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Hannah ALDRIDGE - Dream Of America (2023)
Par GEGERS le 13 Juillet 2023          Consultée 603 fois

C'est un album qui ne paye pas de mine. Un CD digipack tout simple, sur carton glacé. Sur un volet, la liste des musiciens, sur un autre la liste des morceaux et les crédits les accompagnant. Entre les deux, une galette et une photo de l'artiste, endormie ou simplement assoupie, rêvant certainement de cette Amérique onirique dont elle décrit les contours et intensifie les nuances. Pour les textes, il faudra repasser et vous accrocher pour tenter de les comprendre : Hannah ALDRIDGE traîne dans sa voix un accent marqué du sud des Etats-Unis. Ce même sud tortueux, nébuleux, pétri d'incertitudes, qu'elle décrit tout au long de ces neuf morceaux qui, mis bout à bout, donnent corps à un troisième album frappé du sceau d'une Americana triste, agrémentée de sonorités pop-folk sombres, qui voient la chanteuse déployer des mélodies vocales tour à tour enfumées ou gorgées de miel. Dream of America est pour vous si vous aimez Lana DEL REY, Julien BAKER. Mais il y a également ici une saveur unique, une identité forte, marquée par cette alchimie indicible entre la beauté de la voix, la richesse des mélodies et la force des textes. Le genre de mélange gagnant qui saura récompenser votre curiosité musicale.

Toutes ces chansons ont été écrites durant le confinement, un moment durant lequel je ne parvenais pas à envisager à quoi ma vie allait bien pouvoir ressembler, explique l'artiste. Je ne me sentais pas capable d'écrire sur moi-même et ma propre vie, car je ressentais alors de trop nombreuses émotions contradictoires que j'étais incapable de mettre en mots.

Ainsi, et alors que ses deux précédents albums étaient largement autobiographiques, Hannah ALDRIDGE s'est ici glissée dans la peau d'un personnage ancré dans une Amérique impossible à dater, mais que les ambiances de l'album pourraient ancrer à la fois dans les années 20 et les années 70. Plus que l'addition de morceaux bien individualisés, cet album cohérent s'écoute comme un tout indissociable et dégage une atmosphère douce, mélancolique, souvent désabusée, qui s'intensifie ou s'adoucit par vagues à mesure que l'écoute progresse. Les chansons ne servent pas ici à mettre en avant le talent de Hannah ALDRIDGE et de ses accompagnateurs, ce sont ces derniers qui se mettent à leur service.

Hautement collaborative, la conception de cet album a vu Hannah ALDRIDGE jouer au ping-pong avec l'artiste australien Lachlan Bryan et le producteur Damian Cafarella, lui aussi from down-under. Sur des bases de compositions élaborées par la chanteuse, les deux intervenants ont ajouté leurs suggestions, invitant Hannah à pousser au plus loin ses idées et ses intentions de renouvellement. Mixé par son père Walt, l'album a ainsi été achevé à la maison, ce qui lui donne certainement cette ambiance cosy, mais loin d'être chaleureuse. Il est en effet ici question de starlettes hollywoodiennes sur le déclin, de séducteurs psychopathes, de vagabonds menaçants. Hannah dépeint ici des vignettes sombres qui vont gratter sous l'épiderme de la société, comme une défiance à l'ordre établi, à cette volonté de lisser les comportement et gommer les aspérités individuelles.

"Dorero" qui ouvre l'album est à la fois feutré, ouaté et sombre, il y a ici une sorte de flegme qui tente d'apporter un peu de tenue dans le chaos. Le résultat est saisissant, à l'image de cette version langoureuse et sensuelle de "Portrait of the Artist as a Middle-Aged Man", sur laquelle Hannah susurre plus qu'elle ne chante, envoûte et ensorcelle. Lorsqu'il aborde des sonorités plus folk, l'album se fait à la fois plus accessible tout en restant surprenant. Riche et sombre, doté de belles mélodies "Beautiful Oblivion" est une splendeur désabusée. Titre folk pur jus "Unbeliever" résonne en écho aux réalisations passées de l'artiste, tandis que "The Fall", interprétée en duo avec Ben Glover, est sans doute le morceau le plus poignant de l'album. Ce mariage entre piano et guitares proposé par la demoiselle et son camarade trouve ici son climax, son point d'orgue, tant dans l'intensité contenue que dans la pureté souillée des mélodies. Attention chef-d'œuvre. En fin d'album, Hannah ALDRIDGE propose une reprise du tube "Pycho Killer" des TALKING HEADS, déconstruisant son rythme et ses mélodies pour, sur ses cendres, bâtir une savoureuse ballade jazzy-folk. Belle audace.

Avec trois albums dotés d'une identité différente et à chaque fois très marquée, Hannah ALDRIDGE brouille les pistes, évoluant dans des sphères folk qui, trop étriquées pour elles, explosent en éclats tandis que la chanteuse tisse une toile faite d'ambiances variées dont le dénominateur commun reste le doute perpétuel et la conviction que la douceur n'est qu'un leurre. Le résultat est d'une beauté qui mérite d'être écoutée et savourée.

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   GEGERS

 
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- Hannah Aldridge (chant)
- Gustav Sjödin (basse)
- Timy Detamore (pedal steel)
- John Beddgood (violon)
- Lachlan Bryan (piano, orgue, synthétiseurs, guitare)
- Damian Cafarella (batterie, percussions, guitare, synthétiseurs)


1. Dorero
2. Portrait Of The Artist As A Middle Aged Man
3. Beautiful Oblivion
4. Unbeliever
5. Dream Of America
6. The Fall
7. Psycho Killer
8. Catacombs
9. The Great Divide



             



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