Marc Chantereau, Pierre-Alain Dahan et André Pezin battent le fer tant qu’il est chaud et donnent rapidement suite à leur premier album couronné de succès. Fly Away caracole à nouveau en tête des charts Dance outre-Atlantique. Il n’y a pas grand-chose à ajouter par-rapport au précédent album, si ce n’est le rôle grandissant de la chanteuse Sylvia Mason-James qui participe comme soliste à trois des sept titres de l’album. En gros, on prend les mêmes et on recommence, VOYAGE proposant ici à nouveau une série de morceaux enchaînés en deux suites de plus d’un quart d’heure.

La première face, dans la lignée directe du précédent album, démarre en trombe avec "Souvenirs" qui succède à "From East To West" en tant qu’entame sensuel de ce voyage qui se poursuit avec de nouvelles revisites de musiques de différents continents. Sauveur MALLIA s’affirme avec des lignes de basses tantôt rondes ou percutantes, et André Pezin touche sa bille, mais on sent que le groupe éprouve une recette, les prétextes africain ("Kechak Fantasy") et oriental ("Eastern Trip") étant reconduits dans le même ordre et les enchaînements étant un poil moins naturels qu’avant. Il reste malgré tout l’hypnotique "Tahiti, Tahiti" qui marque quant à lui une progression de la part accordée au chant depuis le premier album, tendance qui se confirmera par la suite.

La seconde face enchaîne trois chansons dans le plus pur style Disco, variant les styles mais coupant court aux escapades exotiques. Malgré les performances vocales de Sylvia Mason-James et Bobby McGee ainsi que le soutien des chœurs, la magie commence déjà à s’estomper. La formation garde toujours une belle pêche funky, mais les transitions semblent cette fois vraiment forcées (cf. Love’s In You, Love’s In Me de Giorgio MORODER), et les chansons en elles-mêmes, sans être mauvaises, laissent apparaître quelques longueurs. En particulier, "Gone With The Music", une tentative de retour à un son plus rock, tombe à plat et s’éternise péniblement. Bien que proche de son prédécesseur dans sa conception, Fly Away s’avère inférieur car inégal. La mode du Disco commence alors à décroître et il serait temps pour VOYAGE de se renouveler.

Signalons l’existence de deux albums intitulés Spécial Instrumental, compilant comme leur titre l’indique des versions instrumentales des deux premiers VOYAGE ainsi que de l’album Sylvia Mason (1979) de la chanteuse éponyme et produit par VOYAGE. Ces deux Spécial Instrumental étaient à l’époque destinés aux disc-jockeys, mais ont aujourd’hui perdu leur intérêt, d’autant plus que les enchaînements sont supprimés (et remplacés par des fade-out) et que certains morceaux sont écourtés (en particulier concernant le premier volume). Mieux vaut s’intéresser à Discotch (1981), medley de huit minutes enchaînant quatre morceaux extraits des deux premiers VOYAGE, concocté par le DJ néerlandais Eric Benjamin. Les deux Spécial Instrumental, les singles Discotch et Please Love Me ainsi qu’une plâtrée de mix alternatifs figurent en bonus des rééditions des deux premiers albums de VOYAGE sur le label Harmless, dédié à l’exhumation de raretés musicales.