L’expression A Fine Mess est traduisible de deux manières majeures, qui peuvent d’ailleurs se recouper en y réfléchissant bien.

La première se rend disponible immédiatement via un visuel éloquent. Des lettres formant des mots parvenant eux-mêmes à articuler des groupes nominaux non centralisés ni alignés, un véritable cauchemar pour le psychorigide du quadrillage. Pas plus de différence marquée entre majuscules et minuscules. Dessous, en tête de gondole, les portes barrant l’accès à une commode dont la décoration ferait presque songer à deux routes parfaitement symétriques parcourues à l’instant T par des véhicules ayant érigé la notion de timing au rang d’art. Des traces de suie couvrent les immaculées finitions. Au-dessus, une surcouche de marbre sur laquelle un capharnaüm prend appui : lunettes, papiers, dossiers, classeurs et autres objets dont on peine à trouver le substantif adéquat. Un joyeux bordel en somme !

A Fine Mess pourrait être traduite en seconde instance par un beau gâchis et cela serait tout aussi valable quand on sait à quel point INTERPOL est parvenu avec un succès toujours peu démenti à transmettre désabusement et détachement via sa musique. Une aigreur dont on apprend à détecter la présence discrète via l’écoute attentive et soutenue tant elle est logée au fond de la gorge de sorte de ne pas braquer, exposant souvent une flamboyance certaine.

Si on jette ensuite un œil aux paroles ainsi qu’aux précisions apportées par Paul BANKS concernant le titre éponyme – ayant perdu un article au passage, on pencherait quasi-définitivement pour la première signification, ce duo carnassier mis en scène pouvant être rapproché du terrible duel Keith MOON/John ENTWISTLE qui ravagea seventies et chambres d’hôtel. Tant pis alors pour toutes les ex-copains ou copines qui ne recevront jamais le lien YouTube de "Fine Mess", déflorant savoureusement cet EP sorti le 17 mai 2019 et proposant cinq titres enregistrés durant les sessions de Marauder non intégrés à la setlist finale. Un riff écorcheur, un chant saturé, un duel de guitares typique, l’INTERPOL tel qu’on aimerait qu’il soit toujours.

Malheureusement, cette pièce restera lettre morte, malgré quelques moments à sauver de-ci de-là, un refrain, des chœurs, une attaque de guitare, des synthés… Concept-EP parfait exaltant les sentiments animant le bureaucrate à la fin du week-end et confronté à l’angoisse du dimanche soir, A Fine Mess confirmerait une impression de fin de règne entrevue sur Marauder, depuis confirmée via The Other-Side of Make Believe.

La disponibilité du trône semble ainsi se préciser, même s’il ne sera pas facile à investir.