Trente cinq ans que l’histoire dure... Retrouver les sbires de MUDHONEY c’est un peu revoir une vieille bande de potes perdue de vue depuis les premiers pogos originels, les bitures allant de pair, et les fêtes eighties devant de vieilles VHS de films d’horreur. Parce que les membres de ce groupe aux nombreuses références sont passés par toutes les vagues qui nous ont touchés : hard rock seventies, punk, post punk, psyché, garage, en parallèle avec toute la culture liée au "cinoche bis".

Catalogués grunge par les journalistes du début des années 90, ils n’eurent jamais le succès de certains de leurs suiveurs mais ils auront continué leur carrière pépère se foutant des diverses modes et ils ne sont jamais tombés dans les recettes quiet/loud/classic rock faciles à la FOO FIGHTERS, toujours aussi fidèles à leur label, la célèbre centrale Sub Pop. Car, de la mythique scène de Seattle, il ne reste pratiquement plus qu’eux à coté des activistes de MELVINS ou de GIRL TROUBLE.

Ces dernières années, le combo grunge s’était entiché de psychédélisme sur ces dernières œuvres. On l’oublie un peu mais le groupe phare qui les a réuni, outre les STOOGES pour leur facette "proto punk", est HAWKWIND pour le côté nettement space rock.

On retrouve ainsi des envolés psychédéliques dans la dernière galette. Le premier morceau, "Souvenir of my trip", sonne justement comme une chanson, c’est le cas de l’écrire, trippante à souhait. Le tribal "Almost everything" lorgne un peu vers le MONSTER MAGNET cosmique avec le jeu halluciné de congas de Dan Peters. "Move under" rend hommage au BLUE CHEER période Outsideinside. En parlant d’hommage, "Tom Herman’s Hermits" est littéralement dédié à un des héros de Mark Arm, le leader de MUDHONEY, Tom Herman, guitariste du fondamental PERE UBU, et évidemment le titre en question évoque un peu certains délires du fameux groupe phare garage proto post punk de la fin des années 70 ou du groupe antérieur, l’obscur ROCKETS FROM THE TOMBS. Le quasi expérimental "Flush the fascists" risque d’étonner les puristes bloqués sur "Touch me I’m sick", on y entend en effet d’étonnantes touches électroniques tout au long de cette composition marquée aussi par un solo "heavy bluesy" de Steve Turner. Le lancinant "Cascade of crap" peut aussi se rattacher à un certain "trip rock". Ainsi que la ballade ledzeppelinienne "One or two", marquée par les vocaux réverbérés.

En dehors de ces exercices à la fois planants et burnés, on retrouve le MUDHONEY que l’on connait désormais par cœur. Le saccadé "Move under" renvoie aux premiers jets "blue cheeriens". De même que la rythmique de "Cry me an atmospheric river". "Severed dreams in the sleeper cell" marche sur les plates-bandes d’un "swamp rock" retors qui se durcit progressivement. "Swamp rok" que l’on retrouve aussi dans le presque dansant "Little dogs", illustré par un chant iggyesque.

Le punk façon MUDHONEY n’est pas en reste avec une mention spéciale pour l’hypnotique "Here comes the blood", le hargneux "Human stock capital" qui dépote comme du PRIMITIVE CALCULATORS sans les machines, et le très recommandable "Plasticity". Il est dur certainement de retrouver l’intensité bordeline des missiles originaux comme "Here come sickness" ou "Dead love" mais le disque, plutôt varié, est toutefois fort recommandable.