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CHANSON JAZZ  |  STUDIO

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1966 Bidonville
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1971 Soeur Ame
1973 Locomotive D'Or
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1975 Femmes Et Famines
1977 Plume D'Ange
1978 Tu Verras
1980 Assez !
1981 Chansons Nettes
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COMPILATIONS

1964 Cécile, Ma Fille

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1989 Made In Nougaro
 

- Style : Mouss Et Hakim, Serge Gainsbourg , Bernard Lavilliers , Art Mengo , Michel Legrand

Claude NOUGARO - Tu Verras (1978)
Par RAMON PEREZ le 23 Juillet 2024          Consultée 459 fois

Pour Claude NOUGARO, comme c’est d’ailleurs le cas de beaucoup d’autres, les années 70 furent un sommet de créativité. Six albums en huit ans, regorgeant tous d’explorations musicales. Un nombre immense de champs des possibles pénétrés avec style ainsi qu’une exigence soutenue. Le sommet de son art, sans aucun doute, qui est aussi passé par la scène. Il était alors accompagné de musiciens de grande classe avec lesquels, suivant les pas d’un FERRE, il poussait sa musique et son public dans leurs retranchements par des chants de plus d’un quart d’heure comme "Victor", le morceau de bravoure qui sublime l’enregistrement public de référence (Nougaro 77). Celui-ci parachève en quelques sortes cette incroyable période, mais il manque néanmoins à ce stade un dernier élément, la cerise sur le gâteau ; à savoir un vrai et beau succès populaire. Il en avait enchaîné plusieurs une dizaine d’années auparavant, à l’époque où il était une vedette. Il avait ensuite voulu être d’abord un artiste et était parti creuser son superbe sillon sans plus se poser de questions. Logiquement, cela s’était traduit par un succès d’estime, un public toujours là, convaincu mais peu massif. Cela s’était aussi traduit par l’absence d’une chanson qui s’envole sur toutes les lèvres, pas simplement sur celles des connaisseurs.

Cette chanson arrive du Brésil dans la valise de Marcia, la femme de Claude, originaire de là-bas, qui rentre d’une visite familiale où elle a entendu le morceau de Chico BUARTE sorti peu avant. NOUGARO fait tourner le disque, il est saisi par cette mélodie d’une extraordinaire limpidité malgré sa grande complexité harmonique. Cette bossa lui inspire l’un de ses plus beaux textes, un poème optimiste et pourtant inquiet. Les mots roulent sur la musique avec une fluidité désarmante, portés par le grand interprète qu’était le Toulousain. Intense, maitrisé, puissant, il fait ressortir très naturellement ces combinaisons verbales éternelles, ses hivers crépitants près du chat angora, son stylo qui fait neiger sur le papier l’archange du réveil mais aussi ses rats qui envahissent le monde. NOUGARO était fait pour ça, pour écrire ce texte.

Lancée sur les radios, "Tu verras" est un immense succès. On l’entend partout, au milieu d’aimables références de variétés bien d’époque. Ca contraste, ça marque, ça marche. Et ce n’est pas à négliger pour un chanteur de bientôt cinquante ans. Il paraît alors sur le retour après une dizaine d’années où, sans toutefois disparaître des radars, il s’était tout de même fait commercialement plus discret. Bref, c’est son heure et la sortie de l’album le confirme. Bientôt devenu disque d’or (une première le concernant), puis récompensé par l’académie Charles-Cros : succès populaire et critique, toutes les cases sont cochées. Cependant, avec le recul, on peut se dire que c’est peut-être un bien pour un mal. Car plutôt que de terminer cette magnifique période créative des années 70, Tu verras a peut-être démarré la période suivante où NOUGARO, chanteur désormais complètement établi, eut une certaine tendance à se figer.

Il faut bien reconnaître que ce succès sanctionne un disque plus accessible. Loin de moi l’idée d’avancer qu’il a été fait pour ça, c’est juste un constat. Il ne contient pas la grande inventivité de Sœur Ame, la diversité de Locomotive d’or ou encore l’intransigeance de Femmes et famines. Il donne l’impression qu’après ces années bouillonnantes, la créativité nougarienne rentre dans son lit. Que ça redevient normal. Attention, cela a sa beauté. C’est d’ailleurs sans doute la définition même du terme classique. Ainsi, il est tout à fait pertinent de démarrer l’écoute de cette discographie par cette pièce. On y entend le NOUGARO auquel on s’attend lorsqu’on ne connaît que ses tubes : chaud, cuivré, swinguant avec parfois des accents brésiliens.

L’ouverture de l’album nous ramène à l’époque des "Armstrong" et "Sing Sing", en ligne directe branchée sur New-Orleans transmettant régulièrement ses morceaux à adapter, jusqu’à la conclusion originelle du disque signée Quincy JONES. Pour ce qui est de "Nobody Knows", l’interprète porte impeccablement cette version franglaise d’un grand standard, au texte paraissant longtemps anodin avant de se révéler franchement dur. La mort rode, elle a pris Freddy, le frère du grand complice et pianiste Maurice Vander. C’était un accordéoniste, l’hommage qui lui est fait est plein de notes de cet instrument, tenu par le spécialiste qui accompagnait alors NOUGARO et qui n’était rien de moins que GALLIANO. Ce passage à l’accordéon illumine la face A, en écho d’un autre morceau beaucoup plus recherché, lui aussi composé par Vander : "La danse". Il s’agit d’une vraie performance pianistique, sur laquelle Claude pose un de ces textes dont il a le secret, souvenirs d’enfance ressurgis sur une mélodie particulièrement complexe. La soudaine irruption de l’orchestre au milieu de ce piano-voix achève de lui donner ses lettres de noblesse ; du très bel ouvrage.

L’autre face du vinyle est bien sûr dominée par "Tu verras". On y trouve ensuite deux chansons composées par Jean-Claude Vannier, un autre fidèle collaborateur du Petit Taureau toulousain, jamais très loin mais malgré tout assez peu impliqué dans les albums précédents. Lui aussi nous ramène quelques années en arrière, en particulier sur "L’aspirateur" qui rappelle ces nombreux morceaux aux accents Vaudevillesques que NOUGARO affectionnait particulièrement dans ses premières années. Cette touche d’humour est plaisante mais il est permis de s’attarder davantage sur la pensive "Insomnie" montrant le chanteur plus en retenue et même plutôt posé, ce qui est assez rare. Toutefois, le vrai bon morceau est pour moi celui qui n’était pas sur l’album à l’origine : "Nous n’avons pas de passeport". Très beau texte d’Audiberti, musique de Maurice et Claude qui procèdent par petites touches comme avec ce joli violon. Cela contraste ainsi avec les autres morceaux qui sont souvent orchestralement plus massifs. Enregistré à la même période, il avait été réservé pour une musique de film ; il a depuis été ajouté sur les rééditions qu’il conclut désormais de façon plus intéressante que ce "Mon disque d’été" davantage empesé.

Tu Verras est donc un classique nougarien. On doit lui reconnaître sa réussite, au-delà de l’exceptionnelle chanson-titre. On peut néanmoins lui préférer les disques plus aventureux qui l’ont précédé. Alors j’hésite entre trois et quatre étoiles. Je tranche avec cette phrase fascinante : "Mozart est fait pour ça" ; nous avoir expliqué un truc pareil mérite bien une étoile !

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2. La Danse
3. Autour De Minuit
4. Quand Freddy Est Parti
5. E Pericoloso Sporgersi
6. Tu Verras
7. Insomnie
8. L'aspirateur
9. Mon Disque D'été
10. Nous N'avons Pas De Passeport [supplément Rééditio



             



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