Nous y voilà, REO SPEEDWAGON n’a jamais été connu pour ses pochettes intellectuelles ou particulièrement chamarrées. Alors, on se pose tout un tas de questions existentielles lorsqu’on décrypte cette image de couverture. Mais où diantre les gars - qui ont des sous tout de même, ce sont des rock stars avec des chiffres de vente respectables – sont allés pécho un truc pareil ? Il semblerait que Kevin ait tout particulièrement apprécié cette image qu’il trouve hilarante. D’accord d’accord, tous les gouts sont dans la nature ! Il s’agit de la 13ème offrande de REO à la cause de la musique populaire et vous allez voir que nous avons des nouveaux dans la place :

"Love Is A Rock" est le premier single de cette livraison. Ce titre agréable de Kevin pioche à loisir dans le grand bain de l’AOR. On remarque le solo de gratte du nouveau Dave Amato qui a la difficile tache de succéder à Gary Richrath. Ce titre s’écoute bien, mais ne révolutionne pas le genre, tout ceci pour une 65ème place au billboard, on descend ! "You Won’t See Me" est l’autre contribution solo de Kevin à cet opus. On y note une jolie slide et des tonnes de bonne humeur. On entend quelques relents southern grâce à cette belle gratte qu’on n’imaginait pas si volubile. On retrouve mon cher Adrian GURVITZ – The GUN, BAKER GURVITZ ARMY - dans les crédits de "All Heaven Broke Loose". On y reconnaît un brin les tics du légendaire guitariste, cette douceur mêlée de riffs accrocheurs, ainsi que le très joli solo de gratte.

"The Heart Survives" est un mid slow avec du gros son. On constate que le nouveau clavier Jesse Harms est crédité sur pas mal de titres dont celui-ci. C’est sans nul doute bien troussé, mais sans la moindre once d’originalité. Et nous revoilou avec de la guimauve dans les oreilles ! Avec "Half Way", on est cador des chialantes ou on ne l’est pas. Dans le cas de REO, on ne peut passer sous silence son talent inné pour composer des ritournelles qui donnent parfois envie de gerber, la faute aux bons sentiments ainsi qu’au ton général de la compo. D’ailleurs, Jesse amène deux chansons personnelles. Débutons par "Live It Up", le second single. Je vous le dis de suite, tuons ce suspense terrible, la chanson ne va pas charter. Le son est massif mais les wowowowo rappellent du sous KISS à la même époque. Kevin assure au micro et les arrangements sont plutôt bien foutus. "Love To Hate" aurait eu une meilleure carrière comme single à mon sens, c’est plus rentre dedans et très dans l’air du temps de ces années, juste avant le débarquement en masse du grunge et des mouvements alternatifs.

D’Amato s’est pointé avec deux titres co-composés avec les autres. Nous avons le hard tranchant de "LIAR" dont retient les jolis choeurs ainsi que le son charmant de la guitare qui rappelle celui de Ricky Medlocke de BLACKFOOT. Ou,i c’est un compliment ! Si l’idée est de redonner un peu de pêche au groupe un peu englué dans ses slows pour middinette,s alors le résultat est bien à la hauteur car "Go For Broke" sort du même tonneau que la précédente. "Can’t Lie To My Heart" reste de bonne facture, même si on est loin des classiques du genre, c’est bien gaulé. "Love In The Future" est tout à fait respectable et se transforme même en rock, passés les premiers émois. Le bridge est tout à fait agréable.

Cet album n’était pas sensé être aussi agréable. Bien sûr, il n’y a pas de grand classique ici, mais pour ceux qui aiment le gros son made in USA, alors ce REO se pose fort correctement sur votre platine mange disque. Kevin Cronin ne démérite pas un seul instant et les deux nouveaux venus insufflent au groupe une nouvelle énergie tout à fait palpable. Je suis sur un 3.5, ce qui en fait un opus plutôt recommandable dans la discographie des gars de l’Illinois.