Il est rare de voir des artistes battre le fer tant qu'il est chaud de la sorte ! Un EP comme Christmas Kisses voit en général le jour au bout de deux-trois albums. Il est vrai qu'Ariana GRANDE a connu une longue période de lancement à travers 13 la comédie musicale, puis les sitcoms Nickelodeon/Disney Channel ; son émancipation s'est déjà faite en belle reconnaissance avec un premier album, Yours Truly en fin d'été 2013.

Trois mois plus tard, les fans sont régalés avec l'arrivée de chansons séparées en quatre singles numériques, deux reprises et deux originales, regroupées ensemble dans l'EP Christmas Kisses. Tout comme pour l'album qui le précède, ce cher Kenneth Edmonds alias Babyface réalise une bonne partie de la production, avec son collègue préféré, Paul Boutin, le petit Français, pour aider niveau enregistrement et mixage.

Il faut du fort et grand pour commencer, voilà pourquoi Ariana GRANDE nous livre une version bien à elle du "Last Christmas" de WHAM!, classique parmi les classiques des titres pop de Noël, modernes donc, hissés au niveau des chants traditionnels ! Après une intro féérique marquée d'emblée par son chant doucereux reconnaissable entre mille, une rythmique r'n'b typique vient porter la suite du morceau. Heureusement, la boîte à rythmes 'vintage' sonne mieux que dans nombre d'autres prod de cette navrante décennie, les cordes derrière virevoltent joliment sans en faire trop, idem pour Ariana et ses effets bubblegum à la fin notamment.

D'un niveau assez honnête déjà, alors qu'on touche au sacré et a contrario archi-repris, l'EP offre ensuite la première composition collective (GRANDE, Babyface, Antonio Dixon, Leon Thomas III; Khristopher Riddick-Tynes), "Love Is Everything". Fort convaincante à sa manière, celle-ci part d'une intro caisse claire et rythme à la Bo DIDDLEY à un ton plus groovy, mené avec force par une Ariana toujours aussi prompte à passer de la voix pleine au falsetto. Le pont nostalgique et joli, les choeurs superbes, en réponse à la chanteuse d'abord et même pour le final gospel.

La même équipe propose pour autre nouveauté "Snow in California", gros slow r'n'b léché où Ariana parvient à envoyer la sauce comme peu d'autres chanteuses à voix de son rang, c'est-à-dire sans surplus, avec fluidité. Les sonorités acoustiques et le piano suivant sa voix sont du plus bel effet : le côté léché n'est donc pas lisse à l'image de ce que l'on pouvait entendre à l'époque.

Enfin, pour "Santa Baby", autre standard typique de la période fin d'année que l'on doit à Eartha KITT (Joan Javits et les frères Springer dans l'écriture), le petit shuffle roulant tout en phrasé vocal sensuel et réchauffant, esprit cheminée, sapin etc, convient fort bien à l'artiste, sans aucun mal. Le petit plus, c'est qu'elle partage le micro avec une autre chanteuse que l'on a bien connue à ses côtés, Elizabeth 'Liz' GILLIES, dans 13 puis Victorious (ne manque donc que la troisième brune tout aussi exquise, Victoria JUSTICE).

Liz, plutôt défenderesse de la voix pleine, se hisse à la même strate de charme, que demander de plus ? Des cuivres New Orleans un peu plus présents que le fond sonore, peut-être, même si les choeurs doo-wop sont marrants. À croire que GRANDE retiendra la leçon pour son futur/prochain single-massue et duo avec une copine, "Problem", pourvu d'un saxophone rutilant. Et pour ce qui est de la Natalité, non seulement la durée courte lui sied bien, mais elle réitèrera l'essai deux ans plus tard !