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- Style : The Mystery Kindaichi Band
- Membre : Miles Davis , Kenny Dorham , Jaco Pastorius
- Style + Membre : Ornette Coleman , Dexter Gordon

Herbie HANCOCK - Head Hunters (1973)
Par TEEMO le 14 Octobre 2015          Consultée 3840 fois

Miles Davis a vécu la sortie de « Headhunters » comme un affront ; lui qui avait parrainé le jeune Herbert en le prenant sous son aile dans son groupe, en 1962. Après 6 ans aux côtés du trompettiste, Herbie Hancock, dont la discographie solo compte déjà des piliers comme Maiden Voyage et Empyran Isles, décide de prendre ses distances avec le label Blue Note et d'entamer divers projets. On peut citer le groupe Mwandishi, qui s'éloigne déjà un peu du format traditionnel du jazz en puisant dans le free jazz électrique et le rhythm'n' blues. Mais c'est en 1973 que tout chavire, avec la sortie de Headhunters (qui ne donnera son nom au groupe que plus tard) : « Plutôt que travailler avec des jazzmen sachant jouer du funk, j'ai travaillé avec des musiciens de funk sachant jouer du jazz », cette citation de Herbie Hancock parle d'elle même, bien que la démarche fît grincer les dents les amateurs de jazz pur qui y voyaient une approche commerciale...

Rappelons-le, l'apparition du jazz fusion avait pour dessein de rapprocher le public et le jazz. Car, d'une part, le free jazz et son extrême complexité avaient fini par user les liens qui les unifiaient. D'autre part, avec l'élan musical créatif que les années 70 connaissent, le public s'est vite retrouvé happé par d'autres styles plus accessibles tels que le funk, le rock etc.
Miles Davis est évidemment le premier à vouloir réagir à cette « crise du jazz » et sort donc « On The Corner » en 1972. Or, peu promu par la maison de disques Columbia, l'album rencontre un succès très relatif... A l'inverse, dès sa sortie, un an plus tard, « Headhunters » fait grimper les ventes à toute vitesse et devient un véritable phénomène. Sa formule jazz-funk dansante fait mouche immédiatement, notamment grâce au tube « Chameleon », dont la ligne de basse est devenue un cas d'école. On comprend alors la frustration de Miles... d'autant que les opus sont tous deux sortis chez Columbia Records !
De même que le trompettiste trouve son inspiration chez Jimi Hendrix pour créer son jazz fusion, Herbie Hancock puise chez Sly Stone sa volonté d'incorporer le funk à son jeu. Sly and the Family Stone, dont les heures de gloire sont alors révolues, aura marqué les esprits par son groove psychédélique irrésistible et aura suscité une grande admiration chez Herbie.

Les Chasseurs de Têtes de Hancock ne sont autres que son fidèle compagnon de route Bennie Maupin, le duo basse/batterie constitué de Paul Jackson et de Hervey Mason qui, sans avoir le statut culte de Sly Dunbar et Robbie Shakespeare dans le reggae, en partage la parfaite osmose. Le dernier membre mais pas des moindres, est le percussionniste Bill Summers, qui, avec ses fameuses bouteilles de bières offrit une aura mondiale au morceau « Watermelon Man ». Un titre qui a d'ailleurs subi une métamorphose radicale, mais n'a pas perdu grand chose de sa superbe. On passe du hard bop pur et dur des années 60, avec Hancock au piano, encadré par ses deux tireurs d'élite Hubbard et Gordon, à une version plus en retenue dont l'esthétique est calquée sur celle des imposants orchestres africains. L'improvisation laisse alors place à une superposition progressive de rythmes au sein de laquelle se dessine un thème fameux. Avec du recul, la seule critique que l'on peut formuler à cette nouvelle recette concerne son manque de contenu. Car finalement, si tout s'agence à merveille, force est de constater que cette interprétation studio est très « sage » et manque un peu de rebondissement. Critique que l'on pourra aussi adresser à « Vein Melter », morceau que l'on oubliera assez vite.

Quoiqu'il en soit, en un bonne poignée de minutes, Herbie Hancock et sa bande posent l'un des jalons du jazz-funk. La musique des Headhunters est un furieux mélange de funk incandescent et de jazz improvisé complexe, sur fond d'envolées psychédéliques – n'oublions pas que nous sommes en plein milieu de années 70 ! Hancock impose son statut de maître du synthétiseur et ses multiples claviers nous gratifient de sons toujours plus recherchés, entre dérives spatiales, envolées bizarroïdes et nappes lactées. Avec Bennie Maupin ils forment un duo de solistes hors pair et parfois assez expérimental : en témoigne « Sly » (inutile de préciser à qui s'adresse cette composition), dont le thème semble servir de prétexte pour introduire un tour de force d'improvisation transcendante, agrémenté de rythmiques hypnotiques et massives.

Avec sa pochette mythique et ses thèmes célèbres, « Head Hunters » est assurément l'une des pierres angulaires de la carrière de Herbie Hancock, mais aussi l'une des plaques tournantes du jazz, bien que son statut de chef-d’œuvre soit tout de même discutable. L'album part dans toutes les directions et offre tantôt des mélodies qui s'impriment aisément dans les esprits, tantôt des jams nerveux et spontanés. Avec « Sextant » sorti en 1972, « Head Hunters » marquent les débuts de la période Columbia Records pour Herbie, une période pleine d'expérimentations et de surprises !

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- Herbie Hancock (claviers, synthétiseur, piano électrique)
- Bennie Maupin (saxophones, clarinette basse, flute)
- Paul Jackson (basse, marimbula)
- Hervey Mason (batterie)
- Bill Summers (percussions, bouteilles de bières)


1. Chameleon
2. Watermelon Man
3. Sly
4. Vein Melter



             



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