On prend les mêmes et on recommence!

Il est risqué d’appliquer plusieurs fois la même recette, une occasion rêvée pour s’adonner à toutes les redondances possibles et imaginables. Ainsi donc, le volume 3 de la série Disco & Co est un jumeau du volume 2 – nous avons vu que le volume 1 est quelque peu à part. Disco & Co Volume 3 reprend de son prédécesseur les cordes et cuivres, et la momentanée mise en retrait des claviers électr.on.iques. Cela se traduit d’abord par un "Melody Melody" très moyen, une sorte de mid-tempo violonneux oversucré et obsolète d’office. Une fois de plus, Georges Rodi s’en tire avec les honneurs mais ne peut pas rattraper la sauce à lui seul. Le "Disco Free" qui suit reconduit les cordes mais se révèle banal et anecdotique. Une piètre entrée en matière qui nous fait craindre un essoufflement de fin de série.

La suite est heureusement meilleure. Il faut attendre la quatrième plage, "Queen Vodka", pour enfin entendre sur cet album les cordes judicieusement mises à profit. Si "Melody Melody" reste sur l’estomac, la conjonction des cuivres, des cordes, d’une rythmique puissante et des interventions solo de Georges Rodi fonctionne à plein sur "Meganapox" et surtout "Queen Vodka".

"Wood Touch" insuffle un excellent groove ternaire, non mélodique mais riche en claviers et en percussions punchy. En attestent les hypnotiques battements de toms en guise de pont, même si on peut regretter un certain manque de variation. Dans le genre guitaristique, on peut apprécier "Latinissimo". "Baby’s Band" signe le retour conjugué des cuivres et des cordes. Tout cela est sympathique, le beat entraînant, mais c’est trop monolithique et on finit par décrocher.

"Reggae-ci Reggae-là" achève l’album de façon poussive et statique, préfigurant par là même le ridicule "Synthetic Reggae" de Synthesis 1 (1980) de CHANTEREAU & DAHAN. Voilà qui résume bien les défauts de l’album : le manque d’inspiration transparaît par de nombreuses longueurs, plusieurs faiblesses mélodiques, tout cela prend un air de pilotage automatique. À l’exception de "Queen Vodka" et "Meganapox", nous avons la triste impression d’écouter des chutes des deux précédents albums.

2 ½ sur 5

En définitive, nous pouvons voir en Disco & Co une mise à plat du savoir-faire musical de VOYAGE. Du gros kitsch qui tache, mais aussi les tubes sensuels de Sylvia Mason (l’album) et Fly Away, les rythmiques robotiques de Arpadys, des essais rock et reggae (que le groupe va exposer plus avant sur le si bien nommé Rock & Reggae de 1981), même s’il manque du cosmopolitisme et de l’esprit de suite des deux premiers albums.
Les trois Disco & Co sont royalement ignorés des rééditions de VOYAGE de 2012 – seul "Dance & Romance" figure sur l’édition deluxe de Fly Away, c’est stupide. Heureusement, suite aux rééditions digitales de la majorité des albums vinyle de Tele Music – les onze derniers volumes (TM 3104 à TM 3113, TM 3115) sont complètement passés à la trappe et deux compilations récentes sont numérotées à la suite de TM 3103, c’est complètement débile –, les Disco & Co sont enfin facilement accessibles.