In Course Of Time, troisième album de ZANOV, paraît cinq ans après le précédent, Moebius 256 301. Suite à la rupture de son contrat avec Polydor, ZANOV a dû chercher un autre label. In Course Of Time est successivement publié par deux micro-labels : Solaris au Canada en 1982 et Ondes en France, un an plus tard.

Après la confirmation, la continuité : malgré un hiatus de cinq ans, In Course Of Time développe tout comme Moebius 256 301 une électronique faite de nappes et de séquences libres, héritière de l’École de Berlin. À l’ère des boîtes à rythmes et du sampling, In Course Of Time est étrangement anachronique. Cette impression est renforcée par la mélancolie qui en émane, induite non seulement par le mode mineur mais aussi par l’épandage des sonorités avec l’effet reverb'.

In Course Of Time arbore une construction symétrique : un morceau court au centre, puis deux morceaux de longueur moyenne autour, le tout encadré par deux plages longues de dix minutes. Pour autant, l’album fait preuve d’une remarquable homogénéité. Si la filiation avec "An Zéro" sur le précédent album est nette, les mélodies prennent encore de l’ampleur, mieux mises en avant, plus élaborées malgré leur relative liberté rythmique, et parfaitement raccord avec le séquençage. Avec ses masses sonores mouvantes, "Infinitude", le court morceau du milieu, est une relative exception, faisant parfaitement office de transition entre les tristes "Phantasm" et "Lost Message", et la doublette "In Course Of Time" - "Sky Energy" empreinte de quiétude. "Sky Energy" est assurément le clou du disque. Mélodies, séquences éthérées, nappes soufflantes, basses pulsées s’y imbriquent parfaitement, effusant un certain sentiment de mystère, jusqu’à un final formidablement évocateur.

Suite à cet album, Pierre Zalkazanov enregistre des ébauches d'un quatrième album mais cesse de publier de la musique avant très longtemps, pour se consacrer à une carrière d’informaticien. Sur cet envol vers les étoiles, ZANOV nous laisse avec trois fort beaux albums de musique électronique.