Cette fois encore, je ne me suis pas précipité sur le nouvel album d’IZIA. Tu le sais, je suis assez amateur des deux premiers disques et plus circonspect sur la suite ; ce n’est pas trop ma came. Or le premier single que j’ai pu entendre ("Mon cœur") était plutôt dans la lignée des dernières années, certes assez efficace en son genre, mais quand même. Je me suis dit que le jour viendrait où l’occasion se trouverait d’écouter l’album ; j’ai plus tard mis l’oreille à bien d’autres choses avant d’y arriver. Il y a pourtant de drôles de hasards : juste après avoir trouvé le disque, juste avant de l’écouter, voilà que la chanteuse a fait un peu plus parler d’elle que d’habitude avec cette histoire de discours anti-macron qui a fait s’étouffer tous les bourgeois conservateurs du pays. Evidemment, ça m’a plu, d’abord car ce qui fait enrager cette engeance est toujours bon à prendre, ensuite parce que ça a montré qu’il y avait toujours quelque chose d’un peu rock’n roll en elle. Le fait qu'elle se remettait à interpréter sur scène quelques vieux morceaux était aussi un signe favorable.

Bref, j’étais mieux disposé quand le moment est venu de faire tourner le skeud. A l’arrivée, le bilan est à peu près le même que celui de l’album précédent. Ça passe pas si mal, bien qu’il y ait peu de chances que je le réécoute aussi souvent que les deux premiers. Je comprends cependant parfaitement que cela puisse trouver son public, de manière assez franche d’ailleurs. Après tout, il suffit juste d’être un peu plus ouvert que moi à la musique pop du moment. Quoique, du moment, ça puisse se discuter. Je ne suis pas un spécialiste de ce courant musical et je suis par ailleurs plutôt un contempteur de cette période, alors peut-être que je me trompe, mais il me semble que La Vitesse s’inspire en grande partie des 80’s. D’abord, et ça je l’affirme, il y a un côté très new-wave sur certains morceaux ("Etoile noire" par exemple) ; c’est d’ailleurs assez sympa grâce à l’énergie et à la puissance d’IZIA. En un sens, ça fait logiquement la synthèse entre ses faces pop et rock.

Et puis, il y a des moments où l’on croit entendre des références de la pop 80’s (style Mylène FARMER), avec cependant une différence majeure : la production qui est résolument de notre époque et, surtout, hyper présente. Beaucoup d’effets, de bruitages, de variations dans l’accompagnement (des cordes aux plans électro purs et durs), un mixage très dense et fourni. Ce vrai choix a pour lui de gonfler le disque, de lui donner bien plus de relief que ne pouvait en avoir La Vague. Mais il a contre lui d’en faire peut-être un peu trop, plus que Citadelle en tout cas. Il y en a qui aimeront, d’autres moins. Pour ce qui me concerne, je suis plutôt réceptif, même si j’aurais préféré davantage de dépouillement dans certaines chansons calmes qui auraient largement pu tenir sur la simple voix de notre amie.

Cette voix reste bien sûr l’un de ses principaux atouts, d’autant qu’elle réussit à la rendre davantage mesurée et aérienne, ce qui s’adapte mieux à ce style. Bien plus en maîtrise, elle amène parfois une certaine forme de tension, une menace orageuse qui participe largement à la vie de cet album, au même titre que les rares déflagrations qu’il contient (voir "Dehors (c’est la vie)" pour l’exemple). Mais c’est surtout avec les récurrents doublages harmoniques qu’elle séduit ici. Discipline qu’elle pratique depuis longtemps mais qu’elle pousse là aussi à un niveau de maîtrise supérieur. J’en arrive à davantage écouter ce qu’elle raconte et, tout allant ensemble, j’entends des textes plus intéressants - dernier progrès notable. Qu’elle parle d’elle ou de ce qui l’entoure, on perçoit un regard singulier sur la vie, plus nuancé. Certains textes sont davantage mis en avant, avec une instrumentation bien plus réduite (presque du piano-voix) ainsi qu’une mélodie plus fine. On en viendrait presque à parler de chanson (d’ailleurs j’en parle pour la dernière, "Le remède", belle conclusion). Est-ce finalement vers cette direction somme toute familiale que le cheminement de miss Higelin conduit ?

On verra plus tard ; pour l’instant on n’y est pas encore. Alors que Citadelle faisait ressentir un peu plus de maturité, La Vitesse masque souvent cet aspect derrière une image plus régressive. A commencer par celles de l’artwork mettant en scène une IZIA en pleine crise d’ado. On peut aussi entendre cela à plusieurs moments, en particulier à la fin du morceau-titre ou encore dans quelques arrangements dignes des boîtes de nuit pour lycéennes. Plus largement, on peut regretter un milieu d’album qui tourne un peu en rond, des mélodies et des effets redondants (quoiqu’elle ait arrêté avec ses ahahahah/ouhouhouh un refrain sur deux, tant mieux). Mais comme, d’un autre côté, on peut retenir quelques belles propositions (la jolie "Folle" ou, dans un style plus solaire, "Pura vida"), à l’arrivée le bilan n’est pas mauvais.