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INTERPOL - Marauder (2018)
Par K-ZEN le 28 Mars 2023          Consultée 328 fois

En ces temps assez troubles, politiquement parlant, marqués par des manifestations et contestations que l’on jugera justifiées ou non et qu’on a vu venir avec leurs gros sabots, cette pochette fait sens.

Une pièce presque nue où l’on a disposé symétriquement des plantes de chaque côté d’une table grossièrement tirée, laissant d’irrémédiables et profondes traces sur le sol. Un sol jonché de fils, câbles, capharnaüm utilisé pour recueillir impressions, paroles, émotions, à même sa sortie via pléthore de micros.

[…Des câbles électriques pendant sur le sol, ce n’est toutefois pas une première. Mais lors du premier obstacle, ils s’animaient, pris d’une furia électrique incontrôlable, dans un immense couloir déserté, seulement éclairé par quelques néons feignants…]

Un mot maladroitement choisi, simplement mis-interprété, à dessein ou sans intention véritable, mené par un mouvement d’humeur incontrôlable, incontrôlé. A l’affût, tel le loup devant la bergerie, cette femme aux cheveux longs et pull blanc, cachée dans le coin gauche près d’une autre table basse, la main droite détenant une cigarette. A moins que ce ne soit un stylo, une méthode plus traditionnelle, difficile de distinguer clairement. Tout cela doit avoir un sens quelque part.

Je songe à ces conférences de presse dans Z, à Yves Montand s’essayant à d’autres rôles politiques chez le réalisateur Costa-Gavras. Voire à l’engrenage infernal et politique se refermant sur Lino Ventura au cours de sa dangereuse quête d’un hypothétique assassin de juges. L’assemblée finale ne nous fournira pas la vérité. Bien enfouie, plutôt dans les reflets du soleil dédoublés à l’infini par cette immense fenêtre étoilée finement par un insecte circulaire taquin.

Notre homme a-t-il débuté son laïus ? Costume cravaté, un faux air de Mads Mikkelsen chaussé de lunettes, montre assujettie au poignet gauche d’une main posée à l’horizontale et jointe à son homologue comme pour conjurer un stress éventuel au prix d’un effort difficile. La jaquette a été conçue par Matt de Jong, à partir d’une photographie sur laquelle figure Eliott Richardson, avocat célèbre pour avoir démissionné de son poste de membre du cabinet du président Ford lors du scandale Watergate en signe de protestation après que fut renvoyé Archibald Cox. Un artwork ayant finalement beaucoup en commun avec le titre d’ouverture, relatant un personnage isolé et vulnérable, sentiment déjà exprimé auparavant dans "Stella".

Le son est typique, la voix familière, c’est le sentiment qui nous anime quand on retourne voir un parent, un ami, une ex. Les souvenirs remontent, les bons, les cafés partagés, les histoires. Mais aussi parfois les mauvais dans une pensée parabolique, expliquant que pour le narrateur un baiser et une perte de sang soient sur un même plan. Ainsi ne pas tomber amoureux induit ne pas être malheureux. C’est une sorte de gloire mais silencieuse car ce n’est pas quelque chose dont on peut se targuer. "If You Really Love Nothing" est une ouverture savoureuse bien que totalement triste voire vaine.

Plus enjoué, "The Rover", premier single au feeling très Californien selon Paul BANKS, une marche au cœur du désert en plein trip d’acide, brosse le portrait d’un homme prophétisant l’Armageddon, charismatique et magnétique, sachant choisir ses mots afin de parler au plus grand nombre. Rock song au riff pétillant, y est soulignée une dynamique bizarre : tout le monde veut être un roi mais peut toutefois suivre quelqu’un d’autre dans un mouvement qui s’est déjà vu au cours de l’histoire. "Complications" en est la suite directe naturelle, chanson sortant du juke-box d’un bar au soleil couchant.

Ailleurs, d’autres amours différentes parfois contrariées : "Stay in Touch" conte l’histoire classique du triangle sentimental, "Mountain Child" l’attirance pour une personne vivant en symbiose avec la nature – un protagoniste pouvant encore être le fameux "Rover", décidément peut-être bien instigateur principal d’un concept-album à proprement parler –, "Number 10" et "NYSMAW" (« Now you see me at work » soit « Maintenant tu me vois à l’œuvre » mentionnant PRINCE) les frustrations qui peuvent naître mutuellement, respectivement par excès d’autorité ou manque d’engagement d’un côté ou de l’autre.
Enfin, pour conclure aussi bien qu’on avait débuté, "It Probably Matters", film surréaliste sur une relation terminée, propose sa langueur faussement joyeuse pour ce qui constitue le meilleur titre du recueil, juste derrière "Surveillance", critique presque dansante des réseaux sociaux réduisant leurs utilisateurs à de simples posts.

Ceci dit, il manque toujours quelque chose, difficile à définir précisément, une émotion, un riff, une note, le petit rien faisant franchir un palier décisif. Bof. Qui sait si on s’en reviendra. Tout cela doit probablement avoir un sens quelque part, à un instant précis dans l’histoire.

Pas un album majeur mais un album mineur correct. Le problème, c’est qu’ils commencent à être nombreux dans le réservoir d’INTERPOL.

2.5/5 arrondi à 3.

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- Paul Banks (chant, basse, guitare rythmique)
- Daniel Kessler (guitare lead)
- Sam Fogarino (batterie, percussions)
- Brandon Curtis, Roger Joseph Manning Jr. (claviers additionnels)


1. If You Really Love Nothing
2. The Rover
3. Complications
4. Flight Of Fancy
5. Stay In Touch
6. Interlude 1
7. Mountain Child
8. Nysmaw
9. Surveillance
10. Number 10
11. Party’s Over
12. Interlude 2
13. It Probably Matters



             



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