Le titre de ce dernier album de The DAMNED nous interpelle, démontrant que la formation a toujours oscillé entre deux courants majeurs au fil de leur riche discographie : le post punk sombre et le psychédélisme. Plus bien évidemment le punk qu’ils ont inauguré dans la “perfide Albion” dès 76 et moult autres genres disparates qui ont fait d’eux un groupe aux références chargées mais qui a toujours eu une singulière personnalité, illustrée par une discographie qui aura bien influencée des groupes “hors normes” des années 2000 comme The EIGHTIES MATCHBOX B-LINE DISASTER ou les plus récents FAT WHITE FAMILY. Un groupe qui évite de jouer les titres connus préférant toujours innover alors que d’autres se contentent de rejouer ad vitam aeternam leurs chansons pour des questions évidemment de facilité mais aussi de royalties (vous avez dit GENERATION SEX ?). Les membres de DAMNED se sont toujours entichés des nouveautés, je me souviens ainsi d’une interview des années 90 où ils vantaient les combos alternos de l’époque comme JANE’S ADDICTION ou MINISTRY.

Donc un croisement de JOY DIVISON et de SYD BARRET, ce disque ? A voir. D’abord, on remarque que nos damnés sont dans une période créative ces dernières années, après dix ans de silence. Deux albums, un EP. Ce dernier disque a d’ailleurs été joué en intégralité en mars 2023 juste avant sa sortie à Paris. Ensuite, avec des concerts avec la formation originale (Brian James à la guitare et Rat Scabies à la batterie) jouant les premiers brûlots. En pleine forme, nos punks sexagénaires…

Les potes des PISTOLS retrouvent donc une créativité illustrée par des chansons aux atmosphères différentes, avec au cœur du dispositif le duo fantasque Captain Sensible / Dave Vanian, une véritable antithèse créative, les deux lurons étant opposés paradoxalement sur pas mal de choses.

A la première écoute, ce qui nous interpelle dans ce dernier opus plutôt long mais varié, ce sont les guitares puissantes du “capitaine pas si raisonnable que çà”, le registre vocal étendu de Dave Vanian, le remarquable travail à la basse, avec les influences pub et heavy rock, de Paul Gray, ancien EDDIE AND THE HOT RODS et UFO, de même que les claviers inventifs de Monty Oxymoron.

Le disque démarre très fort avec “the invisible man”, composition marquée par un passage quasi space rock à la HAWKWIND, des notes de piano pompées sur “I Wanna Be Your Dog” de qui vous savez… On retient de “Bad Weather Girl” une introduction justement bien dark et un refrain avec des chœurs plutôt resplendissant. La rythmique de “You’re Gonna Realise” est mémorable par son côté catchy, alternant avec un refrain pop à la mélodie planante bien accentuée. Rythmique lourde que l’on retrouve aussi dans “Beware of the Clown”.

Le chant de Dave est plus éthéré sur “western promise”, morceau agrémenté d’orgue et de trompette. “Wake the dead” avec ses chœurs à la LORDS OF THE NEW CHURCH flirte un peu avec le goth rock, rappelant les climats de “phantasmagoria” mais on souligne une fin décevante, même si le titre est au-dessus de tout ce que les SPECIMEN ont pu réaliser durant les années batcave. Sur “Follow Me”, Dave Vanian a des accents rockab. On est vite intéressé par les débuts rapides de “Motorcycle Man”, dopé par un faramineux orgue façon sixties. Cette facette années soixante se retrouve dans le garage “From Your Lips”. “Girl I’ll Stop at Nothing” n’est pas loin du MC5.

Darkadelic est indéniablement hétéroclite mais on aurait peut-être préféré un côté cold wave plus prononcé et une posture psychédélique autrement plus affirmée.