Revenu sur le devant de la scène en 2007 avec Tête à Tête, Murray HEAD bat le fer tant qu'il est chaud et publie un deuxième album original l'année suivante. En 2008, Rien N'est Ecrit confirme l'importance d'un tel retour en révélant un artiste au meilleur de sa forme. Deux albums de sa part en deux ans, ce n'était pratiquement jamais arrivé, pourtant !

Le résultat est là, de toute évidence. Rien N'est Ecrit a pour particularité d'être le premier de Murray HEAD (presque totalement) en Français ! On connaît l'amour du chanteur britannique pour la France, sa langue, sa culture... Il y vit depuis longtemps d'ailleurs.

HEAD fait appel à diverses personnes concernant l'écriture des morceaux, avec une préférence pour Karine Fahy et Gilles Luka, qui se charge aussi de l'instrumentation et de la réalisation, en collaboration avec le producteur Fred Juarez. Celui-ci, ayant travaillé avec des tas d'artistes, de Serge GAINSBOURG à Robbie WILLIAMS, s'y connaît suffisamment en matière de pop pour diriger l'ensemble du projet, donner des idées à HEAD qui, pour une fois, écoute simplement.

Cela contribue grandement à la réussite de ce disque, bien plus que le précédent. Les premières chansons nous offrent de beaux exemples de pop folk et soft, des mélodies très agréables, par une voix que l'on connaît bien et la classe qui s'impose. L'écriture en français, sans faire démonstration de littérature académique, a l'avantage de s'adapter au caractère efficace de l'album, déjà fort agréable.

Les textes plairont aux amateurs de phrases emplies de sentiments, doutes, amour, qui s'adressent donc à tout le monde. C'est de la pop-variété bien faite, vraiment bonne... Et servie sur un plateau d'argent, avec des airs qui viennent lécher l'oreille et la présence de vieux amis musiciens, éléments choisis d'une formule qui ne rate jamais : on parle bien de Phil Palmer et Sir Geoffrey Richardson, les éternels !

La qualité est présente tout le long du disque, même si deux ou trois morceaux s'insèrent avec un peu de mal, parce qu'ils ont été produits un certain temps auparavant. "India Song" (qui porte l'empreinte de Marguerite Duras) et "Impossible Amant" sont extraits de Pipe Dreams (1995), le deuxième bénéficie seulement d'un nouveau texte en Français.

L'ambiance est bonne, mais à part l'envie de faire redécouvrir ces titres au public français, il n'y a pas d'autre intérêt et le décalage temporel se fait ressentir musicalement parlant. On apprend néanmoins avec le sourire que Ian Maidman, bassiste et producteur de HEAD à l'époque, est devenu Jennifer Maidman. Il y a aussi une splendide reprise de Nino FERRER, "Le Sud", pas originale mais Murray HEAD la chante bien, et Richardson fournit un solo de violon alto pour le moins splendide.

La qualité est présente sur tous les morceaux originaux, il n'y a pas de temps faible. Les intros de "Now And Forever" et "So Sad" (reprise des EVERLY BROTHERS) figurent parmi les plus beaux exemples d'interprétation et de production. "Quand Tu T'en Iras" se distingue par son piano-voix, et "Never Too Late to Change", bien que positionné en bonus, vaut largement des titres comme "Qui Sait", ou "Le Silence Est d'or".

Le titre "Des Funambules" emploie un peu d'accordéon et c'est fort bienvenu, de même que la jolie voix de Sophie Head pour "Elle L'attendra". La fille de Murray avait déjà participé au disque précédent, dommage qu'on ne la retrouve pas plus ici ! Globalement, on est au niveau de Shade (1983), malgré la couleur différente : sans égaler les chefs-d'oeuvre, Rien N'est Ecrit est un très bon disque !