Si Virtual Future est l’album du come-back de ZANOV, Open Worlds est sa première œuvre entièrement digitale. En musique électronique plus que dans tout autre genre, le son et une bonne partie de la musicalité découlent de la conception du matériel, selon des modèles sortis, épuisés, réédités ou émulés. Après l’achèvement de Virtual Future, ZANOV décide d’aller de l’avant et de jouer exclusivement sur synthétiseur digital Arturia. Exit donc les séquences analogiques du spatial Moebius 256 301, de l’élégiaque In Course Of Time et de l’épique Virtual Future. Il faut trouver autre chose. Open Worlds a la lourde tache de reprendre le flambeau.

Ce changement d’instrumentation a une incidence particulière : la mélodie se dissocie davantage des séquences. Si le style musical de ZANOV n’a pas fondamentalement changé, ses mélodies se retrouvent exposées d’un manière inédite. Là réside le grand piège de la transition analogique → numérique : attention à la descente en roue libre. Et force est de constater que si ZANOV s’en tire avec les honneurs, les mélodies, séparées du séquençage, perdent de leur impact. Un beau son, de belles ambiances, mais un manque de variété mélodique. Beaucoup de mode mineur, beaucoup de tierce, mais une qualité musicale inégale.

"Electric Dust Field" ouvre fort bien l’album : un séquençage original, une spatialisation au top, une belle symbiose sonore. Par la suite, malgré leur statut partiellement improvisé, les morceaux déroulent toujours des ambiances soignées manifestant un travail du son particulier, mais l’aspect mélodique laisse un peu l’auditeur sur sa faim, les thèmes de base étant simples sans que le développement n’apporte vraiment une valeur ajoutée. Quand ZANOV met mieux en valeur ce dépouillement musical, comme sur "Stanger World" ou "Remote Impact", alors le mélange sonore fonctionne à nouveau à plein. Pour le coup, on aurait aimé que "Electric Dust Field" dure davantage.

S’il n’est pas le plus mémorable des albums de ZANOV, Open Worlds reste tout à fait honorable et ne rompt pas trop brutalement avec les précédents, malgré le changement de matériel. Ils'agit d'un album mineur appelant à des successeurs plus aboutis.

3 ⅓ sur 5