Wet Willie est souvent considéré comme un groupe de southern-rock du fait de ses premiers enregistrements chez Capricorn et des concerts donnés sur la scène de Macon. Pourtant, pas de murs de guitares, mais du saxo et de la harpe, des paroles plutôt progressives, ce qui dénote avec les textes souvent réactionnaires de ses confrères, un côté soul, qui lorgne plus Otis Redding que Molly Hatchet.
Après une carrière prometteuse dans les seventies, avec surtout son quatrième opus Keop On Smilin’, le groupe, comme beaucoup d’autres, traverse difficilement les années 1980/1990, chaque membre partant de son côté tenter sa chance en solo. Et puis le groupe se reforme autour de la famille Hall qui, comme chez LYNYRD SKYNYRD ou l’ALLMAN BROTHERS BAND, constitue un noyau dur et solide avec Jimmy Hall au chant, saxo et 'harpe, son frère Jack à la basse et sa soeur Donna Hall au chant. Complétés par Ric Seymour à la guitare, T.K. Lively aux tambours, Ricky Chancey à la guitare et Bobby Moble aux claviers.
Et, pour un nouveau CD, quoi de mieux que de sortir ce superbe album live, enregistré à Woodstock le 13/08/2011, avec une très jolie pochette représentant la Joconde en couleurs pastels.

"One Track Mind" démarre superbement avec un licks de guitare qui donne l’ambiance. Fidèle à son habitude, le groupe évolue sur des mid-tempo, avec un son dense, de belles harmonies vocales et la voix de Jimmy Hall qui n’a rien perdu de sa puissance ni de son soul. Les chorus de guitare sont courts, le saxo enchaîne. Ils sont de retour, ce que confirme "She Caught The Katy", un morceau de TAJ MAHAL sorti en 1973 sur l’album Drippin’ Wet devenu un classique du groupe. Cette entrée en matière justifie à elle seule l’achat de l'album. Mais, la suite du show ne dépare pas : "Street Corner Serenade" propose une partie de sax magnifique tandis que les voix de Dona et de Ric s’envolent. C'est un titre très soul, très black music. C’est ici que l’influence d’Otis REDDING et de Stax est évidente.
"Rock Steady" fait parler les guitares, mais avec beauté et émotion. Quant à "Lonely", il met encore en avant la voix de Jimmy Hall dans une atmosphère cool comme un joli slow. Et WET WILLIE continue de dérouler son concert, avec des climats parfois bluesy mâtinés de soul comme "Rendez-vous With The Blues" qui porte bien son titre et qui figurait sur un album solo de Jimmy Hall en 1996, d’autres funky à l'égal de "Country Side of Life" et "Leona", chanson consacrée au restaurant de la Maman Louise (le Hudson hall à Macon) -On reste toujours dans la famille- ou de "Same Ole Moon" morceau dédié au père disparu.
Le show se termine par une superbe version de "Keep On Smilin'" qui n’a pas pris une ride en quarante ans.

Cet album live superbe signe le retour d’un grand groupe méconnu dans nos contrées, jouant une musique subtile et délicate mélangeant le son du sud à la plainte chaude d’un saxophone dans le clair de lune d’une nuit d’été en Alabama. C’est joli, non ? Mais moins que la musique de WET WILLIE.