Cinq albums en trois ans, entre Yours Truly (2013) et Dangerous Woman (2016), Ariana GRANDE ne chôme pas, on peut le dire ! Deux d'entre eux, certes, sont des EPs et tous deux dédiés à Noël. On se dit quand même qu'après le succès incomparable de son deuxième opus solo, My Everything en 2014, avec ses singles parfois osés, la demoiselle doit se trouver dans une démarche moins enfantine et on a raison.

Christmas & Chill, paru en décembre 2015, était pressenti par les fans pour être du contenu du prochain album, mais il s'agit bien de chansons à part, toutes composées et sans reprises cette fois. Voilà donc la réponse face au manque de titres connus que l'on peut ressentir au premier abord ! Enregistré en quatre jours à Hollywood dans le studio personnel de GRANDE, l'EP délivre en effet cette sensation de rapidité allant de pair avec une certaine baisse en qualité.

On y sent une main mise plus forte paradoxalement de nombreuses personnes différentes, aux credits d'écriture comme de production. Et puis surtout, cela sonne beaucoup trop comme tout ce qui ne va pas en ces années 2010 ! Dès l'intro aux sons de claviers étranges, on le devine, et après, dès l'entrée de cette boîte à rythmes, pourtant la même que sur le précédent EP de Noël, on ne peut que comprendre.

On la retrouve, bien envahissante, sur "December", qui prouve aussi qu'Ariana GRANDE compte bel et bien à présent parmi les chanteuses r'n'b émancipées et fières de le dire. Malgré le groove sympa, le chant minaudant et trop traité, l'effet moins gentillet qu'avant tandis que le niveau musical ne relève rien, ne sont pas à l'honneur de l'interprète. Idem pour "Wil It This Christmas", r'n'b aux phrases sautés ou encore "True Love" avec sa mauvaise prod trap. Des titres qui gardent néanmoins quelques menus atouts comme un duo violon-piano, un chant parfois authentique...

Ce dernier est justement mis en valeur sur la première vraie bonne chanson de l'ensemble court, "Not Just on Christmas", la plus traditionnelle dans l'esprit, comme par hasard. Le quatuor à cordes y est assez magique, le célesta se joint à la fête et Ariana GRANDE nous semble plus proche que jamais, à croire qu'elle est dans le salon – et vu son charme, ce serait difficile de dire non.

"Winter Things" est également plutôt mignonne, avec cette fois une simple voix multipistes et un ukulélé pour accompagner. Autre conséquence bien d'époque donc, mais qui passe bien ici. Deux moments acceptables sur six. Cela reste peu, au moins assez pour rappeler qu'avant, on 'chillait' sur des morceaux traditionnels, des symphoniques, du blues, du bebop puis du free-jazz, des morceaux folk ou à base de (beaux) synthétiseurs, parfois carrément du rock sophistiqué planant, et que de nos jours, on peut très bien le faire en dehors de la trap ou du r'n'b Pro-toolisé. C'est même recommandé par l'OMS (Olympique Marseillaise de la Santé).