Le problème lorsqu'on s'appelle Steven WILSON, et qu'on a tendance à globalement réussir l'essentiel de ce qu'on entreprend, c'est que le surmenage finit par vous atteindre. Fort du succès grandissant de sa carrière solo et de ses deux premiers albums, et préparant son nouvel opus qui deviendra l'extraordinaire The Raven That Refused To Sing, le britannique ne peut plus se consacrer de la même façon à BLACKFIELD (ni même à PORCUPINE TREE mis en sommeil quelque temps avant).

Aviv GEFFEN, son complice, se voit donc cette fois confier l'essentiel du travail dans la création du nouvel opus du duo : il en compose tous les titres, Steven se contentant d'assurer le chant lead sur "Jupiter", et les choeurs sur trois autres titres, de jouer un peu de guitare, et de mixer le tout. Le britannique indique également clairement qu'il ne partira pas en tournée pour défendre l'album tout en confirmant cependant son attachement au projet et sa volonté d'en perpétuer l'existence.

Aviv GEFFEN se met au travail, et compose 30 titres, avant d'en sélectionner finalement 11, tous assez courts, raison pour laquelle l'album est finalement réduit à 31 minutes ce qui est très peu. Heureusement, l'Israélien n'a pas perdu sa patte mélodique, et le disque comprend de nouveau quelques jolies pépites, et de belles surprises avec 3 titres interprétés par des invités. Rayon musique, l'orientation pop chère à Aviv est plus prononcée que de coutume, avec des clins d'oeil plus ou moins marqués à RADIOHEAD, COLDPLAY, les BEATLES ou encore THE CURE et la new wave britannique. L'orchestre de cordes est présent dans presque tous les morceaux, apportant parfois une belle dimension orchestrale, mais aussi en rendant certains titres un peu trop sirupeux à mon goût. A noter également que les thèmes sont un peu moins cafardeux que de coutume sur la plupart des titres, alors que la pochette n'est pas une grande réussite.

Le morceau d'introduction, "Pills" est probablement le plus réussi de l'opus, grâce à son joli arpège de guitare, à la voix de Steven, et à la fin intéressante avec une jolie dynamique guitare / batterie. Mais "Jupiter", seul titre intégralement chanté par Steven, est également fort bien mené dans un style Rock 70's très mélodieux et doté d'un très bon refrain. "Springtime" est un bon titre très pop et assez dynamique pourvu d'une jolie mélodie joliment nostalgique et d'un bon mix autour de la voix d'Aviv. Sur "X Ray", la jolie voix de Vincent Cavanagh de ANATHEMA nous accompagne dans une belle atmosphère joliment orchestrée, alors que "Firely" nous engage dans un style plus théâtral incarné par le chant de Brett Anderson de SUEDE pour un résultat assez prenant.

Les autres titres sont parfois un peu quelconques, notamment "After The Rain" et ses dubs un peu lourdingues ou encore "Sense Of Insanity" qui met un peu trop en exergue les limites vocales de AVIV tout comme "Faking" sur lequel l'émotion perce moins facilement que de coutume. "Kissed By The Devil" est un peu plus rock sans totalement convaincre, alors que "The Only Fool Is Me" et "Lost Souls" méritent un peu mieux que la moyenne mais guère plus. Cependant tous les morceaux ont ce petit quelque chose d'attachant qui les rendent malgré tout agréables et parfaitement digestes.

Malgré quelques bons moments, l'album souffre néanmoins clairement du manque d'investissement de Steven WILSON, Aviv GEFFEN n'ayant, pas malgré son indéniable talent, les épaules pour porter le projet seul, et quoi qu'il en soit, un duo est fait pour fonctionner...à deux. La durée de l'album reste rédhibitoire à ce niveau (comme dirait un commentateur sportif), et certains titres auraient probablement mérité d'être développés et emmenés un peu au-delà de l'idée de départ qui les a fait naître car ils avaient un indéniable potentiel.
Malgré ces remarques, l'album ne mérite pas l'opprobre qui lui a parfois été jetée, et obtient selon moi tranquillement la moyenne.