Moins d’un an après un premier album plutôt réussi, ZANOV rempile pour un deuxième disque avec un matériel électronique plus conséquent (citons l’ARP 2600). ZANOV a également pris le chemin de la scène, effectuant une vingtaine de dates à travers la France (dont le Golf Drouot et le club Lazer à Paris) avant d’y renoncer devant les grandes difficultés techniques que posent le transport et le réglage des synthétiseurs.

Moebius 256 301 manifeste le bénéfice du nouveau matériel. Green Ray fut enregistré principalement avec l’EMS VCS3 et s’avérait par moments un brin monolithique. Son successeur présente les séquences mieux délimitées de l’ARP 2600 et les nappes plus élaborées du synthétiseur RMI (de conception américaine, programmable avec des cartes perforées) et du Korg PS-3300. Les deux longues plages "Plentitude" et "An Zéro" se place dans un style à la fois séquencé et planant, tout comme Green Ray, avec une composante mélodique mieux mise en valeur et plus solidaire au séquençage. Ce plus grand éventail de sonorités permet ici d’éviter la redondance.

L’autre différence avec le premier album est la présence de trois morceaux courts en début de programme, dont "Moebius 256" et "Moebius 301" exploités en single. Les deux sont très mélodiques et assez rythmés et sous influence directe du "Stratosfear" (1976) de TANGERINE DREAM, jusque dans les sonorités. La ressemblance est particulièrement frappante sur "Moebius 256". "Moebius 301" a également quelque chose de "Oxygène Part V" dans sa superposition polyrythmique de séquences. "Enygma" est également mélodique et nettement séquencé mais se démarque davantage des influences sus-mentionnées, permettant de mieux apprécier le virage mélodique et sonore pris par ZANOV avec cet album. La réédition CD livre la version intégrale de "Moebius 256", ce qui est toujours bon à prendre.

Malgré la délimitation nette entre les trois morceaux courts et les deux morceaux longs, Moebius 256 301 reste cohérent et surtout ne fait absolument pas doublon avec le précédent album. Un conflit entre le producteur Alain Gross et la maison de disques Polydor mit fin au contrat de ZANOV. Cet album n’eut pas plus de succès que le premier.