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Herbie HANCOCK - Crossings (1972)
Par K-ZEN le 21 Janvier 2025          Consultée 267 fois

En 1972, la musique populaire était à nouveau en pleine ébullition.

Prenant le relais de l’optimisme béat des Sixties, une certaine forme de soul parfois désabusée commença à dominer la scène, s’interrogeant à propos de la dynamique changeante des quartiers défavorisés des villes américaines. Courant 1971, sortiraient successivement l’inflammable There’s a Riot Going On signé SLY AND THE FAMILY STONE et What’s Going On de Marvin GAYE sur lequel on retrouverait le bien nommé "Inner City Blues". Deux ans plus tard, Stevie WONDER livrerait sa vision de la vie urbaine avec l’extraordinaire "Living in the City" extrait d’Inner Visions.

Au moment de livrer une suite à l’acclamé mais peu rentable Mwandishi, le pianiste de jazz Herbie HANCOCK avait assurément pris le pouls des changements qui prenaient place autour de lui et pas seulement extra-musicaux. A l’instar d’autres musiciens de rock qui s’en étaient emparés comme Pete TOWNSHEND via Who’s Next, Stevie WONDER utilisait abondamment le synthétiseur sur Inner Visions. David Rubinson, le manager et producteur d’HANCOCK depuis l’échec commercial de Fat Albert Rotunda, suggéra l’apport du synthétiseur de Pat Gleeson à la fois afin de conserver cette avant-garde influencée par SUN RA qui lui avait tant plu sur Mwandishi mais également pour tenter de booster les ventes. Sceptique au départ, HANCOCK demanda finalement à Gleeson de rejoindre le groupe, le sextet devenant de fait une des premières formations à transbahuter dans son matériel un synthé. Armé de ce nouveau son électronique, le collectif sera ainsi convié au sein de lieux d’habitude dévolus aux concerts rock tels le Fillmore, le Fillmore East ou le Both/And de San Francisco.

À l’image du visuel croquant des pèlerins semblant finalement avoir atteint le but de leur épuisant voyage, Crossings sanctuarise une nouvelle étape dans les recherches musicales d’Herbie HANCOCK qui battaient leur plein depuis la signature du musicien chez Warner Bros et son départ du groupe de Miles DAVIS.

Le disque se compose de trois longues suites, menu assez identique à celui qu’offrait son prédécesseur. Après des débuts percussifs caribéens, "Sleeping Giant" se révèle bien vite un jeu de piste passionnant. Les vingt-cinq minutes le composant se présentent comme une succession de parties jazz ambient et d’autres plus funk (comme la section imparable ouvrant la douzième minute et menant jusqu’au milieu de la pièce). Les souffleurs Eddie Henderson, Julian Priester et Bennie Maupin, sagement relégués en coulisses un temps, se mettent notablement en évidence ensuite. Parfois inconfortable, la pièce s’inscrit dans les traces de l’étrange Mwandishi mais n’est qu’une mise en bouche avant le programme tendu qui nous attend ensuite, entièrement signé de la plume de MAUPIN.

"Quasar" rappelle brièvement le piano acoustique en intro tel un clin d’œil à un passé pas si lointain, une gravité qui ne s’éloigne finalement jamais malgré l’apport de flûte et synthé créant un aspect bucolico-futuriste mystérieux. Ce suspense cinématographique palpable perdure sur un final d’exception dont l’intitulé annonce nettement la couleur. "Water Torture" déploie une tension manifeste, plus proche des premiers travaux élaborés par TANGERINE DREAM ou d’autres ouvrages entre progressif et psychédélique voire krautrock. Cette aura menaçante prend la forme d’un thème crispé et souterrain ainsi que l’usage du mellotron auquel s’essaye HANCOCK, lequel instrument contribue pleinement à un final terrifiant et inoubliable.

Une clôture finalement à la hauteur de cet extraordinaire album comptant parmi les meilleurs du pianiste.

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- Mwandishi Herbie Hancock (piano, piano électrique, mellotron, percussions)
- Jabali Billy Hart (batterie, percussions)
- Mchezaji Buster Williams (basse, contrebasse, percussions)
- Mwile Bennie Maupin (saxophone, flûte, clarinette, piccolo, percussions)
- Swahile Eddie Henderson (trompette, bugle, percussions)
- Pepo Mtoto Julian Priester (basse, trombones, percussions)
- +
- Patrick Gleeson (synthétiseur moog)
- Victor Pontoja (congas)
- Candy Love (voix)
- Sandra Stevens (voix)
- Della Horne (voix)
- Victoria Domagalski (voix)
- Scott Beach (voix)


1. Sleeping Giant
2. Quasar
3. Water Torture



             



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