Quatre ans de préparation auront été nécessaires pour que SLIGHTLY STOOPID parte gravir l’Everest avec ce septième opus paru en 2012, Top Of The World. Et même si le band californien revêt ses bottes à crampons pour grimper les faces enneigées du plus haut sommet du monde, vous allez voir qu’ils ressortent leur recette favorite et commencent cette expédition le shit bien empaqueté dans leur sac à dos.

Cette ascension homérique débute donc avec des chaussures de marche toutes neuves et le moral au beau fixe pour faire les premiers pas qui mèneront - on l’espère - à la conquête de cet objectif. A cet effet, quoi de mieux que le titre "Top Of The World" et ses mélodies qui transmettent l’énergie et la positivité qu’on recherche quand on embarque dans un nouveau projet avec l’espoir de parvenir à son but.

Petite pause au premier campement pour un ravitaillement rapide sur le rythme chill de "Work", "Rhythm Streets" ou de "Don’t Stop" qui encourage à aller de l’avant grâce à la section de cuivres re-motivante qui arrive au bon moment. Tout randonneur sait que rien ne sert de sprinter, tout vient à point à qui sait garder une cadence de marche régulière donc on continue tranquillement à aligner les kilomètres sur la vibe jazzy de "Way You Move" ou sur l’instrumentale "Deal With Rhythm".

Il faut continuer à grimper malgré les crampes, alors pourquoi pas le faire sur "Your Love" en collaboration avec la légende reggae Barrington LEVY ou sur "Serious Man" pour conserver sa détermination ? Finalement, après bon nombre de pistes et de pas, on atteint enfin le sommet, le zénith, le nirvana qu’on pourra célébrer, époustouflés, avec les riffs de guitares blues et la basse atmosphérique de "Devil's Door". Puisque l’ambiance est à la fête, on pourra s’allumer un petit joint sur l’ode à la weed "Marijuana" et on écoutera "Drink Professionally" pour se réchauffer un peu et on finira pas s’endormir, la tête remplie d’émotion, sur la ballade aérienne "I’m On Fire".

Le lendemain (si on a survécut), on se réveille avec un café bien chaud pour se remettre de ses émotions et on attaque la descente jusqu’au plateau d’où on pourra admirer la vue une fois encore et se perdre dans ses pensées sur le mélange relaxant reggae-hiphop de "Just Thinking", un featuring réussi avec Chali 2NA des JURASSIC 5 où les cuivres nous poussent quasiment déjà à la mélancolie alors qu’on est même pas encore parti. On poursuit sur "Hiphoppablues" et son harmonica presque un peu country ou encore sur le reggae atmosphérique de "We Don’t Wanna Go".

Finalement, on comprend qu’il n’y a aucune raison de se presser donc on ne perd aucune miette de la vue, accompagné du reggae un peu décalé de "Pon Da Horizon" et on emboîte les derniers pas sur l’énergique "Ska Diddy" ou de "Underneath The Pressure" qui nous porteront sans effort pour les derniers kilomètres. Arrivé à bon port et les pieds éclatés (personne ne vous a dit de ne surtout pas mettre des chaussures toutes neuves ?!), on vire dans la nostalgie au son de la ballade "Mona June", puis on s’endort enfin dans un lit digne d’un roi sur l’interlude presque tropicale "New Day" pour rêver de nouveaux paysages.

En fin de compte, on se réveillera en baignant dans un bonheur post-aventure sur l’instrumentale "Intro To Organics", chill bien comme il faut pour redescendre avant de se faire rappeler définitivement à la réalité par la traditionnelle piste cachée, tout en punk-rock (un genre qui, vous l’aurez remarqué, manque de plus en plus dans la discographie de SLIGHTLY STOOPID). Le groupe continue à consommer et à produire sans modération sur les 21 pistes de cet album. Peut-être qu’il n’en faut pas moins pour tenir sur le chemin jusqu’à l’Everest et on apprécie les guitares ensoleillées et on espère surtout que personne ne suivra les conseils de cette kro pour leur prochaine randonnée.