Voyage est le fait de trois musiciens de studio français : Pierre-Alain Dahan a œuvré dans l’ombre de Jean-Claude Petit, Christian Langlade ou Eddie Mort SHUMAN, avant de collaborer avec Mat CAMISON à l'occasion de trois albums en duo pour l’illustration sonore. Il a fondé également les projets The PEPPERS puis V.I.P. CONNECTION. Le percussionniste Marc Chantereau enregistra pour Michel DELPECH, BARBARA ou Léo FERRE. Quantà André Pezin, prolifique guitariste de session, il a déjà officié pour Nino FERRER ou Manu DIBANGO, et participé au projet CCPP avec Marc Chantereau, André Ceccarelli et Christian Padovan.
Le 45-tours Please Love Me Again/West Coast Drive (1975) de V.I.P. CONNECTION ne faisait que timidement préfigurer Voyage, malgré ses intonations déjà très Disco. Le mélange électrique-électronique, pourtant déjà ébauché avec The PEPPERS, est ici quasiment absent, seule une boîte à rythme émergeant de "West Coast Drive". "Please Love Me Again" est une chanson très quelconque et oubliable, et même le "West Coast Drive" un peu meilleur ne sauve pas V.I.P. CONNECTION de l’anecdote.
C’est en 1977 que tout commença vraiment. Un premier album sans titre, édité par le label Sirocco du producteur Roger Tokarz, marqua l’irruption de la formation dans le courant Disco. Les trois singles "From East To West", "Scotch Machine" et "Lady America" connurent un joli succès commercial et firent un tabac en discothèques, se classant n°1 du bord Dance Club Songs du Billboard 200 américain en 1978. Pas d’atmosphère érotique débridée avec Voyage; le titre et la pochette sont on ne peut plus éloquents, le groupe s’applique à revisiter à la sauce Disco différents folklores musicaux de par le monde.

L’album s’ouvre sur "From East To West", véritable hymne Disco, très comparable à ce que l’on peut trouver chez Donna SUMMER ou Chris Bennett chez Giorgio MORODER. Si la chanteuse noire anglaise Sylvia MASON n’est pas créditée (elle le sera sur l’album suivant), il y a fort à parier que c'est elle derrière le micro de cette chanson, à l’ouïe de la similitude vocale avec les chansons suivantes de Voyage. Ensuite, tout s’enchaîne avec brio; malgré la diversité des influences, le groupe maîtrise à la perfection les transitions et changements d’ambiance tout au long des deux suites de l’album.
Il n’y a pas de retour de thème comme sur le premier MUNICH MACHINE (1977) ou sur Love To Love You Baby (1975) de Donna SUMMER, mais ce disque reste d’une homogénéité surprenante. La succession de "Point Zero", garni de scansions d’inspiration africaine (sans parler de l’hallucinante section rythmique) et des quatre instrumentaux qui suivent est irrésistible malgré la césure inhérente au format vinyle; l’osmose instrumentale est parfaite.
On peut citer, en plus de "Point Zero", la participation de Georges Rodi qui donne la réplique aux cordes voluptueuses de "Orient Express", la signature guitaristique d’André Pezin sur "Lady America", et plus généralement l’impressionnant travail sur les percussions. La seconde véritable chanson "Lady America", menée de voix de maître par le chanteur Bobby McGee, conclut en beauté cet excellent spécimen de Disco français.