Les situations musicales sont parfois curieuses. Nous sommes en 2025 et Glow, le dernier album en date des Néerlandais a tout juste trente ans. Si je parle de situation originale, c'est tout simplement parce que scéniquement parlant, THE ESSENCE est toujours en activité. Le groupe tourne en effet régulièrement et majoritairement en Amérique du Sud et dans la péninsule ibérique titillant quelque peu la fibre nostalgique des amoureux de new-wave à tendance froide. Après la sortie en 1994 de Dancing In The Rain, un best of , le groupe avec ce nouvel opus dit quasiment adieu à ses sonorités d'antan et désire le faire savoir à qui de droit, c'est à dire à vous et à moi.

Avec Glow, c'est comme si les Néerlandais s'étaient (modérément) lâchés. En effet à de très rares exceptions, il est en effet difficile cette fois-ci de pouvoir comparer ces onze titres à ceux de THE CURE. On retrouve seulement ces similitudes sur "Taking On The World", l'introductif où la voix de Diener et les sonorités de claviers vous feront penser à qui vous savez, car pour le reste... Après une honnête décennie discographique, le groupe vole enfin de ses propres ailes. C'est tant mieux, mais c'est à quel prix malheureusement. Cet album est sans le conteste le plus faible de ceux exposés par THE ESSENCE et peu de choses, voire aucune sont à sauver.

C'est enfoncer une porte ouverte que de dire que nous ne sommes pas dans la tête des artistes, mais est-ce une raison pour nous infliger cette descente aux enfers ? Diener a décidé de sortir les guitares pour le cas où nous aurions oublié quel est son instrument fétiche. Exit les ambiances douces et froides de cette décennie tant décriée. Place à une guitare bavarde, lourde et baveuse. Le leader se la joue totalement guitare zéro sur la plupart des titres et c'est tout bonnement insupportable. Il est difficile en effet de trouver un intérêt quelconque à "Crack" ou au terrifiant "Gone". Les Néerlandais en développant de longs titres sans véritable direction n'insufflent qu'un ennui prégnant ("Up"). Ce n'est parce que c'est long que c'est bon!

Ce qui est surprenant, c'est que Diener et ses acolytes semblent surs de leur fait et confortent cette recette tout le long de ce calvaire ("Right Or Wrong"). Le groupe se rend il compte qu'il est dans une impasse ? Autrement comment expliquer qu'il reprenne "Only For You" en mode plus dynamique, un morceau d'Ecstasy, leur propre album sorti en 1988 . La solution à ce naufrage était sans doute dans la mesure. Lorsque les guitares se font justement plus discrètes THE ESSENCE reprend un peu du poil de la bête. Ainsi "Through The Years" se distingue par sa légèreté et son refrain entêtant tandis que les effluves electro de "Bleed" se révèlent au final assez réussis. Vous le constatez, ceci fait toutefois bien peu.

Glow est assurément un mystère. Il ne déploie que fatigue et désagrément auditifs à oublier au plus vite. Si THE ESSENCE n'a rien sorti depuis 1995, c'est qu'il y a une raison évidente: ils avaient déjà tout dit entre 1985 et 1991.