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Herbie HANCOCK - Mwandishi (1971)
Par K-ZEN le 28 Décembre 2024          Consultée 143 fois

Chaque année, on augmente singulièrement la difficulté au moment du choix des disques de Noël ! Entre ceux qu’on a déjà faits, ceux qui ont auparavant été traités par les collègues et ceux qu’on ne veut pas faire, pour une foule de raisons plus ou moins audibles, on approfondit un filon s’avérant inextinguible et fournissant parfois des pièces surprenantes dont on ne goûtait pas la portée festive et hivernale.

Exemple : Mwandishi de Herbie HANCOCK, dont le titre en espéranto pourrait être traduit via le terme cadeau. Sur la jaquette, on distinguerait nettement – en plissant légèrement les yeux – un pianiste se préparant devant son miroir en vue de sa livraison de fin d’année, assisté dans sa tâche par ses musiciens/lutins aux surnoms gaéliques. Un Herbie chaussant ses lunettes afin de lire toutes les lettres de fans et d’enfants reçues régulièrement au cours d’un début de carrière impeccable… Non, désolé pour la supercherie, je me sens d’humeur légèrement taquine cette année. Mais personne de sensé n’avait marché, j’en suis certain.

En effet, Mwandishi signifie compositeur en swahili. Les pseudonymes qu’ont adoptés HANCOCK et son sextet afin de rendre hommage à leurs ancêtres africains et reconnaître cet héritage qui est le leur puisent également dans cet étrange langage. Le disque représente l’aboutissement des recherches menées par le pianiste depuis son inaugural orchestre à six formé en 1968 au Village Vanguard et le recueil Speak Like a Child dont il était le support. Un gain d’expérience ainsi qu’en radicalité est palpable, au service d’une musique à la liberté et à l’aspect inusuel croissants, en termes de forme et de signatures temporelles. L’influence de Miles DAVIS est prégnante, la participation de HANCOCK à In a Silent Way lui ayant fait franchir le pas de l’utilisation du piano électrique. Cependant, le pianiste en offre une vision propre, voulant s’extraire absolument de l’influence du trompettiste en multipliant les projets personnels originaux comme la création de la bande-originale de Blow Up, étrange long-métrage clef des années 60 réalisé par Antonioni ou la musique créée afin d’orner le spectacle télévisé de Bill Cosby – Fat Albert Rotunda en sera le témoignage.

Mwandishi est le premier volet de sa trilogie 100 % jazz fusion électrique. C’est également son album favori à ce jour quand il est publié, comme il l’affirme au cours d’une interview, témoignant d’une vision plus claire et secondé de musiciens capables de la mettre efficacement en forme même si elle s’inscrit en réalité dans la directe lignée de morceaux étranges comme "The Egg" que l’on retrouvait pourtant sur Empyrean Isles, écrin de l’immortel "Cantaloupe Island". Sont réunis autour du "Mwandishi" HANCOCK cinq musiciens qui l’accompagneront durant quatre ans : le bassiste Buster "Mchezaji" WILLIAMS, le batteur Billy "Jabaly" HART, le tromboniste Julian "Pepo Mtoto" PRIESTER, le trompettiste Eddie "Mganga" HENDERSON et le clarinettiste Bennie "Mwile" MAUPIN.

Sont ainsi proposées trois longues suites excédant les dix minutes chacune, permettant à la musique de se mettre en place et d’évoluer tel un scénario cinématographique ou un microcosme microbien. "Ostinato", sous-titrée "Suite for Angela" – hommage à l’activiste Angela Davis qui se trouvait en prison à cet instant précis, accusée d’avoir organisé une prise d’otages sanglante dans un tribunal –, convie Ron MONTROSE à la guitare et est sans doute le titre le plus accessible du recueil. Célébration au groove flamboyant et imparable auquel contribuent à plein régime les deux autres invités percussionnistes Leon "Ndugu" CHANCLER et José "Cepito" AREAS, son intitulé fait référence à un procédé de composition musicale modernisée par le riff chez le rock et qu’utilisent abondamment les minimalistes comme Philip GLASS (voir Akhnaten ou Koyaanisqatsi).

"You Know When You’ll Get There" augmente le degré d’abstraction via un jazz d’ambiance avant-gardiste dont on se dit qu’il aurait pu orner une scène de meurtre d’un film noir psyché des années 70. L’ouverture de l’inaugural Inspecteur Harry me vient ainsi immédiatement en tête, présentant cette jeune femme profitant d’une piscine sur le toit d’un bâtiment de San Francisco et voyant sa vie basculer brutalement. Enfin, "Wandering Spirit Song", signée Julian PRIESTER, est la pièce la plus hermétique des trois, dérive cosmique transbahutant une sourde menace où la méditation créée par des arabesques lumineuses à rapprocher du "Shhh" de Miles DAVIS s’interrompt soudain via de riches emballements free.

Un excellent premier volet de ce triptyque mais le meilleur reste toutefois à venir.

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- Mwandishi/herbie Hancock (piano fender rhodes)
- Mchezaji/buster Williams (basse)
- Jabali/billy Hart (batterie)
- Mganga/eddie Henderson (trompette, bugle)
- Mwile/benny Maupin (clarinette basse, flûte alto)
- Pepo Mtoto/julian Priester (trombone)
- +
- Ndugu/leon Chancler (batterie, percussions)
- José 'cepito' Areas (congas, timbales)
- Ron Montrose (guitare)


1. Ostinato (suite For Angela)
2. You’ll Know When You Get There
3. Wandering Spirit Song



             



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