre dans ses dernières années qui sont aussi les plus ambitieuses.

Pour ce deuxième disque et dernier publié chez Tara Records, PLANXTY s'offre le luxe de sa plus belle pochette, sans rien à voir avec la plupart des productions de l'époque elle aussi, en accord avec le plus beau titre choisi. Il ne peut s'agir d'une erreur par rapport à la beauté voulue de l'album ; d'ailleurs, faisant suite à Andy Irvine et son premier album solo l'année précédente, Christy Moore et Dónal Lunny monteront MOVING HEARTS, un projet parallèle nettement plus politisé.

En dehors du quatuor de base, le cinquième membre n'existe plus vraiment, puisque Matt Molloy, dernier en date, déserte quelque peu pour aller grossir les rangs des CHIEFTAINS et de manière durable. Toutefois, il participe encore aux sessions d'enregistrement pour The Woman I Loved So Well. En lieu et place, outre lui-même, PLANXTY se trouve complété par trois apports supplémentaires : le duo Noel Hill (concertina)/Tony Linnane (fiddle), ainsi qu'un certain Bill Whelan venu enrichir le groupe de ses claviers, et dont, en termes d'ambition musicale à l'irlandaise, on aura l'occasion de reparler.

Le doux parfum des Windmill Lane studios de Dublin offre à ces huit ou neuf titres un beau caractère printanier (ou automnal), à rapprocher du très joli Crann Ull de CLANNAD, dans l'écurie Tara Records également, paru la même année. On y retrouve cet aspect folk à guitares enrichi de modernité discrète : l'harmonium était déjà audible depuis un certain temps chez PLANXTY certes, mais Bill Whelan ajoute ici la finesse du piano électrique Fender Rhodes, tout comme le font les cousins du Donegal.

L'apport de celui-ci se ressent à merveille en contrechant grave des uilleann pipes de Liam O'Flynn sur le medley de jigs lents "Out On The Ocean/Tiocfaidh Tu Abhaile Liom" ou mieux encore, aux côtés du duo fiddle/concertina sur les excellents reels "The Woman I Never Forgot/The Pullet /The Ladies's Pantalettes". La modernité qui se fond discrètement dans la tradition a souvent du bon. Soulignons toutefois que les hornpipes "The Tailor's Twist" sont joués par O'Flynn seul, bourdon, mélodie et "nappe-réponse", tout en gardant un certain bonheur.

Question chant, le faussement joyeux "Johnny of Brady's Lea" permet à Andy Irvine de s'illustrer par sa voix aigre, entre un début déjà très contemplatif Lunny-O'Flynn et un final qui ressemble à un hymne religieux, du plus bel effet. On retient un peu moins son "Roger O'Hehir", sans doute à cause de sa redondance, malgré un bouzouki à l'avenant tout comme la participation guillerette de Lunny, et toujours cette fleur de mi-saison plus que plaisante. Les mêmes arrangements fonctionnent mieux sur le splendide et très brumeux "Kellswater", par Christy Moore cette fois et souvent en falsetto.

La répétition est marquante sur les titres de cet album et ne pose point problème en revanche sur l'introductif et lumineux "True Love Knows No Season", parcouru d'une vraie brise marine. Au solo magique de Liam O'Flynn se joint l'harmonica d'Irvine en une délicatesse et une harmonie désarmantes. C'est toutefois Moore qui mène le jeu sur ces titres, et grâce à lui quelque part, que The Woman I Loved So Well, en dépit de ses menus défauts, dépasse allègrement le 4/5 pour atteindre le rang de chef d'oeuvre, tardif dans une discographie presque à son terme.

Car il reste le morceau d'orfèvre : "Little Musgrave", trésor conclusif long de neuf minutes trente ou de onze et quelques, selon l'édition que l'on possède. Deux accords en boucle sur tout ce temps, cela peut sembler long, mais je vous jure qu'on ne le voit guère passer. La cornemuse est princesse souriante, le tin whistle lui fait la cour de loin, les arpèges doux sont magnifiques, la guitare finement réverbérée, la nappe d'harmonium diaphane, le piano électrique plus caressant que jamais.

Moore, ayant déjà fait une version solo, clame qu'il a trouvé les paroles écrites sur un papier tombé par terre, mais certains ont facilement reconnu la même racine de chanson que "Matty Groves", histoire sanglante anglo-celtique reprise par d'autres grands groupes tels FAIRPORT CONVENTION dix ans plus tôt. En tout cas, le trouvère irlandais par excellence nous berce dans le bon sens, à travers une ambiance crépusculaire. Le décrescendo de fin, si merveilleux, lui permet de dédoubler sa voix en chœurs graves. À 9 min 30, silence puis, selon, coda ou dernier titre court instrumental ("Paddy Fahy's Reel") avec piano suave encore et flûte traversière de Matt Molloy, si bien accordé à ce qui précède qu'il est dur de l'en dissocier.

Du grand, très grand art, que cet album le plus romantique de PLANXTY. Mon favori.

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   MARCO STIVELL

 
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- Christy Moore (chant, guitare acoustique, bodhrán)
- Andy Irvine (chant, mandoline, bouzouki, harmonica)
- Dónal Lunny (bouzouki, guitare acoustique, synthétiseur)
- Liam O'flynn (uilleann pipes, tin whistle)
- Matt Molloy (flûte traversière)
- Bill Whelan (claviers)
- Noel Hill (concertina)
- Tony Linnane (fiddle)


1. True Love Knows No Season
2. Out On The Ocean
3. Roger O'hehir
4. The Tailor's Twist (hornpipes)
5. Kellswater
6. Johnny Of Brady's Lea
7. The Woman I Never Forgot / The Pullet / The Ladies
8. Little Musgrave



             



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