Après l'excellent Nightmare extrêmement bien accueilli par les fans et la critique, AVENGED SEVENFOLD prend son temps et vient à bout d'un planning bien rempli pour nous proposer trois ans plus tard un nouvel enregistrement. Ce sera ce Hail To The King à propos duquel les Californiens affirment vouloir revenir aux bases du Heavy Metal en se rapprochant du son et de l'esprit des pionniers du genre, notamment LED ZEPPLIN et BLACK SABBATH. Si l'envie d'une certaine simplicité est louable, les moyens ne leur manquent pas néanmoins pour donner vie à leurs ambitions : le producteur éclectique et auréolé de nombreux succès Mike Elizondo est choisi pour le nouvel album, toujours chez Warner Bros Records, alors qu'une cohorte de musiciens de studio est recrutée pour donner au disque toute l'ampleur recherchée, notamment dans les nombreux passages orchestrés. Le fait le plus marquant est néanmoins la présence d'un nouveau batteur : Arin Llejay prend le relais de Mike Portnoy (qui avait simplement dépanné sur le précédent opus) pour remplacer le regretté The Rev et enregistrer pour la première fois avec le groupe.

Forts de toutes ces circonstances favorables et des habituels atouts des vengeurs bibliques, la voix de M. Shadows et la guitare de Synyster Gates en tête, on pouvait dès lors s'attendre à un très grand album, aussi réussi que les deux précédents qui avaient enfin positionné le combo très haut dans le cœur des fans de Heavy Metal, déconcertés aux débuts du groupe par le look et les attitudes de ses membres (sobriquets un peu puérils en tête).
Au regard de cette attente, l'album quoique correct, ne remplit pas toutes ses promesses. La recherche d'une musique plus simple et directe est manifeste, mais elle gomme largement une bonne part de la singularité des Américains, notamment leur inspiration débridée et leur capacité à surprendre. Pire, les influences très marquées qui irriguent leur musique sont beaucoup plus manifestes et moins acceptables au service de titres plus concis et moins ambitieux que de coutume. Les thèmes abordés dans l'opus ne brillent pas non plus par leur originalité : l'oppression religieuse, la tyrannie monarchique, la guerre, la fin des mondes et j'en passe, la pochette assez bateau résume bien cette atmosphère.

Pourtant tout commence au mieux par le superbe "Shepard Of Fire" à l'intro majestueuse, réhaussée par une forte section de cuivres qui lui apporte une dimension épique du meilleur effet. Le titre est efficace, le chant de M. Shadows parfaitement en place, alors que la guitare de Synyster Gates se fait d'entrée incisive et brillante en solo comme harmonisée avec celle de Zacky Vengence. D'ailleurs, tous les solos de Synyster sont superbes sur le disque, ce n'est vraiment pas à ce niveau que l'album pêche.
"Hail To The King" déboule avec une belle intro en tapping, titre bien fichu au refrain fédérateur, mais on constate déjà que la folie et l'inspiration habituelles sont un peu restées au garage. Ceci est largement confirmé par un "Doing Time" qui manque de personnalité, l'influence de GUNS & ROSES étant beaucoup trop manifeste, jusqu'au chant de Shadows. Et que dire de "This Means War" plus METALLICA que du METALLICA, ce qui cette fois ne passe pas, contrairement à ce qui était le cas du autrement plus inspiré "Buried Alive" sur le disque précédent. Même constat sur "Coming Home" penchant ostensiblement vers IRON MAIDEN : c'est bien fait mais le refrain évoque la période Blaze Bailey, ce qui n'est pas un compliment sous ma plume, et de toutes façon AVENGED SEVENFOLD ne peut pas se contenter de singer ses héros.

"Heretic" est le second très bon titre de l'opus, avec un joli démarrage dépouillé guitare et voix, une certaine légèreté dans le propos et un refrain superbement inspiré sur lequel la belle voix de Shadows prend des accents plus mainstream pour notre plus grand bonheur, cette fois. Les parties instrumentales sont également parfaites avec un grand solo de Gates. J'aime aussi beaucoup la dernière pièce du disque, "Acid Rain", une power ballad introduite au piano, une superbe orchestration avec force cordes et cuivres, et un refrain au top pour une des meilleures prestations de M. Shadows sur le disque. Sa petite sœur "Crimson Day" est moins inspirée malgré la qualité des ingrédients de base, les beaux arpèges et la présence de l'orchestre; ce sont comme souvent les interventions de la guitare de Gates qui y sont les plus intéressantes. "Requiem" avec ses chœurs religieux en intro aurait pu être un très bon morceau, mais ne décolle pas vraiment, alors que "Planets" malgré une superbe intro batterie-orchestre manque finalement un peu sa cible faute de mélodies suffisamment fortes.

Vous avez compris que si Hail To The King est loin d'être un mauvais album, il constitue néanmoins une légère déception au regard du potentiel d'un groupe qui nous avait habitué à plus d'audace, de personnalité et d'inspiration. L'impression générale est que les multiples influences du combo ont été cette fois passablement digérées et que les importants moyens mis à la disposition des Californiens auraient dû leur permettre de faire mieux. On sait désormais que ce n'était que partie remise, les excellents The Stage et Life Is But A Dream ayant depuis largement remis les pendules à l'heure. Je reste sur un 3 pour l'opus qui reste agréable à écouter et contient quelques excellents titres.