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1971 Wet Willie
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2012 Miles Of Smiles

WET WILLIE - Wet Willie (1971)
Par LE KINGBEE le 13 Février 2023          Consultée 1024 fois

Batteur-chanteur au sein de Fox, obscur et modeste groupe californien, Lewis Ross quitte le beau soleil de la Bay Area pour s’établir à Mobile (Alabama) à 3000 bornes plus à l’est, une mégapole située à 200 bornes de La Nouvelle Orléans. Ross rencontre l’harmoniciste saxophoniste Jimmy Hall et son frangin Jack, bassiste de son état. Désireux de monter un groupe, les trois larrons sont rejoints par le claviériste John Anthony et le guitariste Rick Hirsch (futur Bonnie BRAMLETT, Gregg ALLMAN, Joan Armatrading).

La troupe grossit avec l’arrivée d’une choriste, Donna Hall, la frangine des frères Hall. Le groupe écume alors les scènes de l’Alabama et du Golfe du Mexique, se produisant dans les festivals de rock qui pullulent. La formation n’a pas à aller chercher bien loin pour décrocher un contrat avec Phil Walden, patron du label Capricorn Records basé dans l’état voisin de la Géorgie. Souhaitant se débarrasser de la main mise d’Atlantic et de sa filiale Atco qui distribue son catalogue avec des rondelles Atco (le logo Capricorn ne figure que sur les pochettes), Walden qui a déjà enregistré Duane ALLMAN est à la recherche de groupes sans contrat. Si Allman avait déjà servi de sessionman à Muscle Schoals dans l’antre des studios FAME de Rick Hall, Walden croit y voir un signe et embauche le sextet qui prend le nom de WET WILLIE.

En 1971, Capricorn vient de renégocier son contrat avec Jerry Wexler : si le petit label bénéficie toujours d’une distribution internationale par l’entremise d’Atco, le label peut désormais produire ses disques sous sa bannière avec l’apparition de rondelles aussi roses que flashy. Après avoir enregistré Alex Taylor, en guise de mise de départ, Walden n’hésite pas à donner sa chance à Jimmy Hall et à ses potes. Ancien manager d’Otis REDDING, SAM & DAVE et de Clarence CARTER, Walden n’a pas froid aux yeux -c’est lui qui avait enregistré Johnny Jenkins- et décide qu’il est temps d’envoyer Wet Willie en studio.

Walden fait appel à l’anglais Eddy Offord. Le producteur a déjà collaboré avec plus ou moins de succès avec PROCOL HARUM, The MOVE, TASTE et Brian Auger, mais ses récentes associations avec YES et EMERSON, LAKE & PALMER lui ont valu une soudaine notoriété principalement dans le domaine du Prog.
Enregistré au Capricorn Sound Studios à Macon, ce premier jet risque d’étonner par sa pochette que certains trouveront probablement ridicule voire hideuse. Il faut savoir que le groupe tire son nom d’une blague anglaise consistant à saliver son doigt et à le glisser dans l’oreille d’un autre. Nombreux sont ceux chez nous à penser que les Rosbeefs et ricains sont d’étranges olibrius. Si cette couvrante en a interloqué plus d’un lors de sa sortie dans les bacs, l’intérieur n’est pas anodin avec, à l’angle gauche de la double pochette, un bobtail qui lève la patte, peut-être une façon de marquer son territoire.

Le répertoire s’avère assez personnel. Ricky Hirsh demeure le meilleur pourvoyeur avec quatre titres, tandis que John Anthony apporte un autre, soit la moitié du disque à eux deux. Frank Friedman, un ancien copain d’école de Ricky Hirsh, se révèle un bon auteur en délivrant quatre autres titres. Rien d’étonnant, c’est lui qui avait recommandé ses potes à Walden.

Historiquement, WET WILLIE figure parmi les pionniers du rock sudiste, ce qui n'est guère surprenant, Macon et Mobile grosses mégapoles du Sud étant des places fortes du registre. Cependant, à l’instar de nombreux groupes de Southern Rock, Wet Willie, comme nous allons le voir, se démarque de la plupart des grands spécialistes, raison pour laquelle le succès sera moins grand, en dehors d’une histoire de promotion, Capricorn ne disposant pas des mêmes moyens que certains concurrents.

D’entrée, "Have A Good Time" renvoie à toutes les fondations du rock sudiste, sauf que les claviers sont plus présents et la guitare moins agressive que dans la moyenne des productions du moment. Si les claviers de John Anthony impulsent une mélodie accrocheuse avec une rythmique bien en place, c’est l’harmonica qui se détache à la moitié de "Dirty Leg", titre qui s’inscrit résolument entre ATLEE et J. GEILS BAND. On pourrait trouver pire comme référence ! Hormis des touches d’ivoire en toile de fond, "Spinning Round" pourrait servir de chainon entre CREEDENCE et l’ALLMAN BROTHER BAND. Impression similaire avec "Low Rider" sur lequel le chant de Jimmy Hall monte en intensité. Le chant monte encore d’un cran, se faisant plus déclamatoire sur "Rock And Roll Band" où Ricky Hirsch s’offre un bon petit solo de derrière les fagots.

Une belle ballade vient tempérer les ardeurs avec "Faded love", piste dans laquelle le piano tient les rennes de l’atelage. Un titre en droite ligne avec Dr Hook & The Medecine Show et KANSAS. Autre titre plein de douceur, "Pieces" est marqué par l’intro d’harmonica et une guitare pleine de justesse. Un titre à la limite de la country soul. De la country soul, on en retrouve les fragrances sur "Beggar Song", pièce pleine de groove qui pourrait s’insérer entre Elvin BISHOP et Mike BLOOMFLIED, se terminant sur un orgue qu’on croirait sorti d’un film de Dario Argento.
"Fool On You", dernière piste de l’album, pourrait à elle seule expliquer pourquoi le combo n’a pas connu le succès des ALLMAN BROTHERS BAND, MARSHALL TUCKER BAND, LYNYRD SKYNYRD ou LITTLE FEAT, autres poids lourds du rock sudiste. Les influences diverses des différents membres ont probablement échaudé un public friand d’une musique plus typique. Le saxophone de Jimmy Hall s’inscrit ici dans un registre proche d’IF ou de BLOOD SWEAT & TEARS, une sophistication peu courante et probablement trop complexe dans le country rock des péquenots chevelus du début des seventies. Le titre sera repris par les Hollandais de LIVIN’ BLUES.

L’unique reprise de l’album renvoie au melting-pot d’influences ayant selon nous effarouché une partie du public. C’est ainsi que Jimmy Hall nous assène une démonstration d’Harmonica Blues sur "Shame Shame Shame", grand classique de Jimmy REED. Si l’original montrait une guitare indolente et un harmonica paresseux bien ancré dans le style du Swamp, Hall nous balance ici un jeu d’harmo plein de peps qui tient plus de Little WALTER ou de Charlie MUSSELWHITE.

Premier jet plein de promesse, cet éponyme n’avait pas grand-chose à envier aux blockbusters de l’époque. Le répertoire reste cohérent et sincère, bien écrit et produit sans surenchère. L’apport d’Eddy Offord occasionne un changement de tonalité parmi la pléthore de Southern rock qui allait déferler dans le sud des States. Signalons que les différents membres du band auraient pu intégrer n’importe quelle formation. Jimmy Hall toujours actif sur la scène américaine vient de sortir un nouvel album sous son nom. Ce brillant harmoniciste-saxophoniste-chanteur, nominé d’un Grammy Award pour sa contribution à l’album Flash du regretté Jeff BECK, se produit à l’occasion au sein de BLACKBERRY SMOKE.

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   LE KINGBEE

 
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- Jimmy Hall (chant, harmonica, saxophone, percussions)
- Ricky Hirsch (guitare, chœurs)
- Jack Hall (basse, chœurs)
- Lewis Ross (batterie)
- John Anthony (piano, orgue, chœurs)
- Donna Hall (chœurs)


1. Have A Good Time
2. Dirty Leg
3. Faded Love
4. Spinning Round
5. Low Rider
6. Rock And Roll Band
7. Pieces
8. Shame, Shame, Shame
9. Beggar Song
10. Fool On You



             



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