Après un City Of Evil bien déjanté et en forte rupture avec l'orientation Metalcore des début, AVENGED SEVENFOLD nous revient avec l'album qu'ils ont eux même décrit comme venant ponctuer voire clôturer leur première partie de carrière. Ils ne croyaient pas si bien dire, cet opus est en effet le dernier auquel participe pleinement leur spectaculaire batteur The Rev, brutalement disparu durant l'enregistrement de l'album suivant. C'est aussi probablement l'enregistrement où l'influence de ce dernier, musicien fantasque et éclectique, se fait la plus profondément ressentir.

Le titre de l'album ne trompe pas, cet Avenged Sevenfold vise à capitaliser sur les différents styles explorés lors des albums précédents, notamment le virage plus franchement Heavy Metal de la dernière parution.
Mais comme les californiens ne feront jamais les choses totalement comme les autres, ils profitent de l'occasion pour se lâcher et entremêler leurs grandes influences Heavy, principalement METALLICA, IRON MAIDEN et GUNS & ROSES pour faire court, avec leurs racines Metalcore, Emo voire Pop, pour un résultat parfois génial et séduisant, parfois un peu outré et agaçant, et dont le principal mérite est de ne laisser personne indifférent.

Les principaux atouts du groupe sont cependant bien de sortie : un chanteur de plus en plus bluffant, à l'aise dans des registres variés, et qui semble avoir définitivement abandonné le growl et les hurlements (tant mieux), un guitariste spectaculaire aux riffs et solis acérés et inspirés, de multiples parties de guitare harmonisées, et un batteur au jeu très personnel, souvent ébouriffant, et très impliqué dans la composition et les choix artistiques du combo.

"Critical Acclaim" qui ouvre l'opus est une superbe entrée en matière qui expose tous les ingrédients suscités. L'intro à l'orgue d'église est majestueuse, les guitares harmonisées qui suivent sont superbes, et l'ambiance devient vite assez malsaine, accentuée par les bouffées metalcore résiduelles impulsées par la batterie de The Rev, avant quelques accalmies du meilleur effet. On retrouve cet art du patchwork sur un titre comme "Almost Easy" qui alterne de gros riffs à la METALLICA avec un beau refrain, un superbe solo de Gates et un chant bien agressif mais en voix claire.

"Afterlife" démarre superbement avec un très bel ensemble de cordes (oui oui), puis une superbe intro typiquement MAIDEN, avant de basculer sur des couplets dynamiques mais un peu décalés à mon goût, et un refrain légèrement poppy. "Unbound" nous offre une intro énorme, très heavy, sur un tempo ultra rapide, avant un couplet plus léger appuyé par un piano "western" et un refrain plus quelconque. "Lost", après une intro une nouvelle fois très Vierge De Fer, déboule en format ultra speed, garni de superbes lignes de lead, mais déconcerte sur le refrain par le recours à l'autotune sur la voix de Shadows. "Scream" est plus classique dans un registre lourd et un peu glauque illuminé par les superbes traits de gratte de Synister Gates nous conduisant à un second refrain brillant et très mélodieux.

"Gunslinger" surprend avec son intro en mode Blues pastoral, ses traits de guitare slide, et la jolie voix claire de Shadows. La secpnde partie du titre est nettement plus lourde, plutôt réussie pour un titre qui tient finalement fort bien la route. C'est aussi le cas de "Brompton Cocktail" et son intro originale à base de tambours et de sonorités aïgues, avant le gros et bon riff de service, et le soutien inattendu mais séduisant de cordes sur les couplets. Le refrain est fédérateur, et le solo de guitare une nouvelle fois incandescent. "Dear God" démarre dans un style country étonnant, agrémenté de guitare slide, pour se dérouler comme une jolie ballade assez sympa avant une fin plus dynamique agrémentée de belles parties de gratte qui me font un peu penser aux EAGLES.

Bon, il nous reste à commenter le titre le plus improbable, "A Little Piece Of Heaven" morceau de The Rev très inspiré par la comédie musicale. C'est totalement barré et hors norme mais parfaitement orchestré et maîtrisé. Je vous recommande le petit film d'animation ultra gore qui l'accompagne, pour un résultat bien loin des contrées Metal et même de toute référence usuelle.

On ne peut finalement que s'incliner devant la liberté et l'audace d'un groupe qui ose tout, et qui donne un sacré coup de pied au cul à une musique devenue au fil des années trop formatée et prévisible, se transformant le plus souvent peu à peu en caricature d'elle même. Pour autant, il est difficile d'adhérer à toutes les audaces d'un tel disque : personnellement je passe son écoute dans l'ascenseur émotionnel, entre des passages qui me laissent ébahi, et d'autres auxquels j'adhère moins. J'ai finalement du mal à trouver dans tout cela un ou plusieurs titres qui soient d'incontestables classiques, alors que le potentiel du groupe est objectivement énorme et sa classe indéniable. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, mon 3,5 objectif se transforme en 4 tant il me semble important, comme souvent pour ce combo, de soutenir ceux qui osent sortir des sentiers battus.